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[Revue de presse] Aides d’Etat : le sort de Lufthansa entre les mains de la Commission européenne

La direction de Lufthansa et le gouvernement allemand sont parvenus lundi à un “accord de principe” pour un plan de sauvetage de la première compagnie aérienne du pays. D’un montant de 9 milliards d’euros, cet accord est suspendu à la décision de la Commission européenne, qui doit veiller à ce qu’il ne conduise pas à une concurrence déloyale.

A Francfort-sur-le-Main, les avions de la compagnie aérienne Lufthansa sont cloués au sol
A Francfort-sur-le-Main, les avions de la compagnie aérienne Lufthansa sont cloués au sol - Crédits : Nate Hovee / iStock

Lundi 25 mai, “le gouvernement allemand et Lufthansa sont parvenus à un ‘accord de principe’ sur un plan de sauvetage de 9 milliards d’euros pour éviter la faillite du géant du transport aérien”, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP [Médiapart]. Celui-ci intervient “après de longues négociations” , alors que le secteur aérien en général et l’entreprise en particulier traversent “une crise sans précédent”, explique encore l’AFP. Le PDG de la compagnie aérienne Carsten Spohr a en effet indiqué que l’entreprise perdait l’équivalent “d’un million d’euros par heure” depuis le début de la crise. L’agence de presse rapporte également que “près de 700 des 760 avions du groupe sont cloués au sol et, en avril, Lufthansa a transporté quelque 3 000 passagers contre 350 000 avant la crise” [Le Figaro avec AFP].

En vertu de l’accord, l’Etat doit entrer “à hauteur de 20 % au capital du groupe, via le recours à 300 millions d’euros dans son Fonds de stabilisation de l’économie”, complètent Les Echos. Il prévoit ainsi de revendre ses actions d’ici le 31 décembre 2023. Olaf Scholz, ministre des Finances, résume la stratégie en ces termes : “Lorsque l’entreprise sera de nouveau en bonne santé, l’Etat revendra cette participation et avec un peu de chance […] il y aura un petit bénéfice”, poursuit le quotidien économique.

Bras de fer avec la Commission européenne

Mais cette entreprise de sauvetage est “dans le viseur de la Commission européenne, racontent Les Echos. Bruxelles craindrait que “Lufthansa ne renforce encore son rôle de leader du marché européen” grâce au retour de l’Etat comme actionnaire principal dans le capital de la compagnie, causant une distorsion de concurrence. “Contrairement à Air France qui n’a bénéficié que de crédits [d’impôts et de charges], ce retour de l’Etat allemand au capital du groupe plus de vingt ans après en être sorti, impose des conditions supplémentaires aux yeux de Bruxelles, explique le média. Margrethe Vestager, la commissaire danoise en charge des questions de concurrence, conditionne ainsi son aval à un certain nombre de mesures supplémentaires, promettant, estiment Les Echos, “un nouveau bras de fer” avec Berlin.

Outre-Rhin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne en effet que l’assouplissement des conditions d’attribution des aides d’Etat dans le cadre de la crise liée au coronavirus “ne s’applique qu’aux prêts de l’État”, dont ont bénéficié Air France et les autres compagnies. Or, les mesures de “nationalisation partielle” , qui s’appliqueraient dans ce cas, sont soumises à des règles plus strictes. “Il s’agit d’une distorsion de concurrence beaucoup plus grave” , a déclaré Mme Vestager au quotidien allemand. Dans les colonnes du Tagesspiegel, il est souligné que la participation de l’Etat au capital de la compagnie aérienne “ne peut être que temporaire”, et que le gouvernement doit préparer en même temps “une stratégie de sortie”.

Indignation allemande

La FAZ juge malgré tout les propositions de Bruxellesdrastiques” , qui pourraient contraindre la compagnie aérienne à “abandonner ses droits de décollage et d’atterrissage à Francfort et à Munich” . Ces conditions pourraient “frapper plus durement Lufthansa, dont l’activité repose également sur le trafic de transfert via les deux hubs” . A Berlin, où la chancelière Angela Merkel a promis à son parti “un combat acharné”, les autorités rétorquent en accusant la Commission européenne de chercher à désavantager le groupe et d’avoir été “plus généreuse dans ses aides à Air France, SAS et Finnair” [FAZ].

La position de la Commission européenne a mobilisé hommes politiques et syndicats de pilotes sur l’affaire. “Discriminer contre Lufthansa en faveur des transporteurs à bas prix enverrait un mauvais signal”, a protesté Markus Söder, ministre-président du Land de Bavière et prétendant à la succession d’Angela Merkel. Le syndicat allemand de pilotes, Vereinigung Cockpit, a pour sa part demandé à la Commission européenne “de ne pas mettre d’obstacles au sauvetage de l’entreprise et des 140 000 emplois qui lui sont associés”, rapporte le Tagesschau. Volker Bouffier, ministre-président de Hesse, a également critiqué les exigences de Bruxelles qu’il juge “nuisibles à l’Allemagne en tant que lieu de trafic aérien” [FAZ].

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