“Déjouant les pronostics, le candidat nationaliste Ersin Tatar, soutenu par la Turquie, a été élu dimanche ‘président’ de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTNC)” , résume Euronews. “Partisan de la droite dure” , M. Tatar a récolté 51,7 % des voix, “bénéficiant d’un plus haut taux de participation au second tour” [The Guardian]. Bien qu’arrivé en tête dimanche dernier, les sondages donnaient ce dernier battu lors du duel final avec son rival social-démocrate Mustafa Akinci. Celui-ci pensait profiter d’un report de voix conséquent de Tufan Erhurman, parvenu en troisième position au premier tour.
Mais “Mustafa Akinci, dirigeant sortant en froid avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan et partisan d’une réunification de l’île méditerranéenne sous la forme d’un Etat fédéral” , s’est fait devancer [Euronews]. Si le président déchu recommandait le dialogue avec la partie grecque de l’île, son remplaçant prône quant à lui “deux États séparés, avec le maintien du pouvoir garant de la Turquie et des quelque 40 000 soldats turcs présents sur l’île depuis l’invasion militaire turque du nord de Chypre, en juillet 1974″ , précise La Croix.
La question turque au centre des débats
De fait, cette élection avait des airs de “référendum pour ou contre le soutien turc” , comme le titrait La Croix en amont du vote. M. Erdoğan a ainsi officiellement fait le jeu de M. Tatar. “En visite dans la capitale turque 10 jours avant l’élection, il avait annoncé que Chypre du Nord allait réouvrir une partie de la cité balnéaire [de Varosha] dans le no man’s land entre les deux parties de l’île - une décision vivement critiquée par les chypriotes grecs ainsi que l’UE et les Etats-Unis” , rappelle The Financial Times.
Plus encore, les partisans d’un rapprochement avec le Sud dénoncent l’ingérence d’Ankara sur le scrutin. Ainsi le journaliste Haroun Nenizen, cité par La Croix, accuse-t-il la Turquie d’avoir acheté 10 000 votes “sous couvert d’allocations Covid”. M. Akinci a quant à lui “affirmé que lui et sa famille [avaient] été menacés par des gens qui lui ordonnaient de se retirer de l’élection” [The Financial Times]. D’autres “allaient de villages en villages, d’association en comité, demandaient quels étaient leurs besoins et leur disaient de ne pas voter Akinci” , a ajouté l’ex-président [La Croix].
La Turquie, puissance géopolitique
Cette élection s’inscrit dans un contexte de fortes tensions entre la Turquie et l’Union européenne. “Alors qu’il semblait se montrer plus conciliant mi-septembre, craignant de possibles sanctions européennes, Erdogan a fait volte-face cette semaine en envoyant à nouveau un navire d’exploration au large de la petite île grecque de Kastellorizo en répétant que la Turquie était ‘déterminée à défendre ses intérêts’ ” , résume le Journal du Dimanche. Pour Nicolas Gros-Verheyde, rédacteur en chef du blog Bruxelles2, “il n’y a jamais eu ce genre d’incident entre alliés de l’Otan […], dans ce contexte on n’est pas à l’abri d’un dérapage” [RTBF].
Au-delà de la Méditerranée, M. Erdoğan est d’ailleurs présent sur de nombreux fronts : “Syrie, Libye, Irak et depuis peu Azerbaïdjan, qu’Ankara soutient dans le conflit au Haut-Karabakh et contre l’Arménie”. Samedi 17 octobre, “casque de chantier sur la tête, le président turc a visité le navire de forage Fatih (‘le conquérant’ en turc), déployé en mer Noire” . Une omniprésence sur la scène internationale qui vise à fournir “autant de leviers qu’il peut en actionner dans des négociations diplomatiques” , analyse Le Journal du Dimanche.
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