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Jean-Dominique Giuliani : “Nicolas Sarkozy : un Européen convaincu d’un type nouveau”

Adoption express du traité de Lisbonne, libération des infirmières bulgares, initiative en faveur d’une Union pour la Méditerranée, promotion d’une défense européenne… Depuis son élection en mai 2007, Nicolas Sarkozy aura consacré une grande partie de son énergie aux dossiers européens. Et ce avant même d’assurer la présidence de l’Union européenne, un rôle qui le placera certes davantage dans une position d’arbitre que de meneur. Pour faire le point sur la politique européenne de la France, Touteleurope.fr a rencontré Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman et auteur d’un ouvrage consacré à ce sujet.

La “rupture” à l’échelle européenne ? Jean-Dominique Giuliani en est convaincu : l’élection de Nicolas Sarkozy a inauguré “une nouvelle phase de la politique européenne de la France” . Cela tient d’abord à la personnalité du chef de l’Etat : “pressé” , “exigeant” , avide de “résultats” , celui-ci se montrerait plus “pragmatique” que ses prédécesseurs, moins versé dans les “débats doctrinaux” . Le président de la Fondation Schuman avance une interprétation : du fait de sa relative jeunesse, Nicolas Sarkozy a exercé l’ensemble de sa carrière politique dans le cadre des institutions européennes, un environnement qu’il considère comme naturel.

Un an de politique européenne

La France de retour en Europe ? Pour vérifier cette assertion, Jean-Dominique Giuliani a passé au crible les dossiers conduits par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l’Elysée. Un bilan opportun à la veille de la Présidence française.

Un Européen très pressé, 288 p., Editions du Moment

Cela explique sans doute le premier changement marquant analysé par J.-D. Giuliani : “une attitude nouvelle à l’égard des institutions européennes” . On se souvient qu’à peine élu, le Président s’était rendu à Bruxelles pour y rencontrer José Manuel Barroso et qu’il avait ensuite reçu à l’Elysée Hans-Gert Pöttering. C’est donc un chef de l’Etat qui “joue le jeu naturel des institutions européennes” en les associant à un certain nombre d’initiatives.

Deuxième rupture saluée par l’auteur d’un“Européen très pressé” : le “réengagement de la France en Europe centrale et orientale” . Nicolas Sarkozy leur a rapidement montré qu’il les considérait comme “des partenaires à part entière” , alors que ces pays avaient encore en tête les propos tenus par Jacques Chirac à leur égard au début de la guerre en Irak (“ils ont perdu une bonne occasion de se taire”).

Troisième innovation sarkozyenne : la volonté de politiser le fonctionnement de l’Union européenne. Le Président considère que “tous les sujets doivent être mis sur la table en toute transparence” . D’où le “feu d’artifice de propositions et d’idées” qui a marqué sa première année à la tête de l’Etat.

“La France agace, inquiète et intrigue”


Un tel activisme ne pouvait manquer de rejaillir sur l’image de la France, qu’on a toujours plus ou moins accusée de cultiver une attitude hautaine dans le concert européen. La nouvelle politique européenne de la France “agace, inquiète, et intrigue” , confirme J.-D. Giuliani. Comme l’ont montré les aléas du projet d’Union pour la Méditerranée, Paris va “parfois un peu trop vite” pour ses partenaires. Mais dans le même temps, cette nouvelle diplomatie suscite beaucoup d’intérêt à Bruxelles, où “la France n’est jamais autant écoutée que quand elle est à la fois européenne et elle-même” .

La Présidence de l’Union européenne constituera un test pour les nouvelles orientations de la politique européenne de la France. Mais celle-ci n’aborde-t-elle pas l’échéance avec un handicap de taille, la situation périlleuse de ses finances publiques, qui risque de nuire à sa force de proposition ? J.-D. Giuliani en convient, tout en relativisant cette crainte : dans la recommandation politique que la Commission européenne vient d’adresser à Paris, il relève surtout “de l’intérêt à l’égard des réformes en cours” .

Et comment les autres Etats membres ont-ils accueilli les appels de Nicolas Sarkozy en faveur d’une “Europe protectrice” ? “Pas très bien” , avoue J.-D. Giuliani, pour qui l’UE a basé son développement économique sur le libre échange. Pour le président de la Fondation Schuman, il convient de distinguer les faits du discours : “la double démarche du candidat et du Président, c’est de montrer qu’il a compris les électeurs et de les prendre par la main pour les accompagner vers une Europe qui doit rester ouverte” .

Mais une fois encore, l’idée n’est pas totalement rejetée par les autres Etats membres, dont certains sont sensibles aux arguments de la France sur la nécessaire réciprocité des négociations commerciales. Reste à savoir quelle sera la transcription politique de ce discours volontariste.

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