Lundi 23 mars en fin d’après-midi, les ministres des Finances de l’Union européenne ont acté la suspension des règles budgétaires européennes pour une durée indéterminée [Euronews]. Une décision “historique” , face à la gravité de la pandémie de Covid-19 qui touche l’Europe et le monde. La décision du Conseil autorise ainsi les Etats à laisser filer leur déficit public au-delà de 3% du PIB, contrairement à ce que prévoient normalement les règles européennes. “Les gouvernements peuvent désormais utiliser plus de puissance financière pour stimuler leurs économies - en injectant de l’argent dans les hôpitaux, les entreprises, les prestations aux citoyens et autres - sans craindre d’être punis par Bruxelles” , explique Politico.
Même l’Allemagne et les Pays-Bas, d’ordinaire très attachés au respect des règles budgétaires, “n’y ont rien trouvé à redire, bien au contraire” , indique Libération. “En ces temps exceptionnels, nous devons le faire pour minimiser le dommage causé par le virus” , a ainsi déclaré le ministre des Finances néerlandais, cité par Euronews. En Allemagne, la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 a conduit à une remise en question de la règle d’or du “zéro déficit” [Libération]. Prise à l’unanimité des Etats membres, cette décision est le signe d’un changement de stratégie majeur de l’Union européenne. “C’est donc le chemin inverse à celui emprunté lors de la crise de la zone euro (2010-2015) qu’ont décidé de suivre les Vingt-Sept” , analyse Libération.
Aide financière
Si ces mesures budgétaires entendent donner plus de marge de manœuvre aux Etats européens, tous ne sont pas égaux face à la situation, expliquent plusieurs économistes allemands dans une tribune publiée dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung et reprise par Le Monde. “Il faut éviter que la crise sanitaire ne se transforme en une deuxième crise de la dette souveraine” , ont-ils alerté : des pays très peu endettés comme l’Allemagne ou les Pays-Bas peuvent se permettre des largesses budgétaires, tandis que l’Italie, comme la Grèce en 2008, porte déjà le poids d’une dette importante.
Pour compléter ces mesures, un grand nombre d’acteurs appelle à la création d’obligations communautaires, reprenant l’idée du gouvernement italien de “corona bonds” qui visent à mutualiser “des dettes des pays de la zone euro” contractées pour lutter contre le Covid-19 [Le JDD]. “Ces obligations communautaires seraient un signe clair que l’Europe est solidaire face à la crise” , soutiennent les signataires de la tribune du Monde. Soutenu notamment par la France, ce dispositif devrait être discuté par les chefs d’Etats et de gouvernement lors du prochain Conseil européen du 26 mars.
L’Italie souhaite également recourir au Mécanisme européen de stabilité (MES) dont avait bénéficié la Grèce dans les années 2010. “Nous avons besoin de toutes les ressources disponibles, dont celles du MES, mais sans aucune condition” , a déclaré un membre du gouvernement italien. Le sujet doit être débattu lors d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro dans la journée du 24 mars [Ouest-France avec Reuters].
Solidarité transfrontalière
Symbole de cette solidarité sur le continent européen, l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg ont par ailleurs proposé d’accueillir des patients français et italiens dans leurs hôpitaux pour soulager leurs voisins. “La solidarité entre les pays européens est bien réelle” , constate ainsi Euronews. Face à la saturation des hôpitaux en Alsace, région la plus touchée en France par l’épidémie, le Land de Bade-Würtemberg a admis “dans un premier temps dix patients français” . Tandis que les régions de Rhénanie-Palatinat et de la Sarre “ont également promis leur aide” [Les DNA]. Le ministre-président de la Saxe a lui aussi annoncé qu’il prendrait en charge certains patients italiens. “C’est, je crois, un signe très, très important que nous nous soutenons et que nous aidons aussi les autres quand nous pouvons le faire” , a-t-il expliqué à la presse lundi soir [Ouest-France].
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