C’est un “séisme politique”, s’est félicité le chef du gouvernement grec Kyriákos Mitsotákis après sa victoire aux élections législatives dimanche 21 mai [I Kathimeriní]. Au pouvoir depuis quatre ans, le dirigeant du parti conservateur Nouvelle Démocratie “a recueilli 40,8 % des suffrages, selon des résultats définitifs”, [20 Minutes]. Le Monde note que M. Mitsotákis améliore ainsi “son résultat de 2019″.
Tandis qu’une “vague bleue [submergeait] la Grèce” dimanche soir, la formation de gauche radicale d’Aléxis Tsípras, Syriza, “n’a finalement recueilli que 20 % des voix devant le parti socialiste du Pasok (11,6 %), et sort très affaiblie du scrutin”, constatent Les Echos. “Sans l’ombre d’un doute, il s’agit de la meilleure performance électorale d’un gouvernement en place depuis la transition démocratique de la Grèce”, explique Dimítris Papadimitríou, professeur de sciences politiques à l’université de Manchester, au Financial Times.
Pourtant, le contexte n’était pas particulièrement favorable au Premier ministre sortant comme le rappelle Ouest-France : ces élections législatives “auraient dû avoir lieu en avril mais elles ont été repoussées après la catastrophe ferroviaire [du] 28 février”. Le quotidien grec I Kathimeriní souligne que Kyriákos Mitsotákis “a sans doute bénéficié de son bilan économique”, une analyse largement partagée dans la presse européenne et internationale.
Mais en raison du système électoral actuel, “ses 40 % n’ont pas suffi à lui assurer la majorité des 300 sièges du parlement”, fait savoir I Kathimeriní. Et le principal intéressé a déjà indiqué qu’il se présenterait à une deuxième élection “dans l’espoir de consolider sa victoire sans avoir besoin d’un partenaire de coalition” [I Kathimeriní].
Nouveau scrutin
Ainsi, “la Grèce se dirige lundi 22 mai vers un nouveau scrutin” [France Info]. Cette année, l’élection des députés de la Voulí (Parlement grec) a eu lieu à la proportionnelle intégrale, “pour la première fois depuis 33 ans”, précise Ouest-France. Le Financial Times précise qu’en théorie, le dirigeant grec pourrait essayer de former une coalition entre Nouvelle Démocratie et Pasok, arrivé troisième. Mais “la perspective d’une telle alliance est faible”. “À partir de demain, je suivrai toutes les procédures constitutionnelles, tout en restant fermement convaincu que les mathématiques de la représentation proportionnelle s’apparentent à un marchandage entre partis et aboutissent à une impasse”, a déclaré M. Mitsotákis dimanche 21 mai [I Kathimeriní].
Un nouveau scrutin pourrait avoir lieu “probablement fin juin ou début juillet”, sur la base d’une nouvelle loi électorale qui accorde des sièges supplémentaires au parti vainqueur, relève Courrier International, reprenant la presse grecque. Les bons résultats de Nouvelle Démocratie s’expliqueraient aussi par cette réforme électorale dans laquelle les électeurs n’auraient pas cru : l’idée d’un gouvernement de coalition “n’est pas dans la culture grecque”, selon Mános Papázoglou [Le Monde].
D’après CNN, la population grecque a déjà envisagé un second scrutin, certains ayant choisi de voter pour des partis plus modestes “afin de manifester leur mécontentement à l’égard des élites politiques”. Mais on peut s’attendre “à ce qu’ils se rallient aux principaux partis lors d’un second scrutin, au cours duquel ils voudront voir émerger un gouvernement fort”, avance la chaîne d’information américaine.
Recherche de stabilité
Durant son mandat, Kyriákos Mitsotákis a, outre l’accident ferroviaire survenu fin février, “dû faire face à un scandale d’écoutes téléphoniques visant des hommes politiques, à la pandémie de Covid-19″ et à l’inflation, fait savoir La Tribune.
Mais “au lieu de bénéficier du débat sur le coût de la vie qui a dominé la campagne”, sa rivale Syriza (gauche radicale) a vu ses voix chuter “de manière significative” [Financial Times]. Kyriákos Mitsotákis “s’est présenté comme un rempart face à toute incertitude économique ou géopolitique”, estime Le Monde. “Croissance de près de 6 % en 2022, explosion du tourisme, retour des investissements étrangers”… Le parti conservateur a misé sur les récentes réussites économiques de la Grèce après une décennie de crise.
“En prime, le gouvernement a tenté de lutter contre la baisse du pouvoir d’achat et l’inflation, en augmentant à trois reprises le salaire minimum”, explique le sociologue Níkos Dímou au Figaro, “Un tableau aux antipodes des cures d’austérité […] dont le pays sortait à peine quand Kyriákos Mitsotákis est arrivé au pouvoir”, selon le journal.
Pour le politologue Mános Papázoglou, “la logique de la stabilité a gagné les Grecs, qui ont été traumatisés par les années de crise économique” durant les mandats d’Aléxis Tsípras [Le Monde]. Néanmoins, “environ 40 % des électeurs se sont abstenus”. Interrogé par le journal du soir, Níkos, un déçu de Syriza en 2015, considère que le pays “souffre de maux endémiques – bureaucratie, corruption, clientélisme, peu d’investissements dans la recherche et l’éducation”, que la classe politique peine à résoudre.
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