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Allemagne : qui sont les candidats à la succession d’Angela Merkel ?

A quelques jours des élections fédérales du 26 septembre en Allemagne, la campagne est menée tambour battant par les candidats des partis politiques pour succéder à Angela Merkel. Portrait des prétendants à la chancellerie.

Armin Laschet (CDU), Annalena Baerbock (Verts) et Olaf Scholz (SPD) sont les candidats des principaux partis politiques allemands
Armin Laschet (CDU), Annalena Baerbock (Verts) et Olaf Scholz (SPD) sont les candidats des trois partis politiques allemands en tête des sondages - Crédits : Wikimedia commons / montage Toute l’Europe

Après 16 années à la tête de la première puissance économique du continent, Angela Merkel ne se représente pas pour un nouveau mandat. Outre-Rhin, les citoyens allemands sont appelés aux urnes le 26 septembre. Ils éliront ainsi un nouveau Bundestag, la chambre basse du Parlement, d’où sera issu le futur gouvernement. Et notamment le prochain chancelier de la république fédérale.

Si trois candidats sont favoris dans les sondages – Olaf Scholz (SPD), Armin Laschet (CDU) et Annalena Baerbock (Verts) – plusieurs autres concurrents entendent tirer leur épingle du jeu. En fonction des résultats du scrutin, ces derniers pourraient faire partie de la prochaine coalition appelée à diriger le pays. Qui sont-ils ?

Olaf Scholz, le candidat social-démocrate

Originaire du Land de Basse-Saxe, au nord-ouest du pays, Olaf Scholz peut s’appuyer sur une longue expérience politique. Aujourd’hui âgé de 63 ans, cet ancien avocat entre au Parti social-démocrate (SPD) en 1975. Il est élu pour la première fois député en 1998. 

Olaf Scholz
Olaf Scholz - Crédits : Union européenne

Membre de l’aile droite de son parti et proche de l’ancien chancelier Gerhard Schröder (dont il défend la libéralisation du marché du travail au début des années 2000), il devient ministre du Travail et des Affaires sociales de 2007 à 2009. Il développe alors le chômage partiel pour les salariés et met en place un salaire minimum (par branches professionnelles). 

Maire de Hambourg de 2011 à 2018, il est ensuite nommé vice-chancelier et ministre des Finances au sein du nouveau gouvernement de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates. Il revendique alors un attachement à la rigueur budgétaire, qu’il ne cessera de réaffirmer y compris lors de sa campagne électorale. 

Face à la pandémie de Covid-19, il lance en 2020 un plan de sauvetage de 1 100 milliards d’euros dans son pays et soutient l’endettement commun des Etats membres, concrétisé par le plan de relance européen de 750 milliards d’euros. 

Après avoir échoué à obtenir la présidence de son parti en novembre 2019, Olaf Scholz est toutefois désigné candidat du SPD à la chancellerie en août 2020. Modéré, connu pour son pragmatisme et son allure parfois austère, il s’affiche en continuateur de la politique menée par la chancelière, pourtant issue du parti concurrent. Il est aujourd’hui en tête des sondages, devançant son principal concurrent d’au moins 6 points. 

Armin Laschet, le candidat conservateur

Catholique, libéral, rhénan”. C’est ce triptyque qu’utilise la radio publique de Munich BR24 pour désigner Armin Laschet. Né en 1961, celui-ci grandit à Aix-la-Chapelle, à la frontière de la Belgique et des Pays-Bas, où il adhère dès le plus jeune âge à l’Union chrétienne-démocrate (CDU).

Armin Laschet
Armin Laschet - Crédits : Steffen Prößdorf - Wikimedia commons CC-BY-SA-4.0

Ancien journaliste et fervent catholique, Armin Laschet a également une bonne connaissance des institutions. D’abord élu au Bundestag en 1994, il échoue à se faire réélire pour un second mandat. Il siège ensuite au Parlement européen de 1999 à 2005.

A 60 ans, cet homme politique aguerri dirige aujourd’hui le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région la plus peuplée du pays. Lors de la crise migratoire de 2015, il est l’un des rares à soutenir franchement la politique d’accueil de Syriens et d’Afghans annoncée par Angela Merkel. Dix années plus tôt, il avait déjà reçu le surnom d’ ”Armin le Turc” au sein de la CDU, en raison de sa politique d’intégration mise en place au niveau régional. 

S’il promeut une ligne centriste et pro-européenne et entend s’inscrire dans la continuité de la politique d’Angela Merkel, Armin Laschet s’est déjà cependant montré plus conservateur sur certaines questions, comme les droits des couples homosexuels.

Son parti devançait de loin les sociaux-démocrates et les écologistes dans les sondages début 2020 et atteignait encore 30 % des intentions de vote en début d’année suivante. Pourtant, la campagne électorale d’Armin Laschet après sa désignation comme candidat des conservateurs au printemps 2021 s’est avérée compliquée. Ses contradictions et ses maladresses, en particulier les images le montrant en train de s’esclaffer lors d’une visite aux victimes des inondations de juillet, semblent avoir contribué à la chute de la CDU/CSU à 21 % des intentions de vote à quelques semaines du scrutin.

Annalena Baerbock, la candidate écologiste

Ancienne championne de trampoline, Annalena Baerbock est la candidate des Verts au poste de chancelière.

Annalena Baerbock
Annalena Baerbock - Crédits : Michael Brandtner / Wikimedia commons CC-BY-4.0

Née à Hanovre, dans le Land de Basse-Saxe, elle est dès l’enfance entraînée par ses parents dans des manifestations anti-nucléaires. Après des études de sciences politiques et de droit à Hambourg (2000-2004) puis un master à la London School of Economics, elle travaille auprès de l’eurodéputée verte Elisabeth Schroedter.

En 2009, elle devient présidente de la fédération régionale des écologistes du Brandebourg, dans l’est du pays. Elle est ensuite élue au Bundestag en 2013, où elle s’implique dans la commission de la Famille ainsi que celle des Affaires économiques et de l’énergie.

Souvent considérée comme pragmatique et ambitieuse, Annalena Baerbock se fait connaître rapidement sur la scène politique nationale. Depuis 2018, elle partage la co-présidence du parti écologiste avec Robert Habeck, un temps pressenti pour être lui-même candidat. Elle défend une ligne centriste, au point d’envisager une coalition avec la CDU d’Armin Laschet.

Plusieurs affaires ont toutefois écorché son image, enrayant la dynamique de sa campagne électorale. Après avoir gonflé son CV, elle a été accusée d’avoir plagié plusieurs articles dans son dernier livre. Un temps favorite des sondages, elle est désormais troisième dans les enquêtes d’opinion, derrière les candidats social-démocrate et conservateur.

Christian Lindner, le candidat libéral

Christian Lindner est le président du Parti libéral-démocrate (FDP) depuis 2013. Originaire de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, cet entrepreneur s’est d’abord engagé sur la scène politique régionale.

Christian Lindner
Christian Lindner - Crédits : Michael Lucan / Wikimedia commons CC-BY-SA-3.0-DE

Né en 1979, Christian Lindner est un homme pressé. Il adhère très tôt au FDP puis, dès ses 21 ans, commence sa carrière au parlement régional de son Land, devenant le benjamin de l’assemblée. Il fonde dans le même temps une société qui finit par faire faillite, avant de rejoindre les bancs du Bundestag en 2009, à 30 ans.

Il devient ensuite secrétaire général du FDP. En 2013, alors que celui-ci vient de connaître le plus grand désastre électoral de son histoire en ne remportant aucun siège aux élections fédérales, il en devient le président. Il s’éloigne alors de certaines thèses jusque-là défendues par son parti, prônant par exemple la sortie de la Grèce de la zone euro et durcissant son discours sur l’immigration. Il soutient également que l’Allemagne doit se rapprocher de la Russie. 

Déjà candidat à la chancellerie en 2017, Christian Lindner avait marqué les esprits en décidant de se retirer des négociations visant à former une coalition “jamaïcaine” entre la CDU, le FDP et les Verts. “Mieux vaut ne pas gouverner que mal gouverner”, avait-il déclaré.

Critique vis-à-vis de la gestion de la pandémie de coronavirus par Angela Merkel et notamment opposé à la quarantaine, il met aujourd’hui en avant les thèmes traditionnels de son parti, comme la réduction des impôts. 

Dietmar Bartsch et Janine Wissler, les candidats de la gauche radicale

A la gauche du SPD, le partie Die Linke (“la gauche”) a désigné un binôme pour mener le combat.

Janine Wissler et Dietmar Bartsch
Janine Wissler et Dietmar Bartsch - Crédits : compte twitter @Janine_Wissler et Die Linke / Wikimedia commons CC-BY-2.0

Dietmar Bartsch est né en 1958. Après une thèse de doctorat à Moscou en 1990, il revient à Berlin, où il travaille pour un journal marxiste. Il cumule presque vingt ans d’expérience au Bundestag, toujours élu sur la liste du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au nord-est de l’Allemagne. Particulièrement engagé dans la lutte contre la pauvreté infantile, Dietmar Bartsch pourrait devenir ministre en cas de coalition avec le SPD et les Verts.

Janine Wissler semble être moins disposée à un tel cas de figure. A 40 ans, cette membre du parlement régional de Hesse représente l’aile gauche de Die Linke. Elle vit à Francfort-sur-le-Main, dans l’ouest du pays. Connue pour être une bonne oratrice, elle a déjà négocié à deux reprises avec le SPD et les Verts en vue d’une coalition dans son Land. Deux tentatives soldées par des échecs.

Alice Weidel et Tino Chrupalla, les candidats d’extrême droite

Le parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) a également choisi deux têtes d’affiche pour les élections fédérales. Tous les deux proviennent de la ligne dure de la formation politique.

Alice Weidel et Tino Chrupalla
Alice Weidel et Tino Chrupalla - Crédits : Olaf Kosinsky / Wikimedia commons CC-BY-SA-3.0-DE

Alice Weidel a un profil inhabituel pour l’extrême droite. Née en 1979, cette économiste a travaillé dans l’univers de la banque et de la finance et parle couramment le mandarin. Sa compagne est une femme d’origine sri-lankaise, avec laquelle elle élève deux enfants en Suisse. Elle dirige le groupe parlementaire de l’AfD au Bundestag depuis 2017, date à laquelle sa formation politique et ses 94 députés sont entrés en force au Parlement. Le Figaro la présentait à cette occasion comme “l’anti-islam, l’anti-Merkel, l’anti-Europe”.

Tino Chrupalla est aussi devenu député au Bundestag en 2017. Ancien peintre en bâtiment, il est élu en Saxe, dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Il avait fait polémique en dénonçant la politique migratoire d’Angela Merkel à travers le terme nazi d’ ”Umvolkung”, un concept proche du “Grand remplacement”. Tino Chrupalla affiche par ailleurs une certaine proximité avec les anciens meneurs de la mouvance radicale der Flügel (“l’aile”) de l’AfD, officiellement dissoute.

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1 commentaire

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    Grisard

    Bonjour
    Ça fait plaisir de voir un renouvellement démocratique avec de nouveaux arrivants représentatifs
    Cordialement