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Catalogne : l’arrestation de Carles Puigdemont en Allemagne déclenche des manifestations

Dimanche 25 mars, l’ex-président catalan Carles Puigdemont a été arrêté en Allemagne à la frontière avec le Danemark, suscitant d’importantes manifestations en Catalogne. La justice allemande doit désormais se prononcer sur son éventuelle extradition vers l’Espagne.

Manifestation à Barcelone contre l'arrestation de Carles Puigdemont
Manifestation du dimanche 25 mars à Barcelone, en réaction à l’arrestation du leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont. Photo : Jordi Ventura - Crédits : Assemblea.cat / CC BY-NC 2.0

Arrêté par les autorités allemandes, dimanche 25 mars, Carles Puigdemont est la “figure de proue du sécessionnisme et l’organisateur du référendum d’autodétermination puni par la justice espagnole” [Libération].

Le Monde rappelle la chronologie des événements. Le 27 octobre 2017, le Parlement catalan proclame unilatéralement l’indépendance de la région, déclenchant la “mise sous tutelle de la Catalogne” par le gouvernement espagnol. Le 30 octobre, Carles Puigdemont, président de la région, fuit l’Espagne et “se réfugie à Bruxelles, avec quatre membres de son gouvernement destitué” . Restés en Espagne, “son ancien vice-président Oriol Junqueras et sept autres ministres indépendantistes, sont emprisonnés pour rébellion et sédition” le 2 novembre. A cet égard, Libération explique que la Belgique constitue “un vrai refuge” pour M. Puigdemont “grâce au soutien des nationalistes flamands, l’appui d’avocats spécialisés et une justice plus réceptive à ses arguments” .

Arrestation organisée ?

De nouveaux rebondissements sont survenus au cours des derniers jours. Vendredi 23 mars, le juge Pablo Llarena de la Cour suprême espagnole a “confirmé des poursuites pour rébellion contre 13 indépendantistes catalans” . Il a aussi “émis ou réactivé des mandats d’arrêt européens et internationaux contre six dirigeants indépendantistes catalans partis à l’étranger” , dont Carles Puigdemont [Le Figaro].

C’est au nom de ce mandat d’arrêt européen que M. Puigdemont a été arrêté dimanche 25 mars, alors qu’il “revenait de Finlande, où il avait donné une conférence pour tenter de sensibiliser la communauté internationale à la cause catalane” précise Courrier International, rapportant les propos du journal espagnol El País. Selon ce quotidien, l’arrestation de dimanche était “une opération conjointe des polices allemande et espagnole, et des services de renseignement espagnols” . Pour Le Temps (Suisse), l’arrestation en Allemagne a un sens particulier : “tout comme en Espagne, le Code pénal allemand est spécialement sévère à l’encontre d’actes visant à la partition du territoire national de façon unilatérale” .

Colère en Catalogne

Quelques heures après l’annonce de l’arrestation de leur ancien président, “55 000 sympathisants indépendantistes (…) ont manifesté devant les bureaux de la Commission européenne et du consulat allemand” à Barcelone [Le Monde]. L’événement a pris fin avec des affrontements entre la police et les manifestants. L’Express avance les chiffres de “90 personnes blessées légèrement à Barcelone, dont 22 policiers” et “7 personnes blessées dans la ville de Lleida, à 150 km à l’ouest, et d’un blessé à Tarragone, plus au sud” .

Parmi les soutiens à Carles Puigdemont, les réactions sont vives. Le Point rapporte les paroles de certains manifestants comme Rosa Vela, une professeure de 60 ans : “ce qu’ils nous font est totalement démesuré. Ils nous traitent comme des criminels parce que nous réclamons l’indépendance” . D’autres accusent l’Europe d’être “une honte” et appellent à la “liberté pour les prisonniers politiques” [Le Figaro]. Le PDeCAT, la formation de M. Puigdemont, considère que “Madrid ne garantit pas un procès juste” pour leur leader, craignant même “un verdict vengeur” [Le Temps]. De son côté, la numéro 2 du gouvernement de Mariano Rajoy, Soraya Sáenz de Santamaria, a pu afficher sa joie : “l’indépendantisme a été décapité” , a-t-elle déclaré [Libération].

Et après ?

Comme l’explique Le Point, la justice allemande doit désormais établir “si une remise de Carles Puigdemont aux autorités espagnoles est juridiquement fondée” . Si c’est le cas, “le procureur général de Schleswig” , ville située près de la frontière danoise où M. Puigdemont a été arrêté, “est compétent pour sa mise en œuvre” . Pour le moment, “l’ex-dirigeant catalan [est] actuellement en détention” .

Le Monde précise que “la justice allemande doit se prononcer dans les 48 heures sur sa libération conditionnelle” et “elle aura ensuite soixante jours pour se décider” . Contrairement à la Belgique, l’Allemagne reconnaît le crime de “rébellion” , dont est accusé Carles Puigdemont, et pourrait donc décider de son extradition. Si tel devait être le cas, M. Puigdemont risquerait jusqu’à “trente ans de prison” , indique Le Figaro.

Le Temps voit dans cette arrestation une opportunité. Selon le journal, elle pourrait en effet “débloquer la situation en poussant le camp indépendantiste à proposer un candidat non poursuivi par la justice” . Dans le cas contraire, Mariano Rajoy pourrait convoquer de nouvelles élections en Catalogne en mai. “Si les partisans du maintien de la Catalogne dans le giron espagnol l’emportaient” les partisans de Carles Puigdemont “essuieraient un camouflet dont, très certainement, ils auraient du mal à se relever” .

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