Difficile de s’y retrouver au milieu des “mille nuances de gris du confinement à l’européenne” , titre Le Monde. Pourtant, à mesure que les pays adoptent leurs stratégies de lutte contre la pandémie de Covid-19, deux tendances se distinguent : d’un côté, “les trois pays les plus touchés, Italie, Espagne et France” , ont successivement “réduit la liberté de mouvement de leur population” , indique le quotidien. Avec des sanctions parfois sévères : en Espagne, les autorités catalanes ont “procédé à 3 232 identifications et infligé 485 sanctions” , alors qu’en France, les premières gardes à vue pour non-respect des mesures de confinement ont été signalées [Ouest-France].
De l’autre côté, certains Etats membres ont pris des mesures moins contraignantes pour la population. “La Suède prend son temps” , titre ainsi Libération. Le pays a en effet préféré aux méthodes de confinement une stratégie d’immunisation collective. Le principe : “laisser circuler l’agent infectieux jusqu’à ce qu’un certain pourcentage de la population tombe malade, et développe ensuite des anticorps” , explique Alexandre Bleibtreu, médecin infectiologue au service de maladies infectieuses de la Pitié Salpêtrière à Paris, pour France Info. La méthode a également été adoptée par les Pays-Bas, et était un temps soutenue par Londres, “partisan de la première heure” de l’immunisation collective [La Tribune de Genève].
Un “pari vertigineux”
Cette stratégie d’immunité collective se veut tout d’abord pragmatique : Patrick Vallance, conseiller scientifique de Boris Johnson, explique ainsi qu’il n’est “pas possible d’éviter que tout le monde attrape le virus” , [France Info]. Selon le chef du gouvernement néerlandais Mark Rutte, lui aussi partisan de cette politique, “un confinement empêcherait, au contraire, l’immunisation et favoriserait le retour, plus tard dans l’année, du virus” , rapporte Le Monde. L’immunisation d’une part de la population permettrait quant à elle que “le groupe des personnes immunes forme un bouclier pour les personnes plus fragiles” , soutient Jaap van Dissel, directeur de l’Institut national de santé publique néerlandais. Autre avantage de cette stratégie, et pas des moindres : “elle permet au pays de conserver une activité économique” [France Info].
La stratégie d’immunisation collective est ainsi “bien plus élaborée que celle d’autres pays, et potentiellement très efficace” , indique Ian Donald, professeur de sociologie à l’université de Liverpool. “Mais elle est également plus risquée et fondée sur un certain nombre d’hypothèses” , nuance-t-il [France Info]. Un “pari vertigineux” , pour Le Matin : “on ne connaît pas assez le nouveau coronavirus pour savoir ‘ce qu’il provoque en termes immunologiques’ ” , a estimé une porte-parole de l’OMS au micro de la BBC. Pour plusieurs spécialistes belges, cette approche met ainsi “en péril les efforts déployés dans les pays voisins et l’Union européenne en général” , rapporte Le Monde.
Tendance européenne au confinement
Ces critiques ont eu un écho au Royaume-Uni, où un rapport de l’Imperial College de Londres indiquant que “l’épidémie de Covid-19 pourrait faire jusqu’à 510 000 morts au Royaume-Uni” , si aucune mesure n’était prise, a suscité l’indignation [France Info]. Boris Johnson, qui préconisait jusqu’alors de “se laver les mains régulièrement et s’isoler pendant sept jours en cas de symptômes” [France Info], a ainsi annoncé en début de semaine “quelques mesures plus restrictives” , avant d’imposer à son tour la fermeture des écoles à compter de ce vendredi 20 mars.
Un revirement qui isole encore plus Stockholm et La Haye. Les deux pays, qui insistent sur leur volonté de ne “pas aller plus loin” , prennent progressivement des mesures plus drastiques : dimanche 15 mars, “le gouvernement néerlandais a ordonné la fermeture des écoles, bars, restaurants, magasins non nécessaires” , rapporte Le Matin. En Suède, “les rassemblements de plus de 500 personnes sont interdits, (…) les universités et lycées sont fermés, mais pas les écoles” , ajoute La Tribune de Genève.
Se dirige-t-on vers un confinement général européen ? A Bruxelles, la Commission européenne affirme encore “qu’il ne lui appartient pas de commenter des stratégies nationales” , indique Le Monde. Les chiffres actuels portant sur le nombre de contaminations et de décès ne permettent pas, à l’heure actuelle, de trancher en faveur d’une stratégie ou d’une autre : “c’est l’histoire qui montrera si le résultat est très différent”, résume le ministre norvégien de la Santé, Bent Hoie.
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