“Un séisme politique ne devrait pas avoir lieu ce vendredi en Allemagne” , prédit RFI. Pourtant, l’élection de nouveaux dirigeants pour le Parti social-démocrate allemand (SPD) avait eu “l’effet d’un coup de tonnerre” , rappelle La Croix. Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans, un duo d’outsiders choisis par les militants samedi dernier, n’avaient cessé durant leur campagne “de critiquer le bilan de la grande coalition” avec le parti conservateur (CDU) d’Angela Merkel, précise CNews. Ces tenants de l’aile radicale du SPD promettaient une “renégociation” du programme commun de gouvernement [La Croix] et menaçaient de quitter ce dernier si leurs revendications n’étaient pas entendues.
“L’unité comme mot d’ordre”
Mais “les sociaux-démocrates allemands ont mis leur révolution en pause” , ironise Politico. Fraîchement élus, Mme Esken et M. Walter-Borjans ont proposé d’ouvrir des “discussions” avec Angela Merkel, et non de claquer la porte [La Croix]. “Ambitieuse dans ses grandes lignes, la feuille de route que préparent les sociaux-démocrates devrait ainsi être dépourvue d’ultimatum, de formules comminatoires et d’objectifs chiffrés” , confirme Le Monde.
Car le parti est divisé. Et actuellement, “l’unité du parti” est le principal “mot d’ordre”, résume The Economist. Si les soutiens de M. Walter-Borjans et Mme Esken souhaitent toujours “mettre un terme à la GroKo” , la “grande coalition” [Politico], “la plupart des autres cadres du parti - parmi lesquels des gouverneurs régionaux, ministres et autres élus d’importance” sont partisans du maintien de l’alliance, poursuit le média en ligne.
Un texte de compromis
Et “malgré la légitimité que leur donne le fait d’avoir été élus par les quelque 425 000 adhérents du SPD, avec 53 % des voix, Mme Esken et M. Walter-Borjans sont loin d’avoir les coudées franches” , explique Le Monde. Ils n’ont ainsi “jamais siégé dans ses instances fédérales, ils n’ont ni courant, ni fidèles, ni relais, à l’exception de Kevin Kühnert, le président des Jusos (Jeunes socialistes)” .
C’est donc un texte de compromis que le duo a choisi de soumettre aujourd’hui aux militants du parti, réuni en congrès. Quand bien même celui-ci ne reflèterait pas, pour Mme Esken, “la doctrine exacte de tout ce en quoi nous croyons” [Politico], les deux présidents ont choisi d’orienter le débat vers la question “du contenu” plutôt que du maintien dans le gouvernement, explique Norbert Walter-Borjans [La Croix].
A prendre ou à laisser ?
A travers ce texte, ils espèrent intégrer des mesures plus ambitieuses à l’accord de coalition : “lutte contre le réchauffement climatique” ou encore “hausse à 12 euros du salaire minimum horaire, contre à peu près 9 euros actuellement” , énumère La Croix. “Ils réclament également des investissements massifs dans l’éducation, les infrastructures de transport et le numérique, à hauteur de 450 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie” , ajoute RFI.
Une hausse des dépenses publiques qui paraît difficile à faire accepter à la chancelière Angela Merkel, attachée au déficit zéro, bien qu’elle se soit dite “ouverte à la discussion” [CNews]. De son côté, la présidente de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer a d’ores et déjà déclaré que l’accord de coalition “ne sera[it] certainement pas renégocié” .
Un bipartisme en difficulté
Les deux partis ont toutefois intérêt à s’entendre. Le SPD souffre de nombreux revers électoraux et a fortement chuté dans les sondages, derrière les Verts et au coude-à-coude avec l’extrême-droite de l’AfD. “Le parti a passé 10 des 14 dernières années comme allié minoritaire de Mme Merkel (…) et a perdu des électeurs en route” , précise The Economist. En rompant la coalition, les nouveaux dirigeants risqueraient de “s’aliéner les modérés du parti” , aggravant ainsi la crise, avertit Politico : “ce n’est pas le moment de partir” .
Côté conservateur, la conclusion est similaire : “les dirigeants de la CDU-CSU semblent eux aussi prêts à tout pour empêcher la chute du gouvernement” , avance Le Monde. Car un tel scénario “pourrait mettre un terme anticipé au dernier mandat d’Angela Merkel” , relève RFI. Et se révéler électoralement risqué : le parti “perd des électeurs de scrutin en scrutin” quand les écologistes et l’extrême droite progressent, explique CNews.
Eviter la crise
Et si, de son côté, le journal Der Spiegel appelle à de nouvelles élections pour “revigorer un pays usé par les années de compromis de Mme Merkel” [RFI], “la plupart des Allemands soutiennent encore la GroKo, préférant la stabilité qu’elle offre à l’incertitude politique” [Politico].
Pour éviter une crise, la chancelière “aurait toujours la possibilité de prendre la tête d’un gouvernement minoritaire si le SPD s’en allait” , note La Croix. Il s’agirait d’une “première” , remarque RFI, mais qui pourrait permettre au parti de rester à la manœuvre “dans une période importante pour le pays, appelé à prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet 2020″ , rappelle CNews.
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