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En Grèce, un grave accident ferroviaire met en lumière la vétusté du réseau national

Survenue dans la nuit du 28 février au 1er mars, la collision de deux trains dans le centre du pays a entraîné la mort de plus de 40 personnes. Si la responsabilité individuelle du chef de gare est soulignée, la polémique enfle également autour du mauvais état des lignes ferroviaires grecques.

Le président du syndicat des conducteurs de trains, Kóstas Geridunias a dénoncé l’état de délabrement des infrastructures ferroviaires du pays - Crédits : Bulen Tumut / iStock

“Tragédie sans précédent”, “plus grand accident de train de l’histoire de la Grèce” [I Kathimeriní]… Mardi 28 février à 23h21, deux trains circulant sur la même voie en sens inverse se sont percutés “près de la ville de Larissa”, au centre du pays [Le Monde]. Bilan : “46 morts selon le porte-parole des pompiers grecs” et des dizaines de blessés, rapporte Le Télégramme qui cite les derniers chiffres communiqués.

La plupart des victimes sont […] des étudiants [qui] rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé”, a souligné le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis [Courrier International]. “Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine”, a-t-il ajouté.

Le chef de gare de Larissa a été arrêté”, précise Le Monde. Poursuivi pour “homicides par négligence” et “blessures corporelles involontaires”, “il doit être entendu par la justice jeudi 2 mars”, rapporte le quotidien.

Réseau vétuste

The Guardian note toutefois qu’une “enquête de police a été lancée pour déterminer les causes de l’accident”. En effet, “les circonstances […] interrogent”, selon Le Monde : “certains y voient le résultat de la vétusté d’un réseau ferroviaire délaissé depuis des décennies, surtout après la crise économique (2010-2018) et les mesures d’austérité qui ont amené, en 2017, au rachat de la compagnie grecque de chemins de fer [par une] société publique italienne”.

Le président du syndicat des conducteurs de trains, Kóstas Geridunias, “a dénoncé sur la télévision publique ERT l’état de délabrement des infrastructures ferroviaires du pays”, relate El Mundo. “Rien ne fonctionne, tout se fait manuellement […] sur l’axe Athènes-Thessalonique. Les feux de signalisation ne fonctionnent pas non plus. S’ils le faisaient, les conducteurs verraient les feux rouges et s’arrêteraient à temps”, a déclaré M. Geridunias devant les médias grecs [El Mundo].

“Le chemin de fer grec n’était pas dans un état digne du XXIe siècle” au moment de la prise de fonctions du gouvernement, a ajouté le ministre des transports Kóstas Karamanlís, cité par Le Monde. “Au cours de ces trois ans et demi, nous nous sommes efforcés d’améliorer cette réalité. Malheureusement, ces efforts n’ont pas suffi à empêcher cet accident”, a-t-il admis quelques heures avant de présenter sa démission [The Guardian].

Notoriété publique

Ces manquements à la sécurité “étaient de notoriété publique au sein de l’entreprise ferroviaire”, abonde Libération. Dans une lettre diffusée il y a moins d’un mois, un syndicat de cheminots avait prévenu que les accidents ne cesseraient pas “tant que des mesures de protection [n’étaient] pas prises [vis-à-vis de] la sécurité de l’exploitation et de la circulation des trains”, ajoute le quotidien.

Par ailleurs, Kóstas Geridunias a rappelé que son syndicat et les employés “avaient protesté à plusieurs reprises pour que des dispositifs de sécurité performants comme le Système européen de contrôle des trains soient mis en place”, constate Le Monde. “La Grèce est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir adopté cette technologie”, poursuit le quotidien.

Or “les syndicats de cheminots grecs n’étaient pas les seuls à s’inquiéter de l’absence de conformité aux règles en vigueur” [Libération] : mi-février, la Commission européenne avait saisi la Cour de justice de l’UE contre la Grèce “au motif du ‘non-respect des règles relatives au transport ferroviaire’ ”, ajoute le journal.

Manifestations et élections

En outre, “l’accident bouleverse déjà l’agenda du Premier ministre et pourrait avoir un impact sur l’annonce des prochaines élections législatives”, explique Le Monde. Le premier tour devait se tenir le 9 avril, “mais tout semble indiquer qu’il devra attendre quelques jours avant de se prononcer et de mesurer l’impact de la tragédie sur l’électorat”, conclut le quotidien.

Au lendemain de l’accident, “plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues”, note TF1. A Athènes, Larissa ou Thessalonique, les manifestants ont pointé “la responsabilité du gouvernement dans le drame, et notamment la privatisation de l’opérateur ferroviaire Hellenic Train, la société chargée de l’entretien des chemins de fer grecs”, poursuit la chaîne de télévision.

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