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[Revue de presse] Covid-19 : l’Union européenne veut muscler le contrôle des exportations de vaccins

La Commission européenne a proposé ce mercredi 24 mars un durcissement du mécanisme de contrôle des exportations de vaccins hors de son territoire, adopté fin janvier. Une manoeuvre qui vise tout particulièrement le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca, très en retard sur ses livraisons à destination de l’Union européenne.

Depuis l'entrée en production des vaccins, 43 millions de doses ont été exportées de l'Union européenne vers des pays-tiers
Depuis l’entrée en production des vaccins, 43 millions de doses ont été exportées de l’Union européenne vers des pays-tiers - Crédits : Nikolay Doychinov / Commission européenne

Pour éviter “une hémorragie de transferts” [La Stampa] de doses de vaccins vers des pays tiers, l’exécutif européen a soumis ce mercredi un “durcissement du contrôle des exportations de vaccins” , fait savoir France 24. Ce mécanisme en place depuis le 29 janvier permet de bloquer l’exportation de doses de vaccins produites dans l’Union européenne vers d’autres Etats, sous certaines conditions. Bloomberg rappelle ainsi que ce dispositif “garantit que les livraisons à quelques 90 pays ne seront pas interrompues et offre également une protection à des entreprises comme Pfizer et Moderna qui ont respecté leurs engagements” en matière de doses fournies à l’UE. Or l’exécutif européen a proposé d’ajuster ces dispositions. Plusieurs pays dont Israël ou la Suisse, auparavant exemptés, peuvent désormais faire l’objet de blocages des exportations. Concrètement, les nouvelles règles permettraient ainsi “de bloquer des exportations si les laboratoires décal[ai]ent leurs livraisons de quelques semaines, et ce même s’ils respect[ai]ent leurs objectifs trimestriels” , complète L’Opinion.

Si le laboratoire AstraZeneca est particulièrement dans le viseur de la Commission, “tous les fournisseurs sont [en effet] concernés par ce tour de vis” [L’Opinion] visant à ce que les laboratoires respectent les calendriers établis dans les contrats. Les critères retenus sont ceux de “réciprocité” et de “proportionnalité” , relaie le quotidien italien La Stampa. Il est notamment question d’évaluer “si le chemin des échanges de sérums avec le pays de destination [des exportations] est à double sens” ainsi que le niveau de vaccination dans ledit pays importateur. Ainsi, Maroš Šefčovič, l’un des vice-présidents de la Commission européenne, a pris l’exemple du blocage récent de l’exportation d’un lot de vaccins AstraZeneca de l’Italie vers l’Australie pour justifier cette approche, expliquant que “les niveaux de vaccination en Australie et en Europe sont bien différents” , cite Euronews. “Donc nous avons estimé très clairement que l’Europe avait besoin de ces vaccins maintenant” , a-t-il poursuivi.

Le dispositif de contrôle des exportations devrait aussi comporter des mesures visant “à éviter qu’une entreprise ‘contourne’ une interdiction, en faisant transiter par un autre pays les doses bloquées par l’UE” [France 24].

Deux usines au cœur des tensions

Plusieurs éléments ont contribué à “alimenter la défiance des Européens” [Europe 1]. La station de radio rapporte qu’ “un stock de 29 millions de doses du vaccin” de l’entreprise anglo-suédoise, dont la destination était inconnue, a été découvert en Italie “sur un site qui travaille pour le géant pharmaceutique” . Une inspection a “eu lieu à la demande de la ‘task force’ vaccination pilotée par le commissaire européen Thierry Breton” , Bruxelles voulant “vérifier les déclarations évasives du groupe sur ce qu’il produit réellement en Europe” . “Les 29 millions de doses de vaccin ainsi découvertes ne manquent pas de soulever de nombreuses questions, lorsqu’on sait qu’AstraZeneca n’a livré que 30 millions de doses aux Européens ce trimestre” [Europe 1], contre les 90 millions promises. “Selon une source européenne, AstraZeneca a répondu que 16 millions de doses étaient pour l’UE, 13 pour le mécanisme Covax. Une version prise avec des pincettes” par la Commission, a précisé ce matin sur Twitter Isabel Ory, la journaliste d’Europe 1 qui a rapporté l’information.

Avant d’arriver en Italie, ces vaccins passent par une autre usine située à Leyde, aux Pays-Bas. Un site qui, selon L’Express, “aurait produit depuis le mois de septembre dernier l’équivalent de quatre à cinq millions de doses par mois” . Problème : AstraZeneca n’est jamais allé au bout de la “la certification du site néerlandais” auprès des autorités européennes. “Le groupe pharmaceutique n’a-t-il pas sciemment ralenti la certification de son sous-traitant hollandais, afin de s’assurer que ce ‘trésor de guerre’ ne puisse être préempté que par la Grande Bretagne ?” , interroge le magazine hebdomadaire.

Une crise sanitaire qui se double d’une crise diplomatique

C’est bien ce que suspecte la Commission européenne, qui “reproche à AstraZeneca de livrer en priorité le Royaume-Uni” [L’Echo]. Car les Vingt-Sept ont “exporté quelque 10 millions de doses, tous vaccins confondus, vers le Royaume-Uni entre le 1er février et mi-mars” , rappelle France 24, “mais à l’inverse, [l’Union européenne] n’a reçu aucune dose produite sur le sol britannique” .

De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson “multiplie les efforts diplomatiques depuis dimanche” afin d’éviter une “telle extrémité” [Les Echos]. Le locataire du 10, Downing Street ne semble “pas disposé à exporter en Europe les vaccins fabriqués par les deux usines d’AstraZeneca situées au Royaume-Uni” [Les Echos]. Il a cependant assuré être prêt à négocier une répartition des stocks produits aux Pays-Bas, “dans le but d’éviter une escalade des hostilités entre le Royaume-Uni et Bruxelles” , fait savoir The Times. En Europe, “des voix s’élèvent […] aussi parmi les Etats membres pour alerter sur les risques liés à dégainer des interdictions d’exportation et les mesures de rétorsion qui pourraient en découler” , indiquent Les Echos. “La Belgique et les Pays-Bas ont appelé à la prudence tandis que la France et l’Allemagne ont fortement soutenu le durcissement” , précise à ce titre France 24.

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