Une exposition originale
Ces objets, jamais exposés auparavant, racontent le quotidien des hommes et femmes qui ont tant nourri l’imagination des artistes occidentaux, celle-ci même qui a donné lieu à l’orientalisme, courant artistique du 19é siècle, dont Pierre Loti est le plus illustre représentant.
Le caractère spécial de cette exposition réside dans l’exposition de tout une série d’objets utilisés dans le quotidien des bains turcs : flacon à l’eau de rose, petite boite à savon, bol à ablution en cuivre, boîte de savons modernes à motifs inspirés de miniatures persanes, miroirs en bois, en argent ou en cuivre travaillé, collection de pestâmes brodés (fins tissus pour femmes). Tous ces trésors nous montrent avec élégance l’univers calfeutré des bains turcs.
Des” bohças” embellissent également les murs de l’exposition et donnent une chaleur supplémentaire à cette petite mais intéressante exposition. Ces “bohças” se présentent sous la forme de pièces de tissus soit ordinaires, soit en en drap,soit richement brodées en soie ou en velours : elles servaient à transporter les objets et les vêtements nécessaires à la séance du hammam.
La publicité s’invite également dans cette exposition, avec la présence d’une brochure vantant les qualités du hammam de çemberlitas, le plus célèbre et le plus ancien hammam d’Istanbul. Cette publicité utilise quelques photos s’inspirant largement les rêveries occidentales. Elles jouent effectivement sur cet “ailleurs inconnu” , exagérant ostensiblement le caractère du “harem fantasmé” que l’on retrouve dans les œuvres de Delacroix ou d’Ingres.
Les tableaux d’Attila Bayraktar sur le hammam
Rompant avec l’atmosphère ” fin d’empire “des objets présentés, l’exposition affiche également des tableaux d’Attila Bayraktar, une des figures des peintres turcs de Paris. Son style à la fois moderne et classique peint les hommes et les femmes turcs dans les scènes quotidiennes des ablutions, avec une utilisation des couleurs rappelant la lumière d’Anatolie.
Son regard sur le monde et les choses aiguise et fortifie à la fois les cœurs : “J’ai voulu faire une peinture qui s’adresse plus au sens qu’à l’esprit et au-delà de laquelle on ne peut plus par des mots ce que l’on ressent” a affirmé dans une prose très lyrique, ce peintre affichiste.