Ce mercredi, la France a pris “une décision à portée historique”, juge Courrier International. Celle-ci concerne l’arrestation de sept Italiennes et Italiens, “dont d’anciens membres des Brigades rouges” [Le Monde]. Pour le président du Conseil Mario Draghi à l’origine de la demande, ceux-ci ont commis de “très graves crimes de terrorisme” lors des “années de plomb” [Le Point]. “Le groupe des Brigades rouges, constitué en 1970, est l’un des mouvements de l’extrême gauche italienne [qui a] choisi la lutte armée comme méthode de protestation”, explique France info.
Arrestations quarante ans après les faits
Activistes pour certains mais terroristes pour le gouvernement italien, les Brigades rouges ont multiplié les attaques contre le pouvoir “durant les années 1970 et 1980, les sinistres ‘Anni di piombo’ (années de plomb), dont la mémoire est encore ‘vive dans la conscience des Italiens’ et dont la blessure est ‘encore ouverte’ “, affirmait également le chef du gouvernement dans les colonnes du Point. “Leur action la plus marquante a lieu en 1978, lorsqu’ils kidnappent l’ancien Président du Conseil italien Aldo Moro puis le tuent après 55 jours de captivité”, relate Le JDD.
Sur les dix personnes visées par l’opération de police baptisée “Ombres rouges”, “sept ont été interpellées, trois sont toujours recherchées”, rapportent Les Echos. Plusieurs d’entre elles “ont été condamnées à la prison à perpétuité dans leur pays, à l’instar de Marina Petrella, 67 ans, déjà menacée d’extradition puis finalement ‘graciée’ en 2008 par Nicolas Sarkozy […] ou Sergio Tornaghi, 63 ans, poursuivi notamment pour le meurtre de Francesco Di Cataldo, commandant de police pénitentiaire”, détaille Le Point. Le fils de ce dernier a par ailleurs salué l’interpellation de M. Tornaghi dans La Repubblica, satisfait de constater que Paris et Rome “étaient passés à la vitesse supérieure” en termes de coopération anti-terroriste.
Fin d’un contentieux diplomatique ?
Vitesse supérieure, voire “rupture” pour RFI, “puisque depuis François Mitterrand, la France abrite ou a abrité sur son sol des ex-activistes italiens […] et n’en a que très peu extradés”. Avec cette “doctrine Mitterrand”, l’ancien président français s’était engagé à accueillir “les Italiens qui renoncent à la lutte armée et montrent leur volonté de s’intégrer”, explique le directeur du centre d’histoire de Sciences Po Marc Lazar à France info. A une exception près, soulignée par Courrier international : “ceux qui avaient commis des crimes de sang” n’étaient pas censés pouvoir bénéficier de ce régime de faveur. Le magazine souligne néanmoins que “l’ancien président socialiste a fini par protéger également de nombreux militants condamnés pour avoir commis des homicides.”
De l’autre côté des Alpes, la décision française d’interpeler ces anciens brigadistes a été largement saluée, aussi bien par la classe politique que les médias, et notamment par La Repubblica qui y voit “un acte de justice, et pas de vengeance”. Côté français, si le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a critiqué cette décision -“La France n’a plus de parole” [RFI]- le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a justement insisté sur le fait que la France a respecté les engagements de François Mitterrand en raison des crimes commis par les prévenus.
“Je n’ai aucun état d’âme”, a rétorqué le ministre de la Justice dans les colonnes de Ouest-France. “La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes”, a justifié l’Elysée, à l’origine de la décision [Les Echos]. Politiquement, ce revirement s’explique aussi par les “bonnes relations” entre Mario Draghi et Emmanuel Macron, qui “ont parlé de ce dossier il y a une semaine”, avance RFI.
Les juges français doivent “maintenant se prononcer sur leur extradition, au cas par cas”, poursuit la radio internationale. Et les avocats des personnes interpellées, qui dénoncent “un contresens terrible de la France”, sont bien “décidés à contester les procédures” engagées [France info].
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