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Sur les chemins du XXe siècle européen

Que reste-t-il du XXe siècle européen ? Pour répondre à cette question, le journaliste et écrivain néerlandais Geert Mak s’est lancé, en 1999, dans un périple d’un an qui l’a vu traverser l’Europe en remontant le temps. Il en a tiré un gros livre de mille pages, à mi-chemin entre le carnet de voyage et le récit historique, qui se lit comme les meilleurs romans.

Nourri de lectures et de rencontres, le journaliste déambule dans les capitales européennes, Londres, Berlin, Vienne, Paris, Prague… sur les traces des personnages qui ont marqué le siècle de leur empreinte. Son enquête le conduit notamment sur la tombe - étrangement fleurie - du père d’Adolf Hitler dans la banlieue de Linz, dans l’hôtel bavarois qui a servi de théâtre à la Nuit des longs couteaux, dans le petit cabinet de travail londonien depuis lequel Winston Churchill a conduit la guerre entre 1943 et 1945.

Parallèlement à cette enquête émaillée d’anecdotes savoureuses et parfois terrifiantes, l’auteur donne la parole à des dizaines de témoins pris dans la tourmente de la “grande” histoire : Lucienne Gaillard, résistante picarde, Anna Smirnova, actrice de théâtre dans le Leningrad assiégé, Wladek Matwin, militant communiste polonais sous l’ère stalinienne. On croise aussi, à quelques centaines de pages d’intervalle, Winrich Behr, aide de camp du maréchal Paulus à Stalingrad et Max Kohnstamm, prisonnier de guerre néerlandais, qui finiront par travailler ensemble au sein de la Haute-Autorité de la CECA ! On mesure par ce procédé balzacien la singularité et la rapidité du processus de réconciliation entrepris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Lieux de mémoire européens

La route de Geert Mak passe également par ces “lieux de mémoire” européens dont les noms évoquent à eux seuls les malheurs du siècle passé : Ypres, Guernica, Stalingrad, Auschwitz, Oradour-sur-Glane, Tchernobyl, Srebrenica… Les témoignages des survivants, les cicatrices urbaines, le décompte des victimes permettent de mesurer les privations, massacres, débâcles, déplacements qu’ont eu à subir les Européens, surtout au cours de la première partie du siècle.

Après 1945, la vie quotidienne s’améliore nettement, du moins pour la partie du continent qui a eu la chance de ne pas être libérée par les troupes soviétiques. A l’Ouest, l’heure est aux changements de société, à la prospérité matérielle, à la réconciliation entre les nations sous les auspices de la Communauté européenne. Derrière le rideau de fer, en revanche, commence une période de glaciation et de privation de libertés, qui se termine subitement, quasiment sans violence, en 1989. Le XXe siècle européen se clôt avec le terrible conflit yougoslave, dernière éruption de violence sur un contient aujourd’hui apaisé.

A la fin de son périple, Geert Mak est saisi par le doute : “j’ai le sentiment qu’en dépit d’une conscience beaucoup plus claire que par le passé de tout ce qui nous réunit, et de contacts plus étroits entre peuples, l’unité culturelle de l’Europe était beaucoup plus grande au printemps 1914 qu’à présent” . L’incompréhension entre deux Europe séparées pendant 50 ans, la recrudescence des nationalismes, l’oubli des leçons du passé par les nouvelles générations lui inspirent un certain pessimisme sur l’avenir de la construction européenne.

Geert Mak, Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle, Gallimard, 2007

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