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[Revue de presse] Covid-19 : l’Italie bloque l’exportation de doses du vaccin d’AstraZeneca

Rome a décidé de bloquer 250 000 doses du vaccin d’AstraZeneca en partance pour l’Australie. L’Italie est ainsi le premier pays à appliquer le mécanisme de contrôle des exportations de vaccins hors du territoire de l’Union européenne mis en place par la Commission.

Mario Draghi est le premier chef d'Etat européen à bloquer une exportation de vaccins hors des frontières du continent
Mario Draghi est le premier chef d’Etat européen à bloquer une exportation de vaccins hors des frontières du continent - Crédits : Conseil européen

C’est une grande première pour l’UE” , lit-on dans Le Parisien. Le 26 février, le président du Conseil italien Mario Draghi a bloqué l’exportation de 250 000 doses du vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca “produites à 70 kilomètres au sud de Rome” [Courrier international]. La cargaison à destination de l’Australie a été interceptée par les douanes italiennes. Une décision que le ministère des Affaires étrangères transalpin a justifié par “la pénurie persistante de vaccins et les retards d’approvisionnement de la part d’AstraZeneca” [Libération], soulignant au passage que l’Australie était considérée comme un pays “non vulnérable” .

Mario Draghi applique ainsi un mécanisme de l’Union européenne adopté le 29 janvier “afin de garder le contrôle des doses qui sont destinées aux Vingt-Sept” [France 24]. Au titre de ce mécanisme, les laboratoires doivent soumettre des demandes d’autorisation d’exportation vers des pays tiers. “Le dispositif prévoit que les Etats exercent eux-mêmes ce contrôle via leurs douanes nationales” , explique Le Soir. Ceux-ci doivent ensuite prévenir l’exécutif européen, puis se tenir à l’avis rendu. La décision italienne pouvait donc être retoquée par la Commission, mais cette dernière a approuvé le blocage de l’exportation de ces doses. Le lot conservé sera réparti entre différents pays de l’UE. Le Monde souligne que “sur les 174 demandes d’autorisation déposées entre le 30 janvier et le 1er mars, aucune [n’avait] été refusée” . “Dans le passé, l’Italie avait autorisé l’exportation de doses, mais il s’agissait de petites quantités” , complète le Corriere della Serra.

Ce mécanisme de contrôle des exportations avait été mis en place sur fond de suspicion des Etats membres à l’égard d’AstraZeneca, notamment accusé de favoriser le Royaume-Uni au détriment de l’UE. Le laboratoire “a été vivement critiqué par les gouvernements européens après avoir annoncé en janvier ne pouvoir livrer au premier trimestre qu’un tiers” des 120 millions de doses promises, rappelle Le Figaro. Une source européenne du Monde affirme que cet instrument de contrôle devait servir comme “un instrument de pression” . Mario Draghi a donc appliqué la menace qu’il avait exprimée lors du Conseil européen du 25 février dernier : “il l’a dit et il l’a fait” , retient le quotidien turinois La Stampa.

Un “protectionnisme” européen qui pourrait créer un précédent ?

Si la décision de l’ancien président de la Banque centrale européenne est plutôt “[accueillie] avec un certain enthousiasme” [Libération] en Italie, les réactions australiennes se montrent, sans grande surprise, défavorables. Le Sydney Morning Herald déplore le fait que l’Australie soit une “victime collatérale du conflit commercial entre l’Union européenne et AstraZeneca”. Son journaliste Bevan Shields indique que la mise en place du mécanisme de contrôle des exportations a été perçue comme une tentative de l’Europe de “désigner un coupable de l’échec au démarrage de sa campagne de vaccination” . “Cette approche a suscité un tollé de la part d’une foule d’experts et de fonctionnaires” , qui considèrent qu’elle “représente un dangereux précédent” en termes de “nationalisme vaccinal” , relate le correspondant en Europe du journal [Sydney Morning Herald]. A Canberra, le ministère des Affaires étrangères a souhaité minimiser les conséquences de la décision italienne sur la campagne de vaccination de l’île : “ce n’est qu’une seule cargaison venant d’un seul pays” , a assuré un porte-parole cité par France 24.

Plusieurs médias questionnent les conséquences géopolitiques du séquestre ordonné par l’Italie. “Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’un ‘nationalisme des vaccins’ à l’échelle du Vieux Continent ?” , interroge Courrier international, parlant également de “protectionnisme” . Eric Jozsef, le correspondant à Rome de Libération, rapporte l’analyse du quotidien économique Il Sole 24 Ore, qui “s’inquiète […] que ‘la mesure puisse enclencher toute une série de rétorsions au niveau international’ ” . The Guardian craint aussi que “cette décision menace d’accroître les tensions mondiales sur l’approvisionnement en vaccins” . Quant aux laboratoires qui ont des usines en Europe, ils “redoutent que l’affaire AstraZeneca ne crée un précédent” [Le Monde]. Si des pays alliés de l’UE, comme le Canada ou le Japon, avaient fait part de leurs inquiétudes de ne pas être approvisionnés lors de la mise en place du mécanisme utilisé par l’Italie, “la Commission a toujours dit que l’objectif était de contrôler et non de bloquer” [Corriere della Serra].

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