“Une coalition de droite et d’extrême droite, emmenée par Giorgia Meloni, chrétienne conservatrice, est sortie victorieuse des élections législatives qui se sont tenues ce dimanche”, rappelle France Culture en préambule. La leader du parti postfasciste Fratelli d’Italia devrait prochainement prendre les rênes du pays, une première pour un “gouvernement d’un Etat membre fondateur de ce qui est devenu l’Union européenne” [La Libre], mais pas un cas isolé parmi les Vingt-Sept.
En effet, “dimanche soir, l’Italie est entrée dans le petit groupe des pays membre de l’UE désormais dirigés par l’extrême droite et qui, outre la Suède, compte déjà la Pologne et la Hongrie”, souligne Public Sénat. Mais cette fois la situation est différente : “c’est désormais un pays poumon du projet européen qui cède aux sirènes brunes du national-populisme”, s’alarme Paul Quinio dans son éditorial pour Libération. Il Folgio écrit quant à lui “C’est Giorgia Meloni qui l’emporte, les nationalistes qui s’imposent et les europhiles qui reculent : le reste compte peu”. Une inquiétude partagée jusqu’aux Etats-Unis où CNN déplore l’élection du “gouvernement le plus à droite depuis l’ère fasciste de Benito Mussolini”.
Après la Suède, l’Italie
Pour La Libre, “il est des signes qui ne trompent pas. Les félicitations les plus chaleureuses adressées [aux vainqueurs des] législatives italiennes sont venues des formations d’extrême droite et de droite nationaliste”. “Le Rassemblement national et Eric Zemmour en France, le Vlaams Belang, mais aussi la N-VA en Belgique, Geert Wilders et Thierry Baudet aux Pays-Bas, l’AfD en Allemagne, les nostalgiques du franquisme de Vox en Espagne… ont affiché leur satisfaction”, énumère le quotidien belge.
De nombreux médias européens dressent le parallèle avec les récentes élections suédoises. “L’ascension de Giorgia Meloni accompagne celle de Jimmie Åkesson, le leader de la formation d’extrême droite les Démocrates de Suède”. Son parti est en position de force dans les tractations avec les conservateurs pour tenter “de former un gouvernement à l’issue des élections du 11 septembre [dernier]”, note ainsi La Croix. Le média liste d’ailleurs des similitudes entre les dirigeants italien et suédois : “ils ont presque le même âge (elle a 45 ans, lui 43). Ils affichent le même soutien à l’Otan. Leurs priorités se rejoignent : souverainisme, lutte contre l’immigration, préservation des traditions”.
Droits et libertés menacés
Après ces deux résultats, Le Soir s’interroge : “l’implacable victoire de Giorgia Meloni marque-t-elle une irrésistible poussée de l’extrême droite sur le continent européen ?”. “Si l’on dézoome et que l’on observe les résultats des derniers scrutins dans une poignée de pays européens, la présence de l’extrême droite reste modeste au sein des parlements”, tempère le journal belge. Avant d’indiquer toutefois que “deux pays explosent les compteurs” : la Hongrie et la Pologne.
Libération revient ainsi sur les “mesures prises à l’encontre des droits et libertés” dans l’Union européenne, et particulièrement dans ces deux Etats membres. A Budapest, “les rouages de la démocratie – fonctionnement constitutionnel, système électoral, indépendance de la justice, conflits d’intérêts, pluralisme des médias – sont attaqués. Tout comme une multitude de libertés”. A Varsovie, “attaques sur les médias étrangers (et notamment américains), contre l’indépendance de la justice et grignotage systématique des droits des minorités sont devenus une constante de ce gouvernement”, liste le quotidien. Côté américain, CNN note des similitudes avec un autre homme politique : Viktor Orbán “ressemble beaucoup à [Donald] Trump durant [ses] discours” tandis que le président polonais Andrzej Duda est “un autre favori” de l’ancien président des Etats-Unis [CNN].
Une extrême droite unie ?
“Au regard des récents bouleversements politique en Italie et en Suède, un front eurosceptique peut-il s’ouvrir au sein de l’Union ?”, se demande Public Sénat. “Plus que jamais nous avons besoin d’amis partageant une vision et une approche communes de l’Europe”, tweetait dimanche Balázs Orbán, conseiller politique du Premier ministre hongrois. Pour Il Foglio, “l’Italie de l’après-25 septembre, c’est une Italie qui s’apprête à devenir le porte-étendard d’un nouvel ‘euroscepticisme-européiste’ articulé autour d’un objectif affiché : tout faire pour que le processus d’intégration européenne aille de l’arrière plutôt que de l’avant”.
Pourtant la situation n’est pas si simple. “Il y a toujours eu une mauvaise coordination des extrêmes droites au sein du Parlement européen. On en revient au fait que ce sont des nationalistes, et qu’ils sont mus par un égoïsme national qu’ils n’arrivent pas à dépasser”, explique Nicolas Lebourg, chercheur au Centre d’études politiques de l’Europe latine à l’université de Montpellier et au CNRS [Public Sénat]. Si les eurodéputés de Fratelli d’Italia et les Démocrates de Suède siègent au groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), ceux du Rassemblement national ou de la Ligue de Matteo Salvini sont membres d’Identité et Démocratie (ID).
Du côté de Rome non plus, l’idée d’une alliance européenne n’est pas évidente : “pas de menace d’Italexit. Aucune allusion à une sortie de l’euro. L’équipe de Meloni entretient des contacts avec celle du Premier ministre sortant Mario Draghi, artisan du rapprochement entre Rome et Bruxelles” [La Croix]. Le journal ajoute que “Rome n’a pas les moyens de se passer des milliards du plan de relance [et que] Bruxelles n’est pas prête à se lancer dans des condamnations sans contenu, alors que l’Europe s’apprête à vivre un nouveau test de solidarité, cet hiver, en pleine crise de l’énergie”.
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