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Élections en Allemagne : les sociaux-démocrates légèrement en tête, quelles sont les coalitions possibles ?

Le SPD mené par Olaf Scholz a remporté les élections fédérales allemandes, dimanche 26 septembre, avec 25,7 % des voix. Il devance de peu les conservateurs de la CDU-CSU conduits par Armin Laschet (24,1 %). Mais avec de tels résultats, les deux partis entendent diriger un gouvernement. Quelles coalitions peuvent-ils former ?

S’il a remporté le scrutin fédéral, Olaf Scholz ne peut toutefois pas être certain d’être le prochain chancelier allemand - Crédits : Olaf Kosinsky / Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0 DE

En prédisant la victoire du vice-chancelier et ministre des Finances Olaf Scholz, les sondages ne se sont pas trompés. Selon les résultats provisoires publiés au lendemain du scrutin, les sociaux-démocrates (SPD) l’emportent d’une courte tête avec 25,7 % des suffrages, contre 24,1 % pour la CDU-CSU, l’alliance conservatrice dont est issue la chancelière sortante Angela Merkel. 

Deux autres partis ont émergé au cours du scrutin. En premier lieu, les Verts d’Annalena Baerbock, qui ont obtenu 14,8 % des voix. Viennent ensuite les libéraux du FDP, dirigé par Christian Lindner, avec 11,5 % des votes.

La formation politique d’extrême droite AfD réalise quant à elle un score de 10,3 %. A l’autre extrême de l’échiquier politique, Die Linke a recueilli 4,9 % des suffrages. Enfin, les autres partis totalisent 8,7 % des voix.

Ces résultats constituent un succès électoral pour le SPD, qui gagne plus de cinq points par rapport aux élections fédérales de 2017. En revanche, il s’agit d’une déroute pour la CDU-CSU : les conservateurs perdent près de neuf points et, pour la première fois depuis 1949, obtiennent moins de 30 % des votes.

Les Verts (près de six points de plus qu’en 2017) et les libéraux (un peu moins d’un point supplémentaire) se retrouvent quant à eux en position de force. Etant donné leurs scores relativement importants, ils auront un rôle clé à jouer dans les négociations pour former la nouvelle coalition gouvernementale.

Si l’AfD ne pouvait dans tous les cas espérer entrer au gouvernement - tous les autres grands partis ayant prévenu de longue date qu’ils rejetteraient une coalition avec l’extrême droite -, elle fait néanmoins partie des perdants du scrutin en reculant de plus de deux points. Même constat pour Die Linke, qui accuse une baisse supérieure à quatre points, sous le seuil de représentativité de 5 %, mais qui conservera tout de même quelques députés directement désignés par les électeurs, ces derniers disposant chacun de deux voix dans le système électoral allemand.

Quelles coalitions possibles ?

Dès le lendemain du vote, les tractations partisanes ont débuté afin de former une coalition gouvernementale. Des négociations qui s’annoncent longues, tant le scrutin a été marqué par un émiettement des suffrages. 

Sur 735 députés dans le nouveau Bundestag, le SPD en compte 206, la CDU-CSU 196, les Verts 118, le FDP 92, l’AfD 82, Die Linke 39 et la Fédération des électeurs du Schleswig du Sud, qui représente la minorité danoise, 1 élu.

Dès lors, une nouvelle “GroKo”, cette grande coalition qui rassemble la CDU-CSU et le SPD au sein du même gouvernement depuis 2017, disposerait toujours d’un nombre suffisant de sièges (402) pour gouverner. Mais une telle perspective a été exclue par les deux partis.

A l’heure actuelle, les deux formations gouvernementales les plus plausibles sont ainsi une coalition dite “feu tricolore” entre le SPD, les Verts et le FDP (en référence aux couleurs de ces partis) et une autre appelée “jamaïcaine” (selon les couleurs du drapeau jamaïcain : noir, jaune et vert), entre la CDU-CSU, les Verts et le FDP.

Bien que la CDU-CSU soit arrivée deuxième des élections, un gouvernement dirigé par celle-ci demeure possible, comme le répète à l’envi Armin Laschet. Cette situation s’est en effet produite plusieurs fois, avec Willy Brandt en 1969 et Helmut Schmidt en 1976 et en 1980, deux candidats sociaux-démocrates arrivés au pouvoir bien que leur parti ait été battu par la CDU-CSU au scrutin fédéral.

Dans tous les cas, les Verts et les libéraux sont désormais dans une position de faiseurs de roi. Les premiers sont politiquement plus proches du SPD, notamment en matière écologique. Quand les seconds ont plus d’affinités avec les conservateurs, en particulier sur les questions fiscales. De quoi complexifier encore l’équation politique et pousser les deux formations à discuter d’abord entre elles pour savoir avec qui elles s’allieront.

La construction d’un équilibre en termes de portefeuilles ministériels pour chaque parti ne sera donc pas aisée. Si Olaf Scholz dit qu’un gouvernement devrait être formé “avant Noël”, il a fallu six mois à Angela Merkel pour parvenir à bâtir son dernier exécutif après les élections de 2017.

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