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Vers une identité numérique européenne ?

La Commission européenne a proposé jeudi 3 juin de développer une identité numérique accessible à tous les Européens. Destiné à faciliter les démarches administratives à l’étranger, ce coffre-fort de données personnelles permettrait aussi de protéger les citoyens face aux géants du numérique.

Les commissaires européens Margrethe Vestager et Thierry Breton ont présenté hier le projet d'identité numérique européenne
Les commissaires européens Margrethe Vestager et Thierry Breton ont présenté hier le projet d’identité numérique européenne - Crédits : Union européenne 

Avec ce nouveau “portefeuille virtuel”, l’Union européenne veut “nous faciliter la vie”, a martelé la commissaire européenne Margrethe Vestager, citée par La Croix. Aux côtés du commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge du Numérique a en effet proposé jeudi 3 juin de mettre en place “une carte d’identité numérique à l’échelle de l’Union européenne” [Politico].

Un tel portefeuille électronique devrait permettre à tout citoyen ou résident européen de s’identifier, en ligne comme dans le monde réel, et de stocker une batterie de documents administratifs attestant de ses droits”, comme conduire, résider, travailler ou étudier [Les Echos]. “L’idée n’est pas de pousser les Européens à partager plus de données, mais bien de leur permettre de s’identifier en ligne au-delà des frontières de leur pays”, souligne La Croix.

Et l’exécutif européen entend faire valoir l’utilité d’un tel dispositif. L’identité numérique commune permettra par exemple “à des jeunes de prouver leur âge dans un bar d’un autre pays, sans que le serveur sache où ils vivent. Cela vous permettra aussi de louer facilement un appartement dans un autre Etat”, a détaillé hier Margrethe Vestager [Le Temps].

Utilisable avec son téléphone portable et gratuit, cet “e-wallet” ne revêtira pas de caractère obligatoire. Par ailleurs, “l’utilisateur sera en capacité de déterminer quels éléments de son identité, quelles données ou certificats seront partagés avec des tiers, afin de limiter l’accès à ses informations personnelles au strict nécessaire” [Ouest-France]. A ce sujet, et contre les risques de piratage, “Bruxelles promet des normes de sécurité ‘au meilleur niveau’ “, indique le quotidien régional.

Des données personnelles mieux protégées

Question sensible s’il en est, la préservation des données personnelles devrait être renforcée avec ce nouveau système. La Commission entend “imposer une séparation structurelle empêchant les entreprises qui accèdent aux données des utilisateurs de les utiliser pour toute autre activité commerciale, comme la promotion de nouveaux produits” [The Irish Times]. Ainsi, les sociétés ayant accès aux données personnelles via ce nouveau système d’identification ne pourront pas les réutiliser. Le dispositif “sera bien plus solide que les systèmes que l’on trouve aujourd’hui sur les plateformes”, a assuré le commissaire européen Thierry Breton [Les Echos].

L’objectif affiché est donc de préserver les données de l’usage qu’en font les multinationales de la tech. “La Commission explique qu’elle a besoin d’un nouveau système d’identification parce qu’elle souhaite que les résidents de l’UE gardent le contrôle de leurs données, plutôt que de les partager avec des géants de la technologie comme Google et Facebook”, relate Politico. Plutôt que d’utiliser son compte Facebook pour se connecter à d’autres sites web ou applications, les citoyens pourront utiliser “une identité électronique européenne sécurisée” grâce à laquelle “nous pouvons contrôler par nous-mêmes quelles données sont utilisées et de quelle manière elles le sont”, fait valoir l’exécutif européen [Politico].

Ce projet s’inscrit dans les priorités de l’Union européenne en matière de numérique. La Commission “s’est notamment fixé pour objectif d’ici à 2030 que tous les services publics de l’UE soient disponibles en ligne et que tous les citoyens aient accès à un dossier médical électronique”, rappelle Ouest-France. Elle vise également à ce que 80 % des Européens utilisent une solution d’identification numérique à cette date, poursuit le journal.

Dossier épineux

Plusieurs pays ont déjà un système d’identification en ligne. “Selon le décompte de la Commission, seuls 59 % de la population de l’UE, répartis dans 14 Etats membres, ont accès à de tels dispositifs nationaux d’identité digitale, très développés par exemple dans les pays baltes, Estonie en tête”, font savoir Les Echos. “Au niveau européen, chaque pays décidera souverainement de la manière dont sera créée son identité nationale : par l’Etat, par des privés, ou par un partenariat mixte”, détaille Le Temps. Pour Les Echos, “tout l’enjeu sera de pousser les 13 autres Etats membres à lancer de tels dispositifs et à les rendre interopérables à travers le continent”.

Pour ce faire, la Deutsche Welle annonce que “la Commission prévoit de discuter [de ce projet] avec les Etats membres de l’UE et souhaite les amener à se mettre d’accord sur les détails techniques d’ici l’automne afin que les projets pilotes puissent commencer”. Il faudra le feu vert du Parlement européen et des Vingt-Sept pour que ce système entre en vigueur. Des pourparlers qui risquent de s’avérer difficiles. “Dans les arcanes européens, les dossiers qui touchent à une matière aussi sensible que les données personnelles en ligne sont souvent particulièrement épineux et donnent généralement beaucoup de fil à retordre aux négociateurs”, prévient La Croix.

Au niveau technique, “le calendrier ne semble pas déraisonnable”, considère Le Temps. Pour le journal suisse, “les avancées rapides sur le certificat covid européen […] montrent que l’Union a les capacités de créer les bases pour des systèmes interopérables”.

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