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[Revue de presse] Rachat de dettes : la très attendue décision de la Banque centrale européenne

L’institution financière européenne doit dévoiler ce jeudi si elle étoffe dès maintenant le plan d’urgence qu’elle avait lancé en mars face à la pandémie. Une décision très attendue, un mois après l’arrêt de la Cour constitutionnelle allemande remettant en cause sa politique de rachat de dettes.

Jeudi 4 juin, le directoire de la Banque centrale européenne doit annoncer s'il augmente les capacités de son plan de relance face à la pandémie, qu'il avait présenté en mars
Jeudi 4 juin, le directoire de la Banque centrale européenne doit annoncer s’il augmente les capacités de son plan de relance face à la pandémie - Crédits : Flickr European central Bank / CC BY-NC-ND 2.0

“Jusqu’où la Banque centrale européenne peut-elle avaler les dettes de crise des États ?”, s’interroge Le Figaro. Le directoire de l’institution financière européenne doit annoncer aujourd’hui s’il augmente la capacité de son programme d’achat d’urgence contre la pandémie (PEPP). Plusieurs analystes, mais aussi les acteurs des marchés financiers, s’attendent à ce qu’elle renforce son programme de 500 milliards d’euros, “le faisant passer de 750 à 1 250 milliards d’euros” , explique Alain Durré, économiste en chef de Goldman Sachs dans L’Echo.

Sur les 750 milliards d’euros de cette enveloppe initiale […] elle en a déjà utilisé 234 milliards rien qu’en avril et mai” , poursuit Le Figaro, qui estime qu’ “à ce rythme, les 750 milliards seraient épuisés en octobre. D’où l’anticipation des marchés d’une annonce par Christine Lagarde d’un nouveau paquet de 500 milliards” . En valeur, ce sont les obligations allemandes qui ont principalement été rachetées par la BCE, notent Les Echos. Mais c’est l’Italie “qui a le plus profité de la manne de la BCE” , poursuit le media, en comparaison de ce qu’elle aurait du recevoir avec un calcul simple basé sur sa part dans le capital de l’institution. D’où la nécessité de poursuivre le programme de rachat de dettes, “faute de quoi, la défiance pour la dette italienne risquerait à nouveau de faire flamber dangereusement ses taux d’intérêt, comme en mars” , prévient Le Figaro.

Un équilibre difficile à trouver

Des voix s’élèvent ainsi pour que la BCE renforce son action immédiatement. Pourtant, “moins d’un tiers de [la] somme” a été dépensée jusqu’à présent, ce qui pourrait conduire l’institution à “attendre sa réunion de juillet, voire de septembre, pour augmenter [son programme de rachat]”, analyse le Financial Times. Plusieurs analystes au sein de la banque nordique Nordea estiment ainsi que “Lagarde pourrait être tentée de maintenir la pression sur les responsables politiques pour qu’ils concluent l’accord sur [le plan de relance européen] avant que la BCE n’accélère à nouveau les achats d’actifs” [Politico]. De quoi inciter les gouvernements à augmenter “les dépenses pour le bien de l’économie” sans compter “uniquement sur la banque centrale” , poursuit le média.

Une partie de la pression sur la BCE a été levée depuis que l’UE a proposé” , à la fin du mois de mai, de “créer un fonds de relance de 750 milliards d’euros” pour “soutenir les pays de la zone euro les plus touchés par la pandémie” , rappelle le Financial Times. Celui-ci fait cependant “toujours l’objet de débats et ne devrait pas avoir beaucoup d’impact avant l’année prochaine” , tempère le journal. Ce qui laisse “la BCE et, dans la mesure de leurs possibilités, les gouvernements nationaux comme seuls acteurs en mesure de rattraper une économie encore en chute libre” , estime Politico.

Francfort contre Karlsruhe

La décision de la BCE est d’autant plus attendue qu’elle intervient dans un contexte juridique et politique tendu. Son précédent programme de rachat massif de dettes d’Etats, lancé en 2015, a en effet été mis en cause par la Cour constitutionnelle allemande le 5 mai dernier. Cette dernière a exigé des justifications de la BCE sur son action dans un délai de trois mois et menacé de forcer la Bundesbank, l’un de ses piliers, de se retirer.

Agir maintenant serait une nouvelle affirmation de l’indépendance et du pouvoir des institutions européennes sur les institutions nationales” , analyse Politico. Pour Alain Durré, bien que le jugement de Karlsruhe ne porte pas sur le programme de lutte contre la pandémie, il “crée un précédent pour le PEPP qui sera probablement aussi attaqué par la cour de Karlsruhe” [L’Echo]. Pour l’économiste, l’action de la BCE va néanmoins dans le même sens que la décision de la Cour constitutionnelle allemande. Le message des juges allemands serait en somme que “si nous voulons plus d’intégration européenne, cela doit se faire par un processus démocratique via les Parlements nationaux et non pas par le bilan de la BCE. C’est aux gouvernements de prendre leurs responsabilités” . Une vision que partagerait Christine Lagarde, tout comme son prédécesseur Mario Draghi, selon lequel “l’action de la BCE peut permettre de gagner du temps mais la solution finale pour stabiliser la zone euro doit venir des gouvernements” [L’Echo].

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