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[Podcast] Erasmus+ et la mobilité des apprentis en Europe

Podcast Explique-moi l'Europe

L’agence Erasmus+ France appelle les établissements de formation et entreprises françaises à se mobiliser pour relancer la mobilité des apprenants après le Covid, et à bénéficier de l’augmentation du budget Erasmus+ 2021-2027 à 26 milliards d’euros.

Au sommaire de cet épisode d’Explique moi l’Europe, un aspect méconnu du programme d’échanges Erasmus+ : la mobilité des alternants et des apprentis. Un phénomène en plein boom, qui répond aux ambitions du programme de diversifier ses publics et de favoriser la mobilité pour tous les jeunes quel que soit leur parcours, leur origine géographique ou sociale. Barthélémy Gaillard, en collaboration avec Alexandra Lesur, vous explique tout.

Commençons par une question simple, qui permet de bien comprendre où nous en sommes aujourd’hui au niveau du programme Erasmus+ : combien d’apprentis partent chaque année ?

En France, en 2018/2019 soit avant la crise sanitaire, l’Observatoire Erasmus+ a mesuré qu’environ 7 000 alternants et apprentis du secondaire et du supérieur ont pu partir grâce à Erasmus+. C’est 30% de plus qu’en 2016/2017 sur les mêmes publics et il faut savoir aussi que parmi eux plus de 4000 étaient des apprentis de la voie professionnelle. 

Et c’est tout sauf un hasard, si j’ai bien compris…

Absolument, en fait, ça découle d’une volonté politique européenne. Lors du dernier vote du budget pluriannuel de l’Union, les fonds Erasmus+ ont été fixés à 26 milliards d’euros, soit une augmentation de 80% par rapport à l’exercice précédent. Avec une priorité claire pour la nouvelle programmation 2021-2027 : favoriser la mobilité des alternants et les stages en entreprise. Un investissement pertinent puisqu’il s’agit d’un “levier important de l’insertion professionnelle” selon les études de l’Agence Erasmus+. C’est la raison pour laquelle l’Agence a annoncé vouloir atteindre 10 000 mobilités pour les apprenants d’ici à 2022. 

D’accord, mais concrètement, comment ça se manifeste ?

Les chiffres à ce sujet sont assez parlants. Ils révèlent que les jeunes qui ont pu vivre à l’étranger mettent en moyenne moins de temps pour s’insérer sur le marché de l’emploi : en moyenne 3 mois contre 4 mois et demi pour les autres. Ensuite, le retour d’expérience est là aussi unanime : 86% des apprentis se considèrent comme plus “employables” après leur mobilité Erasmus+. L’une des raisons qui les poussent à se sentir plus légitime, c’est l’apprentissage d’une langue. Deux apprentis sur 3 affirment avoir acquis des compétences linguistiques réutilisables dans leur futur travail. Enfin, ces séjours permettent tout simplement d’apprendre à travailler autrement et même parfois mieux comme l’expliquent Baptiste et Antony qui ont pu parfaire leur formation carrosserie peinture en Allemagne.

Dans le cadre de ces mobilités, les apprenants ont une chance, ils décrochent des bourses assez conséquentes, entre 800 et 1080 euros, en moyenne 2 à 3 fois plus que la somme allouée aux étudiants de l’enseignement supérieur, un facteur décisif pour que certains puissent saisir l’opportunité d’une mobilité, comme l’explique Yasmine, apprenante de 17 ans partie en Angleterre.

Des parcours comme celui de Yasmine, il y en a beaucoup mais comment faire pour favoriser encore plus cette mobilité ?

Favoriser la mobilité passera forcément par une meilleure coordination entre tous les organismes qui accompagnent les apprentis. Et justement à ce niveau, plusieurs initiatives ont déjà été mises en place. Je pense par exemple aux postes de “référents mobilités” qui ont été créés dans tous les Centres de Formation d’Apprentis, les fameux CFA. Ces postes ont été ouverts suite au vote de la loi “avenir professionnel” en septembre 2018. Dans chaque CFA, une personne travaille donc à trouver des entreprises et des séjours à l’étranger pour les apprenants. A Boulazac, en Dordogne, Aurélie endosse ce rôle, qu’elle juge très important.

Au-delà de ces référents mobilité, Barthélémy y-a-t-il d’autres acteurs impliqués ?

Oui et ils sont nombreux : CFA, facs, missions locales… L’enjeu, c’est donc la coordination, explique Sébastien Thierry, directeur général adjoint de l’Agence Erasmus+ en France, qui a son idée là-dessus.

Vous l’avez entendu, il y a aussi tout un travail de communication, destiné à faire prendre conscience aux jeunes apprenants des possibilités qui s’offrent. Ça se concrétise notamment par ce partenariat entre l’Agence Erasmus+ France et Walt, l’une des plus grosses associations de promotion de l’apprentissage. Ensemble, les deux acteurs communiquent sur la mobilité et informent ces jeunes sur leurs possibilités de séjourner à l’étranger.

L’information du public, un enjeu pour les prochaines années donc. Mais y a-t-il d’autres dossiers sur lesquels Erasmus+ peut améliorer la mobilité des apprentis ?

Oui tout à fait, je pense par exemple à l’allongement de la durée des séjours des apprentis, qui est de 27 jours en moyenne. Bien sûr, c’est une première expérience internationale qui permet de prendre confiance et donne souvent envie de repartir plus longtemps ensuite, on le voit… Mais pour allonger cette durée moyenne du premier séjour, des solutions sont envisagées. Notamment encourager les échanges dit “un pour un”. Concrètement, ça signifie trouver un remplaçant étranger à l’apprenant français qui partirait en mobilité. Ça permet à l’employeur de ne pas se retrouver en sous-effectif. Sur l’année 2018-2019, 930 alternants européens sont venus en France pour leur stage Erasmus+.

Merci Barthélémy, je crois qu’on a pu saisir les enjeux à venir pour qu’Erasmus+ favorise la mobilité des apprentis. Un travail d’information, de coordination, et aussi un effort financier notable qui devrait permettre à 10 000 apprentis français de séjourner à l’étranger en 2022.


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