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Italie : pris à partie sur sa politique migratoire, le gouvernement présente un nouveau décret

Deux semaines après un naufrage ayant coûté la vie à 79 personnes au large des côtes italiennes, des manifestations se sont tenues samedi 11 mars à Cutro, sur les lieux du drame. Le gouvernement italien, pointé du doigt pour sa passivité lors des événements, y a présenté de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration illégale.

Giorgia Meloni
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a jugé les passeurs “responsables” du naufrage ayant entraîné la mort de 79 personnes fin février - Crédits : Conseil de l’Union européenne

Tous à genoux, face à la mer. C’est l’image poignante de […] la manifestation qui s’est tenue [samedi 11 mars] à Steccato di Cutro, sur le site du naufrage des migrants”, raconte le quotidien italien La Stampa, cité par Courrier International. “Entre 5 et 6 000 personnes ont défilé dans les rues du village calabrais”, poursuit le média.

Le rassemblement a rendu hommage aux victimes, deux semaines après un drame ayant entrainé la mort de 79 personnes au large de la Calabre [Le Monde] et au lendemain d’un nouveau sauvetage durant lequel “plus de 1 300 migrants ont été secourus en deux jours dans une mer Méditerranée particulièrement agitée”, relève France info.

Dans ce contexte, “la colère n’est guère retombée ces derniers jours contre le gouvernement de Giorgia Meloni, jugé incapable d’avoir empêché la tragédie”, constate Le Monde. Jeudi 9 mars, lors d’un Conseil des ministres italiens délocalisé à Cutro sur les lieux du drame, “les ministres ont été pris à partie par des manifestants” [Ouest-France]. Ceux-ci ont lancé des peluches sur leurs voitures, symbolisant “les 18 enfants décédés dans le naufrage” [The Guardian].

Enquête en cours

Une enquête est toujours en cours pour déterminer les circonstances du chavirage et “tenter d’expliquer l’arrivée trop tardive des secours” [Libération]. “Les autorités maritimes, et en particulier les garde-côtes, sont soupçonnées de n’avoir pas réagi assez vite aux informations faisant état de la présence d’un navire surchargé dans la zone”, explique Le Figaro.

Dans la nuit du 25 au 26 février, deux vedettes […] de la police douanière italienne avaient pourtant quitté la côte vers l’embarcation en perdition, avant de rebrousser chemin devant une mer démontée”, précise Le Monde. Or, les signalements de l’agence européenne Frontex auraient dû enclencher une procédure officielle de secours dépêchant des garde-côtes en mer. “C’est une grave erreur de considérer les opérations de secours comme des opérations de police”, a déploré l’amiral Vittorio Alessandro, ancien porte-parole des gardes-côtes italiens, cité par le quotidien.

Tour de vis sécuritaire

A l’issue du Conseil des ministres délocalisé dans le sud du pays, “la Première ministre, Giorgia Meloni, avait réaffirmé la détermination de son gouvernement à lutter contre l’immigration clandestine et les passeurs” [Libération], approuvant un nouveau décret.

Parmi les mesures de ce “tour de vis sécuritaire” [Le Monde] :  une peine allant jusqu’à 30 ans de prison pour les passeurs, le déploiement de centres de rapatriement de migrants illégaux et la suppression des permis de séjour pour raisons humanitaires, “remplacés par le statut de protection subsidiaire”, détaille La Croix. En contrepartie, “l’exécutif s’engage à améliorer les structures d’accueil et l’intégration des réfugiés [légaux]” et à augmenter les quotas d’entrée pour les travailleurs hors-UE, “dont certains seront réservés à ceux originaires de pays qui collaboreront dans la lutte contre le trafic d’êtres humains”, poursuit le journal.

Cependant, ce décret “n’aborde pas le thème au cœur des débats qui agitent l’Italie depuis quinze jours : les opérations de sauvetage en mer”, remarque Le Monde.

Bras de fer avec l’UE

Depuis son entrée en fonction en octobre 2022, la cheffe du gouvernement italien a “multiplié les entraves aux opérations des navires humanitaires en Méditerranée et entamé un bras de fer avec ses partenaires européens pour obtenir d’eux davantage de solidarité dans l’accueil des migrants”, estime TF1.

Dans une lettre adressée la semaine dernière à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, Giorgia Meloni écrivait que l’objectif n’était pas “d’annuler l’immigration vers l’Europe mais de mettre un terme au trafic illégal d’êtres humains”, évoquant un “devoir moral” pour éviter que le naufrage de Cutro ne se reproduise, rapporte The Guardian.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a réagi en assurant à la Première ministre italienne que “la mise en œuvre rapide des mesures convenues [au niveau européen] est une priorité pour tous”, comptant “fermement sur l’Italie à cet égard”, ajoute le Corriere della Sera. “Le nombre d’arrivées de migrants par la route de la Méditerranée centrale a bondi de 116 % en janvier et février par rapport à 2022″ selon les données de Frontex relayées par Le Temps.

Le collège des commissaires européens doit se réunir mardi 14 mars pour évoquer notamment des “principes communs” sur la gestion des frontières européennes. De leur côté, les eurodéputés réunis en séance plénière à Strasbourg discuteront mercredi d’une réponse commune pour le sauvetage en mer.

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