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Les Vingt-Sept tentent de s’accorder dans la dernière ligne droite de la réforme du paquet migratoire

Les vingt-sept ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se réunissent ce jeudi 8 juin, à Luxembourg, pour tenter de trouver un accord politique sur le Pacte européen sur la migration et l’asile. Trois ans après la proposition de réforme de la Commission européenne, les Etats membres cherchent encore un équilibre entre “responsabilité” et “solidarité”.

La présidence suédoise de l’UE pense avoir trouvé un point d’équilibre satisfaisant une majorité d’Etats membres (image : la ministre de l’Intérieur allemande Nancy Faeser, à gauche, et la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, à droite) - Crédits : Alexandros Michailidis / Conseil de l’UE

L’Union européenne cherche à résoudre la quadrature du cercle sur sa question la plus viscérale, la plus clivante et la plus passionnée : l’immigration”, entame le quotidien espagnol Público. Les ministres européens de l’Intérieur se réunissent ce jeudi à Luxembourg, pour tenter de débloquer l’épineuse réforme de la politique migratoire. Celle-ci prévoit, dans les grandes lignes, “une solidarité [entre Etats membres] dans l’accueil des réfugiés […] et un examen accéléré de certaines demandes d’asile aux frontières”, explique La Croix.

Pour Le Soir, “il ne pouvait en être autrement” : depuis quelques mois, les Vingt-Sept réclament d’avancer sur ce dossier, soulignant la hausse des arrivées des migrants. Une tendance “depuis la fin de la pandémie et alors que quelque quatre millions d’Ukrainiens sont réfugiés dans l’UE”, précise La Croix.

Des solutions sont “déjà esquissées” dans le Pacte européen sur la migration et l’asile proposé par la Commission européenne en septembre 2020, indique le journal belge Le Soir. Ce paquet migratoire modifiera le règlement dit “de Dublin”, selon lequel le premier pays d’arrivée et d’enregistrement d’un demandeur d’asile est le seul responsable du traitement de son dossier. Une règle qui expose plus fortement les pays en première ligne, “connus sous le nom de Med5″ : l’Espagne, l’Italie, Malte, la Grèce et Chypre [The Guardian].

Solidarité obligatoire flexible

La présidence suédoise de l’UE “pense avoir trouvé, sur deux textes législatifs cruciaux, le point d’équilibre autour duquel une majorité qualifiée d’Etats membres pourraient se rassembler”, notent Les Echos. “Il y a une chance sur deux que nous parvenions à un accord [politique]” aujourd’hui, prévoient des sources diplomatiques [Público]. “Cela a été un marathon, et il nous reste peut-être 100 mètres”, a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson en arrivant à la réunion. “J’attends des Etats membres qu’ils fassent ces dernières mètres”, a-t-elle ajouté [La Croix].

Le premier texte du paquet migratoire, le règlement relatif à l’asile et à la gestion des migrations, fusionne les concepts “politiquement toxiques” de responsabilité et solidarité des Etats membres, selon EU Observer. En clair, les pays de première ligne seront responsables de “contrôler plus efficacement les frontières extérieures de l’Union et notamment enregistrer toutes les entrées”, expliquent Les Echos. En échange, les pays de seconde ligne devront se montrer solidaires. “Soit ils accueilleront des demandeurs d’asile sur leur territoire, soit ils acquitteront une indemnité aux pays hôtes, soit encore ils financeront des structures d’accueil”, poursuit le quotidien économique.

Les discussions “portent sur une compensation financière de l’ordre de 20 000 euros pour chaque demandeur d’asile non relocalisé”, indique La Croix. Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, réclame “une compensation financière comprise entre 30 000 et 40 000 euros” qui serait plus appropriée, explique-t-il aux Echos.

La Suède, pays exerçant la présidence du Conseil de l’UE, propose aussi de relocaliser 30 000 personnes par an. Si ces objectifs ne sont pas atteints, “les Etats membres de l’UE [devraient] assumer la responsabilité des demandeurs d’asile sur leur territoire au lieu de les renvoyer dans le premier pays d’entrée”, a déclaré une source européenne à EU Observer. Or, la relocalisation obligatoire est une ligne rouge clairement indiquée par les pays d’Europe centrale [Les Echos].

Accélérer les procédures

Des outils permettant d’analyser la capacité d’accueil des pays en première ligne sont également sur la table. Ils donneraient les moyens à ces Etats de prouver que “le verre est trop plein” et qu’ils ont donc besoin d’aide, ajoute The Guardian.

Par ailleurs, le deuxième texte soumis aux ministres prévoit une procédure accélérée d’examen des demandes d’asile “pour un certain nombre de migrants qui ne sont manifestement pas éligibles à une telle protection”, s’ils viennent d’un pays considéré comme “sûr” [La Croix]. “Et ce dans l’objectif de faciliter leur renvoi”. Dans le même temps, “l’UE s’appuie sur le renforcement des accords avec [des pays tiers] pour empêcher les gens de partir en bateau vers l’Europe”, détaille EU Observer.

De son côté, l’ONG Oxfam accuse les pays de l’UE de vouloir “échapper à leur responsabilité d’accueillir des réfugiés” [La Croix]. La conseillère en politique migratoire de l’organisation, Stéphanie Pope, estime que la procédure aux frontières est une “copie conforme du modèle défaillant observé sur les îles grecques”.

Même si les Vingt-Sept parviennent à s’entendre, ce ne sera pas la fin de l’histoire”, préviennent Les Echos. Les textes législatifs devront aussi être approuvés par le Parlement européen, durant la présidence espagnole du Conseil de l’UE qui prendra le relai début juillet. L’Espagne organise des élections nationales le mois prochain et pourrait connaitre un virage politique à droite. En outre, “il y a une volonté, dans toutes les institutions, d’aboutir avant les élections européennes de 2024″, conclut le journal.

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