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[Revue de presse] Covid-19 : divisé, le Conseil européen offre une réponse timide à la crise économique

Consacré aux réponses économiques à la crise provoquée par le Covid-19, le Conseil européen du jeudi 26 mars a mis en relief les lignes de fracture traditionnelles entre les partisans d’une mutualisation des efforts budgétaires et les Etats plus frileux. Devant les divisions, les dirigeants ont accordé à l’Eurogroupe quinze jours supplémentaires pour préciser ses réponses.

Le président du Conseil européen Charles Michel, à l'issue de la visioconférence des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 / Crédits : Union européenne
Le président du Conseil européen Charles Michel, à l’issue de la visioconférence des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 / Crédits : Union européenne 

Jeudi 26 mars, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se sont réunis pour un sommet européen très attendu. L’objectif de la réunion était ambitieux : les dirigeants européens “devaient formuler dans une déclaration commune une stratégie coordonnée pour retrouver la normalité sociale, économique et industrielle du continent une fois la pandémie surmontée” , rapporte El País. Crise sanitaire oblige, la réunion, organisée par visioconférence, “était donc virtuelle” , commente Politico, qui ne manque pas de souligner que “les désaccords, eux, étaient bien réels” .

Les Etats membres ont en effet peiné à trouver un consensus sur la meilleure solution à apporter pour combattre la crise financière provoquée par l’épidémie de Covid-19 qui touche durement l’Europe. Signe de la difficulté des discussions, le président du Conseil européen Charles Michel “avait pêché par optimisme en annonçant que la conférence de presse (…) se tiendrait vers 18h” , précise ainsi La Libre. Elle s’est finalement tenue vers 22 heures, sans déboucher sur de grandes annonces : “Nous invitons l’Eurogroupe à nous présenter des propositions d’ici deux semaines. Elles doivent tenir compte de la nature du choc sans précédent du Covid-19 qui affecte tous nos pays” , ont ainsi exprimé les Vingt-Sept, cités par Le Soir. Une déclaration commune “qui n’apporte pas de véritable réponse, ni d’unité” , juge RFI.

Les Etats du nord plus frileux que l’Europe méridionale

Pour expliquer ces avancées timides, Libération dresse le portrait d’une Europe divisée en deux camps. D’un côté, les Etats d’Europe du nord comme “l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande ou encore les Pays-Bas” , pour qui l’Union “a déjà été aux limites de son action” : partisans historiques des règles budgétaires européennes et principaux contributeurs au budget de l’UE, ils estiment “avoir beaucoup fait en acceptant que l’orthodoxie budgétaire soit mise entre parenthèses” .

De l’autre, les Etats du sud de l’Europe, plus touchés par la pandémie de Covid-19 - mais aussi beaucoup plus endettés -, appellent à des mesures de relance plus drastiques. En tête de ces pays, l’Italie, qui compte officiellement le plus grand nombre de victimes du virus dans le monde, et l’Espagne, dont le bilan s’est aggravé très rapidement ces derniers jours. Soutenus par sept autres Etats membres dont la France, ils avaient adressé mercredi 25 mars une lettre au président du Conseil européen Charles Michel dans laquelle ils estimaient que l’Europe devait “prendre des décisions extraordinaires pour limiter les dommages économiques” causés par la pandémie, rappelle Libération.

Le Conseil européen de ce jeudi n’a pas réussi à réduire cette ligne de fracture. La réunion a plutôt tourné au “bras de fer (…) sur la riposte économique”, résument Les Echos. L’idée d’émettre des “coronabonds” , des titres financiers qui auraient permis de mutualiser la dette européenne contractée dans le cadre de la lutte contre la pandémie et ainsi soulager les Etats en difficulté budgétaire, a été rejetée par la chancelière allemande Angela Merkel. Celle-ci a exprimé sa préférence pour un recours au Mécanisme européen de stabilité financière (MES), déjà utilisé par l’Union européenne lors de la crise de la dette dans la zone euro.

Les prémices d’une crise politique ?

La chancelière allemande s’est exprimée depuis Berlin à l’issue des discussions : “le MES (…) ouvre de nombreuses possibilités et ne remet pas en question les principes de base d’une action commune et de responsabilité de chacun” , cite Le Figaro. Pour le quotidien, cette option permettrait à l’Allemagne de “poser des conditions strictes en échange de ses prêts à des pays en crise, comme par exemple des réformes difficiles à faire ou des économies à réaliser” . Rome réclamait, à l’inverse, une aide inconditionnelle.

Pour obtenir l’étude de nouvelles propositions par l’Eurogroupe d’ici quinze jours, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a fait pression en déclarant publiquement qu’il “n’accept[ait] pas” le contenu du pré-accord sur lequel travaillait alors le Conseil européen, rapporte The Guardian. Ce dernier a ensuite donné à l’Europe dix jours pour “trouver une solution adéquate à la grave urgence dans laquelle tous les pays se trouvent”. Une manière de presser ses homologues de trouver une solution commune à la crise : “les conséquences du Covid-19 ne doivent pas être traitées dans les prochains mois mais dès demain matin”, a-t-il ainsi déclaré [Le Soir]. Si l’épidémie de Covid-19 continue d’avoir des conséquences sanitaires et économiques désastreuses en Europe, elle menace désormais l’Union européenne sur un plan politique, avertissent Les Echos.

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