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Multilinguisme et plurilinguisme dans l’Union européenne

La coexistence de plusieurs langues est inhérente à la diversité culturelle de l’Union européenne. Un enjeu essentiel, alors que les progrès du numérique ouvrent aujourd’hui de nouvelles portes pour le plurilinguisme en Europe.

La coexistence de différentes langues européennes est incontournable dans le cadre de la construction de l'UE - Crédits : cybrain / iStock
La coexistence de différentes langues européennes est incontournable dans le cadre de la construction de l’UE - Crédits : cybrain / iStock

On compte 24 langues officielles dans l’UE. Ses principales institutions, parmi lesquelles la Commission européenne et le Conseil de l’UE, comptent essentiellement trois langues de travail : l’anglais, le français et l’allemand. Cependant, au Parlement européen, un multilinguisme intégral doit être assuré pour l’ensemble des séances plénières, des commissions parlementaires, des réunions des organes parlementaires… Et les documents écrits doivent également être traduits dans les 24 langues officielles.

Plurilinguisme et multilinguisme en Europe

Il faut d’abord faire la distinction entre le plurilinguisme qui désigne la compétence individuelle à savoir parler plusieurs langues et le multilinguisme qui renvoie à la coexistence de plusieurs langues dans un même espace ou dans une même communauté.

L’Union européenne est bien un espace multilingue : sa devise est “Unie dans la diversité”. Une diversité culturelle et linguistique qui se traduit notamment par la promotion du plurilinguisme comme facteur de mobilité et d’échanges. Aujourd’hui, grâce à l’innovation numérique, la traduction peut (et “doit” selon le programme de la présidence française du Conseil de l’UE) être facilitée. Concrètement, la cohésion entre les citoyens européens serait davantage une réalité si les contenus culturels, médiatiques et scientifiques devenaient systématiquement disponibles dans les 24 langues officielles de l’Union européenne.

Les nouvelles technologies du langage et de la traduction, les outils du numérique ou l’intelligence artificielle peuvent ainsi être mis au service du plurilinguisme en Europe. Lancée en novembre 2017, l’application “eTranslation” est par exemple un service de traduction automatique en ligne fourni par la Commission européenne ; cet outil permet de traduire du texte ou des documents complets d’une langue vers une autre. Dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, un exercice de démocratie participative à l’échelle de l’UE, une plateforme numérique multilingue a aussi été mise à disposition des citoyens. Les Européens peuvent ainsi débattre de nombreux sujets avec d’autres citoyens grâce à un service de traduction automatique en temps réel.

La politique linguistique européenne

Le respect de la diversité linguistique représente une valeur fondamentale de l’intégration européenne. L’article 3 du traité sur l’Union européenne (TUE) souligne que la construction européenne “respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique”. L’article 165 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) dispose que l’action de l’Union vise “à développer la dimension européenne dans l’éducation, notamment par l’apprentissage et la diffusion des langues des Etats membres”.

De même, la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, adoptée en 2000 et que le traité de Lisbonne rend juridiquement contraignante, interdit les discriminations fondées sur la langue et oblige l’Union à respecter la diversité linguistique.

Dans le cadre de son action visant à promouvoir la mobilité et la compréhension entre les cultures, l’UE a fait de l’apprentissage des langues une priorité et finance de nombreux programmes et projets dans ce domaine. L’un des objectifs de la politique linguistique de l’Union est que tous les citoyens européens maîtrisent (au moins) deux autres langues en plus de leur langue maternelle.

L’Union européenne met en pratique ce respect de la diversité linguistique en encourageant l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères ainsi que la mobilité des citoyens grâce à des programmes consacrés à l’éducation et à la formation professionnelle (comme Erasmus+). Les connaissances linguistiques sont considérées comme des compétences qu’il est souhaitable que tous les Européens acquièrent pour accroître leurs chances de formation et d’emploi, mais aussi leur cohésion et leur compréhension interculturelle.

Les institutions européennes agissent donc pour promouvoir le multilinguisme. En 2014 par exemple, dans les conclusions du Conseil de l’UE sur le multilinguisme et le développement des compétences linguistiques, les Etats membres se sont engagés à renforcer la coopération en matière de multilinguisme et à améliorer l’efficacité de l’enseignement des langues dans les écoles. Cela va dans le sens de l’objectif fixé par la Commission européenne, en coopération avec les gouvernements nationaux, qui consiste à faire en sorte que tous les citoyens européens apprennent au moins deux langues étrangères dès le plus jeune âge. Cette ambition a été confirmée dans le cadre de la proposition visant à créer un espace européen de l’éducation d’ici à 2025, afin de développer - entre autres - le multilinguisme et les mobilités au sein de l’Europe.

On peut aussi citer ici les initiatives dans le domaine des langues du Conseil de l’Europe, soutenues par l’Union. Il y a ainsi la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, traité adopté en 1992, pour protéger et promouvoir les langues historiques régionales et les langues des minorités en Europe. Le Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer (CECR) est un autre projet du Conseil de l’Europe, lancé en 2001, qui constitue désormais la référence dans l’évaluation des niveaux de maîtrise d’une langue étrangère en Europe.

Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), un forum “Innovation, technologies et plurilinguisme” s’est tenu du 7 au 9 février 2022, dont le sujet était : “le plurilinguisme dans l’environnement numérique : un enjeu de cohésion sociale et de citoyenneté européenne”. Il a réuni des acteurs français, européens et internationaux de la traduction, des technologies du langage, du numérique et de l’intelligence artificielle au service du plurilinguisme.

Les travaux de ce forum vont alimenter la réflexion des ministres européens de la culture, en vue de parvenir aux futures conclusions du Conseil de l’UE relatives au renforcement des échanges interculturels en Europe notamment par la mobilité des artistes et des professionnels de la culture, et par le plurilinguisme dans l’environnement numérique.

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