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Une facilité de crédit pour les banques en restructuration ? Pas si sûr…

Un mini-feuilleton s’est déroulé cette semaine avec pour protagonistes le Premier ministre irlandais et les services de la Banque centrale européenne. Dans l’attente des “stress tests” sur les banques du pays, qui suscitaient beaucoup d’anxiété en Irlande, Enda Kenny aurait presque réussi à convaincre la BCE de mettre en place un nouveau mécanisme : une facilité de crédit à destination des banques en restructuration. Presque…

Pour leur fonctionnement quotidien, les banques se prêtent de l’argent les unes aux autres. Sauf en temps de crise, où les difficultés de chacune ainsi qu’une méfiance réciproque entraînent un gel de ces prêts. C’est là que les banques centrales doivent intervenir en prêtant elles-mêmes aux banques l’argent que celles-ci ne peuvent plus obtenir de leurs consœurs.

C’est ce que fait depuis six mois la Banque centrale européenne vis-à-vis des banques irlandaises, très durement touchées par la crise. Pour les aider à se remettre à flot, elle leur prête sans restriction l’argent dont elles ont besoin : en tout, ce sont 150 milliards d’euros de prêts à court terme dont ont bénéficié les six banques du pays.

La BCE veut fermer les robinets

Cette démarche, nécessaire pour assurer la viabilité du système bancaire irlandais, contredit néanmoins en partie l’objectif de la BCE de maintenir le taux d’inflation à un niveau le plus bas possible. En mars, celle-ci est remontée à 2,6%, selon Eurostat.

Aussi la BCE souhaitait progressivement mettre un terme à ce soutien, comme elle l’a annoncé la semaine dernière. Mais aurait-ce été bien sage, au moment où allaient être publiés les résultats des “stress tests” sur les banques irlandaises, ces tests évaluant leur résistance à une éventuelle crise financière ?

Ces résultats, qui devaient être publiés en fin de journée hier, s’annonçaient mauvais pour les banques irlandaises. Selon les estimations, le plan de soutien de 35 milliards concédé à l’Irlande par le FMI et l’Union européenne n’aurait pas été suffisant pour faire face aux besoins de recapitalisation des banques, c’est-à-dire l’argent qu’elles doivent détenir à plus long terme.

Insistances irlandaises

Par anticipation, le nouveau Premier ministre irlandais Enda Kenny, alarmé par les annonces de la BCE, lui a lancé plusieurs appels pour lui demander de ne pas interrompre son soutien. Appel auquel Jean-Claude Trichet n’aurait pas été insensible, au contraire, puisque des sources au sein de ses services ont annoncé ce week-end être en train de préparer une nouvelle “facilité” pour aider les banques en restructuration à se refinancer. Conçu en pensant à la situation irlandaise, elle aurait visé toutes les banques en difficultés dans la zone euro.

Fort de ce nouvel outil, l’Irlande n’aurait plus eu besoin de réclamer à l’Union européenne un volume de prêts plus important, si les stress tests avaient été trop négatifs. La BCE devait l’annoncer hier.

Résistances européennes

Mais c’était sans compter les dissensions au sein de son Conseil des gouverneurs. Rassemblant les gouverneurs des banques centrales nationales, c’est l’organe qui prend toutes les décisions stratégiques de la BCE. Et, en particulier, celle de ne pas se lancer dans cette direction. “Il s’agit d’une négociation politique aux enjeux élevés ; c’est un peu gros à avaler pour la BCE. C’est une discussion difficile et délicate des deux côtés.” a déclaré une source à Reuters.

En fin de compte, la banque a tout de même fait un geste vis-à-vis de l’Irlande, même s’il va moins loin que le projet initial. La BCE allégera ses exigences de garanties pour les prêts aux banques. Ainsi, même si la note de l’Irlande était à nouveau dégradée, les banques ne seraient pas pénalisées au cours de leurs emprunts à la BCE.

En outre, les résultats des stress tests sont désormais tombés, et ils ne sont pas aussi dramatiques que prévu : les banques vont avoir besoin de 24 milliards d’euros supplémentaires, ce qui rentre dans le cadre du plan européen.

Qu’est ce que le mécanisme européen de stabilisation ? Comment fonctionne-t-il ? Découvrez-le grâce à notre animation interactive.

Suite et fin au Conseil Ecofin ?

Malgré la déception initiale, les nouvelles sont plutôt bonnes pour le gouvernement irlandais. La BCE n’arrêtera pas le crédit à ses banques, et pour les recapitalisations, le plan d’aide négocié en fin d’année dernière suffit. Dublin espère donc pouvoir être en mesure de renégocier les taux auquel elle bénéficie de ces fonds, levés par le mécanisme européen de stabilité financière. A 5,8%, elle juge ce taux trop contraignant.

Mais pour le reste des pays de l’Eurogroupe, cette question reste liée aux efforts que voudra bien consentir Dublin sur sa fiscalité sur les entreprises, considérée par beaucoup comme du dumping fiscal. Pour Enda Kenny, il n’est pas question de céder sur cette question. Tout se jouera pour lui au Conseil informel des ministres des Finances des 6 et 7 avril.


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