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Emmanuel Macron / Marine Le Pen : quelles sont leurs propositions pour le climat et l’environnement ?

Présidentielle 2022. L’Europe constitue sans doute la principale ligne de fracture entre les programmes du président sortant et de la candidate du Rassemblement national. Comment envisagent-ils les questions climatiques, énergétiques et environnementales ?

Emmanuel Macron / Marine Le Pen : quelles sont leurs propositions pour le climat et l’environnement ?
Plutôt d’accord sur l’énergie nucléaire, Emmanuel Macron et Marine Le Pen proposent des stratégies opposées sur l’éolien et le photovoltaïque. - Crédits : Worayuth Kamonsuwan / iStock

Arrivée en 2019 à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a fait du “Pacte vert pour l’Europe” (“Green Deal”) la feuille de route de l’UE vers la neutralité climatique à l’horizon 2050. L’ambition peut se résumer en quelques mots : réduire les émissions de gaz à effet de serre “tout en créant des emplois et en améliorant notre qualité de vie”. La loi européenne sur le climat, adoptée en juin 2021, fixe ainsi une cible intermédiaire de - 55 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Et le paquet de propositions législatives « Fit For -55 » présenté par la Commission le 14 juillet 2021 vise à rendre opérationnel cet objectif de neutralité carbone en 2050 validé par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2020.

Si Emmanuel Macron assure qu’il s’inscrit dans les objectifs environnementaux européens, Marine Le Pen souhaite désengager la France du Pacte vert.

Tenir les objectifs climatiques et investir

La trajectoire privilégiée par Emmanuel Macron prévoit d’atteindre en 2030 cet objectif rehaussé de - 55 % d’émissions par rapport à 1990. Le candidat centriste assume désormais le terme de “planification écologique”, un concept longtemps développé par Jean-Luc Mélenchon. “Une planification assumée et accompagnée” précise le programme du président-candidat qui souhaite ainsi parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050.

Soutenu par la présidence française du Conseil de l’UE qui a débuté le 1er janvier, le “mécanisme d’ajustement carbone aux frontières”, souvent comparé à une “taxe carbone”, a fait l’objet d’un accord politique le 15 mars dernier. Il consiste à taxer les importations de marchandises provenant de pays hors de l’UE qui émettraient trop de gaz à effet de serre.

La transition énergétique exigeant des moyens, la Commission européenne et plusieurs pays dont la France ont appelé à réformer les règles européennes en matière de dette et de déficit public, qui freinent parfois les investissements des Etats membres. Selon les équipes du candidat Emmanuel Macron, deux pistes de travail seraient pour l’instant envisagées à l’échelon européen. D’un côté, “la capacité à lever de nouveaux financements en Europe sur les marchés comme nous l’avons fait pour les 750 milliards d’euros du plan de relance”. De l’autre, “décider que chaque Etat membre puisse avoir sur certains enjeux politiques comme le climat une catégorie de dépenses qui sort des règles classiques”, en particulier celles relatives aux budgets nationaux (déficit public inférieur à 3 % du PIB, dette publique inférieure à 60 % du PIB).

Promettant de respecter les engagements de l’Accord de Paris en matière de climat, Marine Le Pen affirme de son côté que la France avancera à un rythme modéré sur le chemin de la décarbonation. Elle le fera “par les moyens qu’elle aura choisis, au rythme et selon les étapes dont elle aura décidé”. “Nous sortirons du ‘Green deal’ et de l’enfer administratif qu’il impose aux petites entreprises sous le nom de ‘taxonomie’ au profit d’un plan d’autonomie stratégique fondé sur le développement durable”, martèle la candidate dans son programme. Parmi les nombreux projets liés au Pacte vert, la “taxonomie verte” à laquelle fait référence la candidate du Rassemblement national est une classification européenne permettant de définir les activités économiques pouvant être considérées comme durables et donc d’orienter les investisseurs.

Concernant le financement de la transition écologique, Marine Le Pen souhaite créer un grand fonds souverain baptisé “FSF” (Fonds Souverain Français), doté de 500 milliards d’euros. Mobilisant l’épargne des Français qui souhaiteraient y investir, il financerait par exemple la rénovation des bâtiments et l’innovation.

La question de l’énergie

L’énergie est bel et bien un enjeu pour le Vieux Continent, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine qui souligne la nécessité de garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques européens. En termes d’ambition, l’UE s’est par exemple fixée un objectif contraignant de 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale d’ici 2030. En 2020, la France a été le seul Etat membre à ne pas avoir atteint l’objectif d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. C’est en revanche, et de loin, le pays ayant la plus forte production d’énergie nucléaire en Europe. L’Hexagone produit environ 70 % de son électricité avec 56 réacteurs nucléaires répartis sur 18 centrales.

Emmanuel Macron souhaite, à long terme, sortir des énergies fossiles : charbon, gaz et pétrole. Pour cela, il entend prolonger “tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être”, dans un pays qui produit environ 70 % de son électricité avec 56 réacteurs nucléaires répartis sur 18 centrales. Il prévoit la construction d’un nouveau parc de 6 EPR (réacteurs de nouvelle génération) à l’horizon 2035. D’autres pourraient être mis en service jusqu’en 2050. Le président sortant vante également les mérites des SMR, ces réacteurs nucléaires de petite taille avec une puissance moindre. Au niveau européen, la France a défendu ces derniers mois l’intégration du nucléaire dans ladite “taxonomie verte”.

A côté de l’atome, l’actuel locataire de l’Elysée promet “la multiplication par 10 de notre puissance solaire et l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050″.

Marine Le Pen parie elle aussi sur le nucléaire. Son programme prône une réouverture au plus vite de la centrale de Fessenheim, fermée en 2020, le prolongement de la durée de vie des réacteurs en service jusqu’à 60 ans et 10 paires d’EPR d’ici à 2036. Sur les énergies renouvelables en revanche, la candidate propose à la fois un moratoire sur les éoliennes terrestres et le démantèlement des projets existants sur le territoire.

Agriculture et alimentation

Pendant son quinquennat, Emmanuel Macron a participé à la réforme de la Politique agricole commune (PAC). Celle-ci a notamment introduit une plus grande autonomie des Etats à travers les plans stratégiques nationaux (PSN), ainsi que des incitations financières récompensant les efforts environnementaux des agriculteurs. Marine Le Pen prévoit par ailleurs de compléter les aides de la PAC par des financements nationaux aux exploitants agricoles.

Depuis le conflit provoqué par la Russie le 24 février dernier et ses répercussions sur l’agriculture, le mot d’ordre d’Emmanuel Macron semble désormais être “produire plus”. “La France portera une adaptation de la stratégie européenne ‘Farm to fork’ (de la fourche à la fourchette ou de la ferme à la table) qui reposait sur un monde d’avant-guerre en Ukraine et qui prévoyait une diminution de la production de 13 %”, a affirmé le président-candidat lors d’une conférence de presse de présentation de son projet. La guerre menée par le Kremlin risque en effet d’aboutir à une série de crises alimentaires dans certaines régions du monde en raison de l’arrêt des exportations de produits agricoles de la part des pays belligérants. La stratégie européenne “de la ferme à la table”, que le président souhaite faire évoluer au regard du contexte actuel, entend réduire de 50 % le recours aux pesticides et atteindre 25 % de surface cultivées en bio d’ici à 2030.

Marine Le Pen s’était quant à elle montrée dès le début très critique vis-à-vis de cette feuille de route. Celle-ci “menace gravement la souveraineté alimentaire des pays membres de l’Union européenne”, peut-on lire dans le programme de la candidate. Le “localisme” conservateur qu’il propose compte en revanche privilégier les circuits courts. “La politique écologique que nous conduirons pour les Français est placée sous l’égide du triple impératif national : protéger, projeter, transmettre”, annonce la candidate.

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