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Elections législatives françaises 2022 : quels programmes pour l’Europe ?

Dimanche 19 juin, second tour des élections législatives en France pour élire les 577 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale. Tour d’horizon des programmes européens des quatre principales forces politiques : Ensemble pour la majorité présidentielle (Ensemble !), la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), le Rassemblement national (RN) et l’Union de la droite et du centre (UDC).

Les quatre principales forces politiques française emmenées par Richard Ferrand (Ensemble !), Jean-Luc Mélenchon (NUPES), Marine Le Pen (RN) et Christian Jacob (UDC) Crédits : Thomas Padilla / Wikimedia Commons | The Left / Flickr | Parlement européen / Flickr | Jean-François Benard / Wikimedia Commons
Les quatre principales forces politiques françaises emmenées par Richard Ferrand (Ensemble !), Jean-Luc Mélenchon (NUPES), Marine Le Pen (RN) et Christian Jacob (UDC) (de gauche à droite et de haut en bas)
Crédits : Thomas Padilla / Wikimedia Commons | The Left / Flickr | Parlement européen / Flickr | Jean-François Benard / Wikimedia Commons

Après l’élection présidentielle (10 et 24 avril) qui s’est conclue par la réélection du président sortant Emmanuel Macron, les Français sont de nouveau appelés aux urnes en ce mois de juin 2022 pour élire leurs 577 députés au suffrage universel direct.

Pour le gouvernement comme pour les partis d’opposition, cette élection (12-19 juin) constitue une échéance capitale : la force politique obtenant la majorité à l’Assemblée nationale (au moins 289 sièges) aura la possibilité d’imposer ses idées. Et sur la question européenne, les projets sont sensiblement différents…

Ensemble pour la majorité présidentielle (Ensemble !)

La coalition “Ensemble ! majorité présidentielle” est présidée par Richard Ferrand, épaulé par François Bayrou et Edouard Philippe. Elle regroupe sept partis : La République en marche (Renaissance), le Mouvement démocrate (Modem), Horizons, Agir, Territoires de progrès, le Parti radical et En commun.

L’alliance, qui ambitionne d’apporter une majorité au chef de l’Etat, est résolument pro-européenne : “sans l’organisation et la solidarité des pays rassemblés dans l’Union européenne, nous serions désarmés dans la confrontation planétaire entre blocs”, peut-on y lire sur son site.

Dans son projet présidentiel, Emmanuel Macron dévoilait son ambition européenne : “nous devons d’abord défendre nos valeurs au sein d’une Europe souveraine capable de peser sur le cours du monde”. Le chef de l’Etat prône notamment une plus grande autonomie de l’Union européenne en matière énergétique, technologique et stratégique. La première se construirait “en accélérant la décarbonation et le déploiement des énergies propres pour réduire [la] dépendance au charbon, au gaz, au pétrole importés”, la deuxième “en investissant pour développer [des] champions, en se protégeant dans les domaines les plus stratégiques”, et la dernière à travers “la définition d’une doctrine commune, un renforcement considérable des capacités des armées européennes et de leur coordination”.

Sur le plan écologique, le président soulignait sa volonté de mettre en œuvre une “taxe carbone aux frontières de l’Europe pour éviter la concurrence déloyale”, qui a fait l’objet d’un accord au Conseil de l’UE.

Sur l’immigration, il veut “aller au bout de la réforme de Schengen pour renforcer nos frontières européennes”. Il promeut la création de deux dispositifs : un pilotage politique à travers un “Conseil Schengen” (sur le modèle de la gouvernance de la zone euro), qui a été initié depuis (réunion du Conseil de l’UE le 03 mars), ainsi qu’un mécanisme de soutien d’urgence aux frontières en cas de crise afin d’assurerl’appui de Frontex aux pays et le renfort solidaire des Etats membres en policiers, en gendarmes et en matériel”.

En matière culturelle enfin, le programme du président prônait un “investissement pour construire des métavers européens et proposer des expériences en réalité virtuelle, autour de nos musées, de notre patrimoine et de nouvelles créations, en protégeant les droits d’auteur”.

La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES)

Cette coalition regroupe les principaux partis français de gauche : La France insoumise (LFI), Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et Génération.s. Cette force politique se donne pour objectif d’obtenir une majorité de députés à l’Assemblée nationale afin de faire nommer Jean-Luc Mélenchon Premier ministre et d’imposer une cohabitation au président de la République.

En matière européenne, la NUPES assume une “rupture avec le cours libéral et productiviste” de l’UE et une volonté de faire bifurquer les politiques européennes vers la justice sociale, l’écologie, le progrès humain et le développement des services publics”. Dans son programme, la coalition dresse le tableau suivant : “La France insoumise et le Parti communiste français sont héritiers du non […] au Traité constitutionnel européen en 2005″, le PS est “attaché à la construction européenne” tandis qu’EELV est “historiquement favorable à la construction d’une Europe fédérale”.

Ainsi, même si leurs “histoires avec la construction européenne différent”, les partis rassemblés sous la NUPES partagent des ambitions communes pour l’Europe. Ils souhaitent “renforcer la lutte pour le climat” avec un objectif de réduction de 65 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (contre 55 % actuellement), “transformer la politique agricole commune” pour promouvoir l’agroécologie, une agriculture paysanne et relocalisée avec la sortie des engrais et des pesticides, ou encore “étendre les droits sociaux” en luttant contre le dumping social.

Sur l’économie, la NUPES envisage de “mettre fin au pacte de stabilité et de croissance et [d’]abroger les règles budgétaires des 3 % de déficit et des 60 % de dette” pour mettre l’économie “au service du climat et des citoyens”. La coalition veut également “éradiquer l’évasion fiscale” en abolissant la règle de l’unanimité en matière fiscale pour “supprimer le droit de veto des paradis fiscaux”. Elle ambitionne aussi de “dédier au moins 50 % du budget européen au climat et la biodiversité”.

En outre, sur le programme européen de la NUPES figurent les mesures suivantes : “refuser tout nouvel accord de libre-échange”, “mettre fin au règlement de Dublin III et renégocier le Pacte Asile Migration” pour “accueillir dignement les exilés”, “harmoniser par le haut les droits des femmes en Europe” en inscrivant notamment le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE, “suspendre les financements européens aux Etats membres qui ne respectent pas l’état de droit ou les libertés fondamentales”…

Reconnaissant le fait que certaines mesures “nécessitent de renégocier les traités et les règles européennes”, la coalition emmenée par Jean-Luc Mélenchon se dit prête “à ne pas respecter certaines règles”. Elle parle de leur “désobéir” ou d’y “déroger de manière transitoire” afin de pouvoir appliquer son programme.

Le Rassemblement national (RN)

La cheffe du Rassemblement national n’a quant à elle pas souhaité conclure d’alliance avec les autres formations de droite ou d’extrême droite : la question se posait notamment pour le parti Reconquête ! d’Eric Zemmour. Le RN de Marine Le Pen se présente aux législatives avec pour objectif de devenir la principale force d’opposition à Emmanuel Macron.

Dans la présentation des candidats soutenus par le Rassemblement national, le mot “Europe” ou “européen(ne)” n’apparaît pas une seule fois. “Ces élections sont un référendum pour ou contre le saccage social et la retraite à 65 ans, elles sont un référendum pour ou contre la poursuite du matraquage fiscal et de l’inaction devant l’inflation qui vient, [elles] sont un référendum pour ou contre la submersion migratoire qu’Emmanuel Macron souhaite accélérer”, a en revanche affirmé le président du RN Jordan Bardella lors d’une conférence de presse le 11 mai.

Dans son programme pour l’élection présidentielle toutefois, Marine Le Pen défendait l’idée que la France “doit redevenir une grande nation indépendante”. Elle prônait “la création d’une Alliance européenne des Nations qui [aurait] vocation à se substituer progressivement à l’Union européenne”. Et défendait le projet d’une Europe des nations “libres et souveraines”, afin de lutter contre “ceux qui veulent faire de l’Union européenne un super-Etat fédéraliste chargé d’idéologie”.

Au niveau économique, son projet était de “renforcer le patriotisme” et de s’opposer “aux dogmes de la mondialisation sans contrainte”, en appliquant notamment “la priorité nationale” pour les marchés publics. Le RN souhaitait également permettre aux Français de “pouvoir consommer des produits issus de l’agriculture nationale”, dénonçant une réglementation européenne “trop complexe pour qu’il en aille ainsi”.

Aussi, le parti se donnait pour objectif de “protéger notre économie de la concurrence déloyale et [de] revoir les accords de libre-échange qui ne respectent pas les intérêts de la France”.

L’Union de la droite et du centre (UDC)

Les Républicains (LR), l’Union des démocraties et indépendants (UDI) et le Nouveau Centre (NC) font front commun pour les élections législatives, conformément à leur accord du 7 mai 2022. Cette Union de la droite et du centre (UDC) souhaite ainsi que la future Assemblée Nationale puisse “empêcher la concentration des pouvoirs dans les mains du Président de la République”. Le site de l’alliance affirme toutefois que ses “candidats seront une force de proposition et voteront les lois à chaque fois qu’elles iront dans le sens de l’intérêt général” de la France.

Parmi les mesures défendues par la coalition de la droite et du centre figure notamment la volonté de “mettre en place une taxe carbone aux frontières européennes” (qui a fait l’objet d’un accord en Conseil) et d’interdire “l’importation de produits qui ne respectent pas nos normes”.

Afin de “restaurer l’influence de la France en Europe et dans le monde”, l’UDC envisage aussi de “renforcer significativement le budget de la défense”. Elle souhaite également “plafonner” l’immigration à travers l’instauration de “quotas par pays et par métier”.

Pour “libérer notre économie de la bureaucratie et des gaspillages”, le programme de la coalition veut résorber le “pire déficit commercial d’Europe : 84,7 milliards [d’euros]” en réduisant les impôts de production par exemple et défend également l’idée qu’aucune norme française “ne doit être plus contraignante qu’une norme européenne”.

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2 commentaires

  • Avatar privé
    Chanteloup

    Les Français ont choisi de mettre dans l’urne du second tour (législatives 2022) un bulletin qui représente un parti (le RN ou Rassemblement Nazi) violent, séditieux, corrompu et russophile, complotiste et autoritaire, tenu par d’anciens nazillons et dirigé par une incompétente ! On peut compter sur eux pour pourrir la vie politique sans rien proposer…

  • Avatar privé
    Eliopatchikov

    Choisir ? Entre une “extrême gauche” multiforme, composée de Verts, de Communistes, de Socialistes, de Trotskistes, d’islamistes, qui déligitimise constamment les institutions et la police (Mélenchon), et qui se salit elle-même, et une “extrême droite” composée de racistes, de fascistes, qui nous démontre chaque jour son incompétence (M.Lepen, Mélanie Fortier, Bardella,…) et qui nous salit tous.…
    CQFD