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[Revue de presse] Plus de 200 migrants blessés à la frontière macédonienne

La situation est toujours extrêmement tendue à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, particulièrement au camp de migrants grec d’Idomeni. Dimanche matin, environ 500 migrants ont tenté de passer en force la frontière et ont été violemment repoussés par les forces policières macédoniennes, blessant au passage plus de 200 personnes, dont des femmes et des enfants.

Syrian refugees

Violente répression policière à Idomeni

Tout a commencé hier dans la matinée lorsqu’une rumeur s’est répandue au sein du camp d’Idomeni. Là où s’entassent plus de 10 000 migrants depuis la fermeture de la “route des Balkans” à la mi-mars, des informations selon lesquelles la frontière allait être rouverte ont poussé plusieurs centaines de personnes devant les grilles les séparant de la Macédoine.

Selon The Guardian qui cite un journaliste de Reuters sur place, “un petit groupe de migrants a tenté de discuter avec les gardes-frontières macédoniens, en leur demandant d’ouvrir la frontière. Après avoir reçu une réponse négative, eux et d’autres migrants ont commencé à marcher vers les grilles” .

La réponse fut immédiate : “la police macédonienne a fait usage de gaz lacrymogènes et, selon plusieurs journalistes, de balles de caoutchouc pour disperser une foule d’environ 500 personnes” selon RFI. Un photographe de l’AFP présent sur place a constaté que “certains manifestants se sont évanouis, d’autres se sont couvert le visage de dentifrice pour, espéraient-ils, se protéger” [Le Point], puis rapidement “la fumée s’est diffusée jusqu’au camp, où se trouvaient des femmes et des enfants” rapporte Le Monde.

Achilleas Tzemos de l’association Médecins sans frontières (MSF) a indiqué aux journalistes qu’ “environ 300 personnes ont été blessées, dont 200 ont été secourues par notre unité médicale pour des problèmes respiratoires, 30 pour des blessures provenant des balles en plastique et 30 pour d’autres blessures” . Par ailleurs, plusieurs personnes auraient été transférées dans un hôpital voisin [L’Express].

La Macédoine nie, les Grecs condamnent

Le Monde rappelle que ces incidents ne sont pas les premiers à Idomeni : “le 29 février, la police macédonienne avait fait usage de gaz lacrymogènes lors d’une ruée de nombreux migrants. Quinze jours plus tard, environ 1 500 personnes avaient tenté de passer la frontière, mais les policiers macédoniens les ont arrêtées et renvoyées en Grèce.”

Les autorités macédoniennes ont réfuté les accusations selon lesquelles les policiers auraient fait usage de balles en plastiques. “Nous utilisons des produits chimiques autorisés et aucun genre de balle” , a déclaré Liza Bendvska, une porte-parole de la police macédonienne. On compterait par ailleurs trois blessés légers parmi les policiers. Le ministère macédonien de l’Intérieur affirme de son côté que “les policiers ont tiré des gaz pour se protéger et (protéger) la frontière quand un groupe de migrants a tenté de détruire le grillage” [L’Express].

George Kyritsis, porte-parole de la coordination des migrations au sein du gouvernement grec, a lui dénoncé “l’usage sans discernement de produits chimiques, de balles en caoutchouc ou de grenades assourdissantes contre des populations vulnérables, et particulièrement sans qu’une telle force soit justifiée. [Cela] constitue un acte dangereux et déplorable” [Le Monde].

M. Kyritsis a par ailleurs réagi aux informations selon lesquelles ces heurts auraient commencé par des rumeurs sur l’ouverture de la frontière et a incité “les migrants à ne pas croire les informations que font circuler de manière criminelle des inconnus et à coopérer avec les autorités grecques pour être transférés dans des centres d’accueil organisés” [Le Point].

Ici réside un point particulièrement délicat pour le gouvernement grec, car il peine à convaincre les migrants bloqués à Idomeni ou à Athènes de rejoindre d’autres centres d’accueils répartis dans le pays. Ils craignent en effet d’y être enfermés, d’être expulsés ou simplement oubliés.

Depuis la fermeture de la route des Balkans, début mars, Idomeni est devenu une souricière pour plus de 11 000 migrants qui ne peuvent poursuivre leur trajet, mais qui refusent également de quitter le campement, en dépit des tentatives répétées du gouvernement grec de les reloger dans d’autres centres d’accueil situés ailleurs dans le pays” relate ainsi le journal espagnol El Pais.

Ce sont justement ces tentatives de transferts forcés que des migrants ont dénoncé lors d’une manifestation hier au Pirée, principal port d’Athènes et également zone de campement de milliers de personnes. “Plusieurs centaines de migrants ont manifesté pendant l’après-midi à l’appel d’une commission de coordination de sympathisants, de syndicats, du parti de gauche Antarsya et de l’ONG ’ Open the borders’ ” [Le Monde].

L’accord UE-Turquie a bloqué des milliers de migrants en Grèce

“Les migrants du Pirée et d’Idomeni font partie des quelque 46.000 personnes arrivées en Grèce via la Turquie avant l’accord UE-Turquie entré en vigueur le 20 mars, et coincées en Grèce continentale, la plupart dans des camps organisés” [Le Point]. Pour ceux qui sont arrivés après le 20 mars, ils ne resteront pas en Grèce. “Les près de 7.000 personnes arrivées depuis le 20 mars sont pour leur part retenues sur leur île d’arrivée (Lesbos, Chios, Kos, Leros, Samos généralement), en attendant leur renvoi en Turquie si les demandes d’asile qu’elles déposent actuellement par milliers sont rejetées.”

La Grèce a renvoyé la semaine dernière en Turquie, lundi et vendredi, un total de 325 migrants en vertu de cet accord. L’UE s’est engagée pour sa part à réinstaller sur son territoire un Syrien réfugié en Turquie pour chaque Syrien renvoyé en Turquie depuis la Grèce, rappelle Le Point.

La BBC rappelle également que “plus d’un million de réfugiés non enregistrés et d’autres migrants sont entrés dans l’UE par bateau entre la Grèce et la Turquie depuis l’année dernière” .

Pour Gauri van Gulik, directeur adjoint d’Amnesty International pour l’Europe, “les confrontations, les gaz lacrymogènes et le désespoir à Idomeni sont les symptômes de la maladie de l’Europe en ce qui concerne les réfugiés. Tant que ne leur aura pas été offert une solution, un chemin vers la sécurité, et qu’ils seront forcés de dormir dans la boue, cela ne fera qu’empirer. L’Europe doit offrir aux réfugiés une relocalisation urgente et ils doivent pouvoir rester dans des conditions dignes pendant qu’ils attendent” [Deutsche Welle].

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