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[Revue de presse] Election présidentielle : l'Europe au coeur du débat

Le 7 mai prochain, les Français devront se prononcer sur deux visions opposées de la France et de l’Europe. D’un côté, le protectionnisme national et le rejet de l’Europe, avec Marine Le Pen, et de l’autre, la défense de l’Europe couplée à une société et une économie ouvertes proposée par Emmanuel Macron. Une opposition frontale qui mène certains commentateurs à comparer le second tour de l’élection présidentielle à un “référendum sur l’Europe”.

Drapeau français et drapeau européen

Des programmes européens antithétiques

“Le second tour de l’élection présidentielle Macron-Le Pen sera un choc fondamental, un choc frontal, presque caricatural (…). Dans un cas l’Europe est le problème, dans l’autre l’Europe est la solution” , assène Franceinfo. Cette dichotomie s’éclaire à travers les discours et les programmes des candidats, à commencer par leurs propositions économiques.

Alors qu’Emmanuel Macron est “favorable à une Europe” qui protège la France “au plan économique, militaire et écologique” [Franceinfo], Marine Le Pen, elle, n’hésite pas à noircir le trait, voir inventer des “faits alternatifs” pour fustiger l’Europe. Le Monde relève par exemple sa déclaration lors de l’émission de TF1 “L’Elysée 2017” , dont la candidate qui s’est dite seulement “soutenue” par le Front national, était l’invitée mardi 25 avril : “l’Europe, c’est 9 milliards que nous perdons chaque année”. Le quotidien ne manque pas de réfuter l’affirmation fallacieuse, rappelant les chiffres du Parlement européen qui établissent la contribution nette de la France à 4,5 milliards d’euros en 2015.

Faisant fi des chiffres et données apportés par les journalistes, Marine Le Pen a également affirmé que “tous les Français ont constaté une explosion des prix au moment du passage à l’euro. Les chiffres mentent. J’appelle à témoin tous ceux qui nous regardent et qui ont vu que les prix de la consommation courante avaient considérablement augmenté” , rapporte Le Monde. En conséquence, la candidate souhaite “le rétablissement d’une monnaie nationale adaptée à notre économie, levier de notre compétitivité”, afin de “soutenir les entreprises françaises et de récupérer la souveraineté monétaire” (engagement numéro 35 de son programme) [La Croix].

À l’inverse, souligne La Croix, “Emmanuel Macron s’affirme fondamentalement pro-euro, tout en voulant remédier aux défauts de fabrication de la monnaie unique et aux dysfonctionnements de certaines règles européennes” . Il souhaite “renforcer la monnaie unique avec la création d’un Parlement, d’un ministre des Finances et de l’Économie et d’un budget de la zone euro, qui concerne 19 pays” [Franceinfo].

L’Economie n’est pas le seul domaine sur lequel les deux candidats s’affrontent. Emmanuel Macron, “Européen convaincu (…), défend le maintien de l’espace Schengen dont la suspension occasionnelle doit rester, selon lui, ‘limitée aux situations d’urgence’ ” [La Croix]. Il propose la création de postes de policiers supplémentaires pour surveiller les frontières européennes et prône le renforcement du corps des garde-frontières européens. Inversement, Marine Le Pen souhaite rétablir les frontières entre les Etats et abolir l’espace Schengen. Elle considère en effet que “l’abolition progressive des frontières” est une “erreur majeure”, responsable de l’explosion du terrorisme.

Le Pen se dit “Européenne” , Macron se défend d’être “eurobéat”

Dans son éditorial pour La Tribune, Philippe Mabille cite la déclaration du maire de Lyon et soutien de M. Macron, Gérard Collomb, qualifiant le second tour d’un “référendum pour ou contre l’Europe” . Selon l’éditorialiste, “ce sera le match retour du référendum de septembre 1992 sur le traité de Maastricht, passé ric-rac avec 51,04% de ‘Oui’ et de celui sur la constitution européenne de 2005 (54,68% de ‘Non’)” . Sur RTL, Jacques Lévy confirme cette analyse. Selon lui, “la carte qui compare le vote en faveur d’Emmanuel Macron et celui en faveur de Marine Le Pen ressemble énormément à la carte de Maastricht en 1992”. Il note que les grandes villes, qui ont massivement voté “oui” au traité de Maastricht, ont également voté pour le candidat d’En Marche le 23 avril dernier.

En cas de victoire le 7 mai, la candidate frontiste propose pour sa part une stratégie pour l’Europe qui se traduira par l’organisation “d’un référendum sur la sortie de notre pays de l’Union européenne dans les six mois qui suivront son élection. Elle s’engage également à démissionner dans l’hypothèse où les Français répondraient non lors de ce vote” [Franceinfo]. Cependant, lors de son intervention sur TF1 mardi 25 avril, la candidate a quelque peu atténué sa position. “Je ne suis pas une adversaire de l’Europe. Je me sens Européenne, Française d’abord mais Européenne”, a-t-elle ainsi affirmé [RTL]. S’appuyant sur l’exemple du Brexit, Marine Le Pen a exposé son programme : “ ‘Je vais entrer en négociations pour restaurer la souveraineté [de la France].’ Voilà pour le plan A. ‘Soit l’Union européenne accepte, soit elle se radicalise.’ Il sera alors temps d’enclencher un plan B, et de soumettre aux Français un ‘Frexit’ par référendum” , rapporte Europe 1.

De son côté, afin de relancer l’adhésion des citoyens au projet européen, “Emmanuel Macron propose, lui, de tenir des ‘conventions démocratiques’ dans les 27 États à la fin de l’année 2017” [La Croix]. Il compte également sur une initiative franco-allemande, qui “servirait de base à un ‘nouvel élan européen’ avec les pays volontaires. Soit l’acceptation assumée d’une Europe à géométrie variable” . En effet, pour lui, “l’Europe, c’est le plus profond de ce que nous sommes, nous Français. L’Europe, c’est notre identité, notre destin, notre horizon culturel, historique, politique, et économique” , rappelle Franceinfo.

Malgré la crainte d’un “saut dans le vide” associée à la proposition d’une sortie de l’euro de Marine Le Pen, cela “n’a pas dissuadé près d’un électeur sur deux de voter, certes avec des sensibilités différentes, pour une rupture radicale avec l’Europe telle qu’elle est”, rappelle en conclusion l’éditorialiste Philippe Mabille. En conséquence, Emmanuel Macron a commencé a souligné qu’il n’était pas, “contrairement à ce dont l’accuse Marine Le Pen, un ‘eurobéat’ ” . L’ancien ministre de l’Economie a même reconnu que “si rien ne bouge, il n’y aura plus de zone euro dans dix ans” [La Tribune].

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