La campagne aura été “tumultueuse”, selon le quotidien MF Dnes. Aujourd’hui et demain, les électeurs tchèques sont appelés aux urnes afin de désigner le successeur du “très clivant” président Miloš Zeman [Courrier international].
“Les sondages entre les deux tours donnaient une quinzaine de points d’avance au général [Petr] Pavel” face à “l’ex-Premier ministre Andrej Babiš, un milliardaire devenu politicien aux accents populistes” [Le Soir]. Avec le ralliement des principaux candidats éliminés au premier tour les 13 et 14 janvier derniers, Petr Pavel a donc “toutes les chances d’être élu samedi soir”, selon Libération.
En République tchèque, “le rôle du président est essentiellement cérémoniel mais reste très influent”, rappelle la BBC. Outre la nomination du gouvernement, le chef de l’Etat “négocie les traités internationaux et est officiellement le chef des armées” [Ouest-France]. Pour autant, “tous ceux qui ont été élus (Václav Havel, Václav Klaus et Miloš Zeman) après la chute du communisme en 1989 étaient des personnalités de poids”, explique le politologue Jan Charvát dans L’Opinion. “Ils sont tous intervenus sur la scène politique au-delà des pouvoirs conférés par la constitution”, ajoute-t-il.
Le milliardaire…
Alors qu’il “rêve de remplacer son ami, l’actuel président Miloš Zeman, au château de Prague” [Ouest-France], M. “Babiš mène une campagne répugnante, pleine d’inexactitudes ou de mensonges purs et simples” [Hospodářské noviny]. “Il est en train de perdre, et donc il fait appel aux instincts les plus bas”, poursuit le journal économique édité dans la capitale. Un sentiment partagé par l’hebdomadaire Respekt, comme le rapporte Courrier international : “Andrej Babiš a choisi la peur comme instrument de lutte pour la présidence”. “Il sous-entend : ‘Elisez Pavel et vous aurez la guerre’. Il est difficile d’imaginer plus sale mensonge”, poursuit le journal.
Le milliardaire tchèque “a même rejeté l’un des principes les plus sacro-saints de l’Otan : défendre les autres membres en cas d’attaque” [Politico]. L’ancien Premier ministre avait en effet déclaré lors d’un débat télévisé dimanche dernier qu’il voulait la paix : “Et en aucun cas je n’enverrai nos enfants ou les enfants de nos femmes à la guerre”, cite le média.
Sa réponse “a provoqué un tollé en République tchèque comme dans les pays voisins, l’article 5 du [traité de l’Atlantique nord] obligeant ses Etats membres à se prêter assistance en cas d’attaque” [La Croix]. “L’homme d’affaires est ensuite revenu sur ses propos, mais le mal était fait”, à en croire le quotidien chrétien.
Andrej Babiš “n’est ni mauvais ni un agent de Poutine”, tempère toutefois le média tchèque MF Dnes. “Ce n’est pas un candidat pro-russe à proprement parler”, confirme de son côté Jan Charvát dans L’Opinion : “c’est [seulement] un politicien pragmatique qui prend ses décisions en fonction des sondages et du sentiment général”.
… et le militaire
Face à lui, “Petr Pavel, 61 ans, est un ancien parachutiste, héros de la guerre en ex-Yougoslavie”, explique Le Temps. “L’officier s’est fait connaître pour avoir libéré, en 1993, des troupes françaises assiégées par les Serbes lors de la guerre de Bosnie” [La Croix].
“Cet ancien président du comité militaire de l’Otan et ancien chef d’état-major tchèque (2012-2015) est soutenu par le Premier ministre en exercice de centre droit, Petr Fiala” [Ouest-France]. “Danuše Nerudová, qui est arrivée à la troisième place du premier tour, a affiché ouvertement son soutien à Petr Pavel pour le second” [Radio Prague International].
Son programme “prévoit le maintien d’un ancrage fort de la République tchèque dans l’Union européenne et l’Otan et il s’est prononcé fermement en faveur d’une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine contre l’invasion de la Russie”, résume la BBC. “Il soutient également l’adoption de l’euro et des politiques progressistes telles que le mariage gay”, complète le média britannique. “En promettant l’ordre, il mord sur un électorat nationaliste voire d’extrême-droite, très loin de sa base électorale libérale, pro-européenne, plutôt citadine”, commente le professeur Lukáš Macek, ancien conseiller politique dans le pays [La Croix].
“Le militaire a bien un talon d’Achille”, relève cependant le journal. “On lui reproche d’avoir rejoint le Parti communiste dans sa jeunesse, et d’avoir gravi les échelons jusqu’à vouloir devenir agent du renseignement militaire”, poursuit le quotidien. “Ils ont tous les deux fait partie de l’élite du régime communiste d’avant 1989″, rapporte RFI, qui suggère que les candidats ont “des dossiers peu reluisants dans des archives qui restent au centre du débat politique tchèque, 34 ans après la Révolution de velours”.
“Les bureaux de vote sont ouverts de 14 h à 22 h ce vendredi et de 8 h à 14 h samedi. Les résultats définitifs devraient être connus dans l’après-midi de samedi”, fait savoir Radio Prague International. Le nouveau chef de l’Etat prendra ses fonctions le 9 mars 2023.
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