A Berlin, “la scène politique intérieure est dans une impasse” , regrette Tony Barber, correspondant du Financial Times. La chancelière, qui doit quitter son poste au plus tard en octobre 2021, peine en effet à rassembler son parti.
Principal sujet de divisions : la réponse à la crise migratoire. Une crise qui se profile aux portes de la Grèce, depuis la décision prise par le président turc le 28 février d’ouvrir ses frontières aux migrants souhaitant se rendre en Europe. L’occasion pour les différents candidats à la succession d’Angela Merkel de se positionner sur la question de l’immigration.
D’un côté, l’aile droite du parti “estime que l’ouverture des frontières par Angela Merkel a contribué à faire fuir des électeurs conservateurs vers la formation d’extrême droite AfD” , indique L’Opinion. De l’autre, les tenants d’une “ligne centriste sans ressentiment contre les demandeurs d’asile” , comme Armin Laschet, soutiennent la chancelière “aussi bien sur l’ouverture des frontières que sur les tours de vis ultérieurs” .
Ambivalence du gouvernement
Car le gouvernement d’Angela Merkel sème le doute sur sa position vis-à-vis de l’immigration. Et pour cause : “l’Allemagne manque d’un million de travailleurs qualifiés pour soutenir son économie” , explique le média économique sud-africain BusinessTech, rendant le recrutement de travailleurs étrangers “indispensable” [The Guardian]. Le gouvernement a ainsi dévoilé cette semaine un texte pour faciliter l’embauche et l’installation de travailleurs étrangers, “en particulier dans le secteur de la santé” . “Les compagnies allemandes offrent de généreuses incitations” pour recruter des employés issus de pays hors de l’UE, comme les Philippines, le Mexique, le Kosovo ou l’Ukraine, ajoute le média britannique.
Sur la question des réfugiés en revanche, “Berlin maintient résolument que les frontières européennes sont fermées” , rapporte la Deutsche Welle. L’Allemagne fera toutefois “tout ce qu’elle peut politiquement en faveur de la désescalade” de la crise à la frontière gréco-turque, a assuré Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière. Si Angela Merkel avait défendu l’ouverture des frontières par le passé, “l’Allemagne de 2020 n’est plus ce qu’était le pays en 2015″ lors de la crise migratoire, rappelle la Deutsche Welle. La chancelière considère aujourd’hui l’ouverture des frontières comme une “perte de contrôle” et une “erreur” à ne pas répéter.
“Neutraliser” l’extrême droite
Alors que “le terrorisme d’extrême droite apparaît en progression” en Allemagne, le parti de la chancelière souffre également de la popularité croissante de l’AfD, indique la Deutsche Welle. Au sujet de l’afflux migratoire à la frontière grecque, le parti d’extrême droite appelle à “fermer immédiatement les frontières allemandes” , poursuit le journal allemand.
Dans l’objectif de “neutraliser” l’AfD, le candidat à la présidence de la CDU Friedrich Merz, favori de l’aile droite du parti, entend ainsi prendre “un virage prononcé à droite” , explique le Financial Times. “Inutile de venir en Allemagne. Nous ne pouvons pas vous accueillir” , a-t-il ainsi déclaré au sujet des migrants [Deutsche Welle]. Friedrich Merz veut “accorder plus d’aide à la Turquie pour héberger les réfugiés” , afin d’isoler “le problème loin des frontières allemandes” , rapporte ainsi L’Opinion. Son principal concurrent et soutien d’Angela Merkel, Armin Laschet, est quant à lui “resté silencieux sur les derniers développements du dossier migratoire” , ajoute le quotidien.
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