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Les diplomaties européennes se prononcent enfin sur la protection des minorités religieuses

Au lendemain de l’adoption des conclusions du Conseil des ministres des Affaires étrangères sur “l’intolérance, la discrimination et la violence fondées sur la religion ou la conviction”, le ministre français chargé des Affaires européennes Laurent Wauquiez s’est félicité de cette ” très bonne nouvelle par rapport à la dernière fois”.

Car avant d’arriver à une position commune, presque un mois se sera écoulé. A l’origine de cette initiative se trouvent Michèle Alliot-Marie et ses homologues hongrois, italien et polonais qui dans une lettre commune demandaient à l’Union Européenne des “propositions concrètes” pour mieux protéger les libertés religieuses dans le monde. Les quatre ministres réagissaient ainsi aux récentes attaques dont avaient été victimes plusieurs communautés religieuses à la fin de l’année 2010, à commencer par les chrétiens d’Egypte. Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, une bombe avait explosé devant une église copte d’Alexandrie, faisant 21 victimes et plusieurs dizaines de blessés.

Le point d’achoppement soulevé par le ministre italien Franco Frattini lors de la première réunion était l’absence de référence explicite aux communautés visées, en l’occurrence les chrétiens d’Orient. Sa proposition, soutenue par la France et la Pologne s’est heurtée à l’opposition de plusieurs pays dont la Grande-Bretagne qui craignaient une dérive vers la thèse du choc des civilisations. Faute d’un accord, la haute représentante Mme Ashton s’était contentée d’une déclaration de compromis : “nous sommes tous d’accord sur le fait que la liberté de pratiquer une religion fait partie de nos préoccupations sur les droits de l’homme et qu’il y a de vrais problèmes dans plusieurs parties du monde” , indiquait-elle, tout en renvoyant la décision à une prochaine réunion.

Assumer ses “valeurs chrétiennes”

C’est dans ce contexte que le ministre français chargé des Affaires européennes a réaffirmé les valeurs chrétiennes qui ont “façonné” le Vieux Continent et dont les Européens ne doivent pas “avoir honte” . M. Wauquiez affirme vouloir défendre “un projet de civilisation” puisant dans le christianisme, le mouvement des Lumières et le romantisme. “Que l’Europe ait des racines chrétiennes, que le mouvement de christianisation ait été une des facteurs de constitution de la conscience européenne, qui peut contester cela ? C’est absurde de contester un fait historique” , conclut-il. Ces déclarations font écho à sa prise de position très marquée de la mi-janvier dans le cadre de la polémique sur un agenda de la Commission européenne qui ne mentionnait pas les fêtes chrétiennes.

Sa ministre de tutelle Michèle Alliot-Marie assure de son côté être aussi préoccupée par le sort des chrétiens que par celui de tous les croyants : “quand je parle de liberté religieuse, cela concerne toutes les minorités religieuses et toutes les religions. La religion chrétienne, mais pas seulement” . Il faut pourtant rappeler que si la France a proposé l’asile aux victimes de l’attentat du Caire dirigé contre les coptes, cela n’a pas été le cas dans d’autres circonstances.

En tous cas, la déclaration finale adoptée le 21 février ne se focalise pas sur les seuls chrétiens, puisqu’elle fait mention des “violences et actes de terrorisme perpétrés récemment, dans différents pays, contre des chrétiens et leurs lieux de culte, des pèlerins musulmans et d’autres communautés religieuses” et les condamnent “fermement” .

Les représentants des diverses communautés attendent désormais l’annonce d’actions concrètes dans le sens de cette déclaration. La ministre des affaires étrangères propose des pistes en invitant Catherine Ashton à “étudier la possibilité d’aider concrètement les États qui le souhaiteraient. Dans le nord de l’Irak, par exemple, la zone kurde abrite un grand nombre de chrétiens qui s’y sont réfugiés depuis 2003, environ 50 000” .

Malgré sa lenteur, cette réaction européenne est néanmoins restée tristement d’actualité puisque d’autres attaques ont eu lieu depuis, comme en Irak ou des dizaines de pèlerins chiites ont trouvé la mort dans plusieurs attentats depuis le début du mois de février.

En savoir plus :

Conclusions du Conseil sur l’intolérance, la discrimination et la violence fondées sur la religion ou la conviction

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