“Une amitié difficile”, titre Die Zeit à propos du couple franco-allemand. Outre-Rhin, le constat semble assez largement partagé. Ainsi, le quotidien Die Welt explique que “les relations franco-allemandes n’ont cessé de se dégrader” depuis l’entrée en fonction d’Olaf Scholz il y a un peu plus d’un an.
Dimanche 22 janvier, à l’occasion des 60 ans du traité de l’Elysée, le chancelier allemand était présent à Paris aux côtés du président français Emmanuel Macron, dans un contexte particulier. La situation tranche en effet avec celle qu’ont connu le chancelier allemand Konrad Adenauer et le président Charles de Gaulle lors de la signature du traité en 1963, “témoignage de la réconciliation franco-allemande - et [qui] a fondé une coexistence de voisinage sans précédent dans le monde jusqu’à aujourd’hui” [Der Spiegel].
Pour cet anniversaire, le président français et le chancelier allemand “ont prononcé des discours dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne devant un parterre de députés, de ministres et de jeunes des deux pays”, rapportent Les Echos. Mais “au-delà des symboles, le raout ministériel a débouché sur peu d’annonces tangibles”, déplore le média spécialisé sur les questions européennes Contexte.
De rares et timides avancées
“Les désaccords restent visibles” [Libération] notamment sur la réponse à apporter à l’Inflation Reduction Act, le vaste plan d’aide de près de 400 milliards de dollars mis en place par les Etats-Unis. Contexte relate que le chancelier allemand s’est déclaré “confiant” sur la possibilité de parvenir à un arrangement avec Washington sur ce sujet. Des propos qui “tranchent avec le pessimisme ambiant à Bruxelles, où les dirigeants expriment mezza voce leurs doutes concernant la possibilité de faire fléchir les Etats-Unis”, poursuit le média. L’Allemagne n’est d’ailleurs “pas prête à soutenir la création d’un nouveau fonds pour financer la politique industrielle, contrairement à la France”, ajoutent Les Echos. Le sujet devrait être discuté lors du prochain Conseil européen, les 9 et 10 février prochains.
La principale avancée de cette rencontre concerne le projet de pipeline européen d’hydrogène H2Med qui sera “étendu des pays du sud-ouest européen à l’Allemagne”, a déclaré hier Emmanuel Macron lors de la conférence de presse commune avec Olaf Scholz [Le Figaro]. “Un ‘groupe de travail conjoint sur l’hydrogène’ rendra ses ‘conclusions et recommandations’ d’ici fin avril”, précisent Les Echos.
Crispations sur l’Ukraine
Restent deux domaines de coopération essentiels dans lesquels “Paris et Berlin peinent toujours à rapprocher leurs points de vue, tant leurs modèles sont différents, pour ne pas dire antagonistes” [Le Monde] : la défense et l’énergie.
“L’invasion de l’Ukraine par la Russie met à rude épreuve la cohésion sur le continent”, écrit en Allemagne Der Spiegel. Et le mutisme d’Olaf Scholz sur la livraison de chars de combat allemands interroge outre-Rhin. Le chancelier allemand “ne dit presque rien sur le sujet qui agite actuellement l’opinion publique de part et d’autre de l’Atlantique”, note Die Zeit.
Sur ce sujet, la première brèche a pourtant été ouverte en fin de soirée par la ministre des Affaires étrangères allemande. Interrogée par LCI, Annalena Baerbock a, “de façon inattendue, […] affirmé que Berlin n’empêcherait pas la Pologne de livrer à l’Ukraine des Leopard II de fabrication allemande”, rapporte Le Monde. De son côté, Emmanuel Macron a évoqué l’idée de livrer des chars Leclerc à l’Ukraine. Une ouverture qui “montre que les deux pays sont à nouveau parvenus à parler d’une seule voix”, se réjouit Libération.
Second terrain de crispation : l’énergie. Entre les deux pays, “le malentendu est ancien, mais la guerre en Ukraine l’a exacerbé”, rappelle Le Monde. La France “mise toujours sur le nucléaire” alors que l’Allemagne sort à peine de sa dépendance au gaz russe, complète le journal du soir. Dans ce contexte, la réforme du marché européen de l’électricité reste un sujet de divisions. Comme le rapportent Les Echos, “Paris et Berlin n’ont pas encore rapproché leurs positions, et la déclaration reste vague sur ce sujet”. “Mais la relation franco-allemande revient de tellement loin que l’on peut difficilement faire la fine bouche”, conclut Jean Quatremer dans Libération.
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