Fin du suspense en Pologne. Trois semaines après les élections générales du 15 octobre qui ont vu les partis d’opposition être majoritairement plébiscités par la population, le président Andrzej Duda s’est exprimé ce lundi 6 novembre au soir sur l’avenir politique de son pays lors d’une allocution télévisée. Le chef d’Etat a ainsi chargé le Premier ministre sortant, Mateusz Morawiecki, de former un nouveau gouvernement.
“J’ai décidé de perpétuer la tradition parlementaire selon laquelle c’est le parti vainqueur qui a le premier la possibilité de former un gouvernement”, a justifié Andrzej Duda. Le parti ultraconservateur Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, est effectivement arrivé en tête de ce scrutin, recueillant 35,4 % des suffrages. Mais il n’apparaît pas en position de force face aux partis d’opposition, majoritaires. La Coalition civique (KO), liste centriste et pro-européenne menée par l’ancien Premier ministre Donald Tusk (30,7 % des voix), Troisième voie (centristes, 14,4 %) et La Gauche (sociaux-démocrates, 8,6 %) cumulent désormais à elles trois une majorité de parlementaires à la Diète (248 sur 460) comme au Sénat (61 sur 100).
Donald Tusk dans les starting-blocks
Former une nouvelle coalition gouvernementale qui recueillerait le vote de confiance d’une majorité de parlementaires semble donc être une mission impossible pour Mateusz Morawiecki. Le Premier ministre sortant doit présenter au président son nouveau gouvernement dans les deux semaines qui suivront la prise de fonction du nouveau Parlement, prévue le 13 novembre. Il aura ensuite deux semaines supplémentaires pour présenter sa feuille de route aux parlementaires et obtenir leur confiance par un vote.
“Si la mission du représentant du parti Droit et Justice (PiS) n’aboutit pas, le Parlement choisira dans la phase suivante un candidat au poste de Premier ministre et je le nommerai sans délai”, a ajouté le président Duda dans son allocution. C’est alors que Donald Tusk, chef de file de l’opposition, devrait entrer en jeu et être chargé, à son tour, de la formation d’un nouveau gouvernement.
Une échéance très attendue, notamment par Bruxelles. Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, a en effet promis durant sa campagne de rétablir une relation stable entre la Pologne et l’Union européenne, après des années de conflits avec le PiS au pouvoir. Ce qui pourrait permettre de débloquer les 35 milliards d’euros du plan de relance européen destinés à la Pologne, actuellement gelés par l’UE en raison d’un différend lié au respect de l’état de droit dans le pays.