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Elections en Autriche : victoire pour le centre-droit, qui pourrait s’allier avec l’extrême droite

Dimanche 15 octobre, le Parti populaire (ÖVP, centre-droit) est arrivé en tête lors des élections législatives autrichiennes. Avec 31,6% des voix, cette formation dirigée par Sebastian Kurz, 31 ans seulement, devance le Parti social-démocrate (SPÖ), qui obtient 26,9% des suffrages, et le Parti de la liberté (FPÖ, extrême droite), qui recueille 26% des voix. Système proportionnel oblige, la constitution d’une coalition est désormais nécessaire et une alliance entre le centre-droit et l’extrême droite apparaît comme la plus probable.

Sebastian Kurz, leader du Parti populaire autrichien, le 15 septembre 2017
Sebastian Kurz, leader du Parti populaire autrichien, le 15 septembre 2017 - Crédits : OEVP / Fotokerschi / Kerschbaummayr

Selon toute vraisemblance, le prochain Premier ministre autrichien sera le plus jeune chef de gouvernement du monde. Sebastian Kurz, 31 ans, tête d’affiche du Parti populaire autrichien et jusqu’ici ministre des Affaires étrangères, a en effet conduit sa formation à la première place lors des élections législatives du 15 octobre.

Victoire de l’enfant prodige

Vu comme le “wunderwuzzi” (l’enfant prodige) de la politique autrichienne, M. Kurz a obtenu 31,6% des suffrages et sera donc en position de force pour constituer le prochain gouvernement de coalition. Ayant pris la direction de son parti au printemps dernier, le chef de la diplomatie autrichienne a donné une cure de jouvence à son camp, qui était pourtant annoncé perdant de ces élections et qui sortait éreinté par dix années d’une grande coalition sous la direction du Parti social-démocrate. Se présentant comme le candidat “de l’alternance” malgré sa place au gouvernement depuis 2011, Sebastian Kurz est donc parvenu à dépoussiérer sa formation politique, en changeant notamment ses couleurs - passant du noir au turquoise - et en intégrant de nombreuses personnalités de la société civile.

Au cours de la campagne, le probable futur Premier ministre a également su capitaliser sur son bilan à la tête du ministère des Affaires étrangères. De fait, Sebastian Kurz a insisté sur son implication dans la fermeture de la “route des Balkans” , ou encore dans l’interdiction du port de la burqa, en vigueur depuis un mois en Autriche. Proche de l’extrême droite sur les questions migratoires, Sebastian Kurz l’est aussi sur le plan économique, estime Stephan Schulmeister, économiste lié au Parti populaire autrichien interrogé par The Guardian, les deux partis défendant une baisse des impôts qui serait surtout favorable aux 50% les plus riches.

Dans ce contexte, la perspective d’une coalition entre l’ÖVP et le FPÖ, que dirige Heinz-Christian Strache, apparaît comme réaliste. Un tel accord entre le centre-droit et l’extrême droite avait d’ailleurs eu lieu de 2000 à 2007, lorsque Jörg Haider (décédé en 2008) était à la tête du FPÖ. Les négociations entre les deux partis devraient rapidement démarrer, mais pourraient néanmoins durer plusieurs semaines.

L’Europe, pierre d’achoppement avec l’extrême droite ?

En effet, certains sujets, au premier rang desquels l’Europe, sont appelés à poser problème. Car si l’extrême droite autrichienne a tempéré son discours sur l’Union européenne ces derniers mois, le parti n’en demeure pas moins profondément eurosceptique. Ce dernier pourrait par conséquent être un partenaire de coalition encombrant pour Sebastian Kurz, alors que ce dernier doit prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne au second semestre 2018. D’autant plus qu’outre l’Intérieur et la Justice, le FPÖ devrait également réclamer le portefeuille des Affaires étrangères pour participer au gouvernement.

Enfin, le jeune dirigeant autrichien aura aussi à composer avec le Parti social-démocrate du chancelier sortant Christian Kern. Le parti de centre-gauche, dont la campagne a été empoisonnée par un scandale de propagation de fausses informations sur le compte de Sebastian Kurz, a obtenu un meilleur score que ne lui prédisaient les derniers sondages. Les thèmes portés par le SPÖ, comme la réduction des inégalités, qui ont fortement augmenté dans ce pays prospère et au taux de chômage enviable (5,4%), auront donc positivement touché une partie importante de l’électorat.

Christian Kern devrait par conséquent conserver la direction du parti, tandis que Sebastian Kurz pourrait aussi être tenté de former une nouvelle “grande coalition” droite-gauche. Pour The Economist, une improbable alliance SPÖ-FPÖ n’est pas non plus à exclure, ce qui serait la preuve ultime qu’en Autriche, pactiser avec l’extrême droite est tout sauf un tabou.

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