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Numérique : le classement 2020 des pays européens

Connexion internet, utilisation des réseaux sociaux, services publics en ligne… Quels sont les Etats européens les plus avancés dans la numérisation de leur économie et de leur société ? Chaque année, la Commission dresse le bilan des atouts et des faiblesses de chacun d’entre eux.

Les services numériques sont devenus incontournables, tant pour les particuliers que pour les entreprises
Les services numériques sont devenus incontournables, tant pour les particuliers que pour les entreprises - Crédits : sesame/iStock

L’indice relatif à l’économie et à la société numérique (DESI) de la Commission européenne mesure la performance des Etats membres ainsi que de l’UE dans son ensemble en matière de numérique. Cinq dimensions sont mises en évidence par ce classement : l’état de la connectivité, le capital humain, l’utilisation d’internet par les citoyens, le degré de numérisation des entreprises ainsi que les services publics en ligne. L’addition des notes dans chaque domaine donne un score sur 100.

Dans le rapport DESI 2020, basé sur des données collectées en 2019, les pays du nord de l’Europe prennent comme chaque année la tête du classement : la Finlande (72,3) la Suède (69,7) et le Danemark (69) sont les trois Etats membres les plus numérisés, devant les Pays-Bas (67,7). A l’inverse, au sud du continent, la Bulgarie (36,4), la Grèce (37,3), la Roumanie (40) ou encore l’Italie (43,6) accusent un certain retard dans le développement et l’utilisation des services numériques.

A rebours de cette tendance, Malte (62,7) tire son épingle du jeu dans le bassin méditerranéen, étant à la cinquième position du classement DESI. Cette bonne performance par rapport aux autres Etats du sud de l’Europe vient notamment d’un haut niveau de qualification des diplômés dans les domaines des nouvelles technologies. Les entreprises maltaises sont également avancées dans la vente en ligne et l’utilisation des big data.

La France occupe quant à elle la quinzième position (52,2), légèrement sous la moyenne de l’UE (52,6) en raison de contre-performances dans le domaine de l’utilisation d’internet par les citoyens et d’une plus faible part de personnes aux compétences numériques avancées que ses voisins. Elle est cependant mieux classée en ce qui concerne les services publics en ligne, notamment par ses progrès dans la dématérialisation des démarches administratives, qu’illustre par exemple le développement de FranceConnect, et un bon degré d’utilisation des données ouvertes.

Connectivité

Les capacités de “connectivité” des pays européens se mesurent à la fois par la demande et par l’offre de haut débit mobile et fixe. La couverture 4G et la préparation des Etats à la 5G sont par exemple inclus dans ce critère du DESI.

Dans ce domaine, le Danemark obtient le meilleur score, alors que le pays était placé à la 5e position en 2015. Près de deux fois plus de bâtiments individuels sont ainsi raccordés à la fibre optique (67 %) qu’en moyenne dans l’Union européenne (34 %). L’objectif national fixé en 2018 de couvrir tous les foyers et toutes les entreprises en haut débit, avec une vitesse d’au moins 100 Mbps en réception et 30 Mbps en envoi, a quasiment été atteint.

Si la Lettonie a des performances numériques globalement mitigées, classée dix-huitième sur 28, la dimension “connectivité” du DESI représente sans conteste un de ses atouts. Le pays balte prend ainsi la quatrième position du classement européen sur ce seul critère, derrière le Danemark, la Suède et le Luxembourg. Avec notamment l’adoption d’un plan pour le déploiement de la 5G en février 2020, la Lettonie a été l’une des pionnières dans la préparation à cette technologie.

La France, elle, est classée dix-huitième dans le domaine de la connectivité. Si la couverture 4G y a atteint 99 % en 2019, l’adoption du haut débit mobile est légèrement inférieure (96 abonnements pour 100 habitants) à la moyenne de l’UE (100 abonnements). Concernant le développement des infrastructures, “bien qu’elle ait presque intégralement réalisé ses objectifs de déploiement de la fibre optique dans les zones très densément peuplées, de vastes portions de zones moins densément peuplées et de zones rurales ne sont toujours pas couvertes”, selon le profil 2020 réalisé par la Commission européenne. Le plan France Très Haut Débit ambitionne de couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit à l’horizon 2022. Dans les territoires ruraux, les collectivités territoriales construisent des réseaux d’initiative publique afin d’endiguer les inégalités d’accès à internet.

Les trois pays les moins bien “connectés” sont la Grèce, Chypre et la Bulgarie. Les prix grecs et chypriotes des abonnements au haut débit sont parmi les plus chers d’Europe et Athènes connaît un certain retard dans le déploiement des infrastructures nécessaires à un accès au haut débit.

Capital humain

Le critère “capital humain” évalue le niveau de compétences des citoyens en matière de numérique, tant des utilisateurs ordinaires d’internet que des experts aux connaissances plus avancées.

La Finlande est le pays européen qui arrive en première position sur cet indice. Les spécialistes des technologies de l’information et de la communication y représentent 6,3 % des diplômés : c’est deux fois plus que la moyenne européenne (3,6 %). L’université d’Helsinki a par ailleurs lancé un cours sur l’intelligence artificielle, accessible en ligne et dans plusieurs langues, qui a vocation à former un maximum de citoyens aux rudiments de cette technologie et du codage informatique.

A l’inverse, l’Italie est la moins bien classée en 2020. Seulement 42 % des 16-74 ans - la tranche d’âge utilisée dans le DESI - maîtrisent l’ensemble des compétences de base en matière de numérique, contre 58 % dans l’UE. Un retard qui vient de loin : selon un rapport de l’OCDE paru en 2020, 40 % des individus y avaient un usage “diversifié et complexe” d’internet en 2016, avec une grande variété d’activités, alors que ce taux atteignait 80 % à la même date en Suède ou aux Pays-Bas.

De son côté, la France est à la dix-huitième place du classement DESI dans le domaine du capital humain, notamment en raison d’un score plutôt bas dans le taux d’individus ayant des “compétences numériques plus avancées”. Paris cherche cependant à changer la donne, et en particulier à préparer l’avenir en ce qui concerne l’intelligence artificielle. Des instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA) ont par exemple été lancés à Nice, à Grenoble et à Toulouse afin d’en faire des pôles de recherche et d’innovation. En matière d’éducation, l’agrégation d’informatique a été créée en 2021 et recevra ses premiers candidats dès 2022.

Utilisation d’internet par les citoyens

Ce domaine inclut la part de citoyens qui se connectent à internet au moins une fois par semaine ainsi que l’utilisation des différents services numériques comme les réseaux sociaux, l’achat en ligne ou encore la vidéo à la demande. Le rapport 2020 portant sur les chiffres de 2019, l’évolution des usages liée à la crise du Covid-19 n’a pas été prise en compte.

Là aussi, les pays nordiques sortent du lot, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark atteignant quasiment le même score dans ce domaine. Les internautes de ces quatre pays sont par exemple ceux qui consomment le plus de musique, de vidéos et de jeux en ligne.

Dans le bas du tableau, 24 % des Bulgares, 22 % des Grecs et des Portugais ainsi que 18 % des Croates n’ont jamais utilisé internet, contre à peine 2 % en Suède ou au Danemark. Si plusieurs facteurs peuvent expliquer ces chiffres, l’accès au réseau est particulièrement déterminant : les foyers grecs étant les moins couverts, la Grèce compte aussi parmi les pays comprenant le plus de personnes n’ayant jamais utilisé internet.

Les Français utilisent en moyenne moins internet que les citoyens européens, sauf dans le domaine des transactions bancaires, des achats et de la vente en ligne. La France se classe même à la dernière position en ce qui concerne les activités en ligne – une catégorie qui comprend la consultation de l’actualité, la musique, les vidéos, les jeux en ligne, les appels vidéo, les réseaux sociaux et les cours en ligne. Les internautes français sont ainsi ceux qui utilisent le moins les réseaux sociaux en Europe : 47 % d’entre eux se servent de Facebook, Instagram ou Twitter, par exemple, contre 85 % en Hongrie, premier pays sur ce critère. La pratique des appels vidéos, avec Skype ou Zoom, a cependant fortement augmenté en France entre 2018 et 2019, passant de 35 % à 53 % des internautes.

Degré de numérisation des entreprises

La numérisation des entreprises comprend deux volets. D’un côté, la part de sociétés qui ont intégré le numérique dans leurs pratiques, en utilisant par exemple le cloud, les réseaux sociaux ou encore l’analyse des données. De l’autre, la pratique de la vente en ligne.

Pour cet indicateur aussi, plusieurs pays européens connaissent un retard relatif, comme la Bulgarie, la Roumanie ou la Hongrie. A l’inverse, les entreprises finlandaises, irlandaises et maltaises sont les plus présentes en ligne : plus de 43 % d’entre elles ont un site web et/ou un compte sur un réseau social, loin devant la moyenne européenne (25 %). L’Irlande est d’ailleurs largement première concernant le e-commerce : 35 % des PME irlandaises vendent leurs produits et services en ligne, contre 18 % de celles de l’UE. Plusieurs programmes publics aident d’ailleurs les petites et moyennes entreprises à faire du commerce en ligne sur l’île (Trading Online Voucher Scheme et Pilot Online Retail Scheme).

En France également, des mesures s’appliquent spécifiquement aux PME afin de les aider à se numériser. L’initiative publique “Industrie du futur” incite les entreprises à transformer leurs modèles et la plateforme gouvernementale France Num a été lancée en 2018 afin d’accompagner les PME et les TPE dans leur transition numérique.

Services publics

Ce dernier critère du DESI 2020 intègre à la fois l’utilisation des services publics en ligne par les citoyens et l’offre de services proposée par chaque Etat (formulaires préremplis, démarches pour les entreprises, données ouvertes…).

Dans ce domaine, l’Estonie, en première position, occupe une place particulière. Près de l’ensemble de la population est équipée d’une carte d’identité numérique, qui permet de mener de nombreuses démarches administratives en ligne. Le vote électronique y est par ailleurs largement utilisé, avec 46,7 % de participation numérique lors des élections européennes de 2019. Cette habitude de l’e-gouvernement a conduit les autorités estoniennes à lancer un chatbot en mars 2020 afin de répondre aux questions des internautes concernant la pandémie de Covid-19. Toutes ces pratiques ont pour conséquence que l’Estonie a compilé un grand nombre de données : pour des raisons de sécurité, le pays balte a installé son ambassade numérique au Luxembourg dès 2017 afin d’assurer l’hébergement de données sensibles dans un autre pays, avec des garanties d’immunité. Si les systèmes étaient attaqués sur le territoire national, l’Estonie aurait ainsi toujours accès aux informations et permettrait de garantir la continuité numérique des services publics.

La Roumanie, la Grèce et la Slovaquie sont les pays dont les administrations sont les moins numérisées. En Bulgarie aussi, classée parmi les derniers sur ce critère, le plan de relance prévoit de développer une identité numérique nationale ainsi qu’une montée en puissance de l’e-justice. Quant à la France, elle a amélioré sa note par rapport à 2017, passant de 63,8 à 76,7, contre 72 pour la moyenne des 28 pays européens. Elle est en particulier à la pointe concernant les données ouvertes. Le portail data.gouv et d’autres administrations mettent de nombreuses données publiques à disposition de tous. Celles-ci permettent des applications en tout genre, telles que le développement de sites internet destinés à suivre le travail des députés ou encore à repérer où se trouvent les toilettes publiques les plus proches.

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