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L’Euro de football : 56 ans d’histoire

L’Euro - Championnat d’Europe de football de son nom complet - n’a pas toujours eu son immense popularité actuelle. Longtemps confidentielle et destinée à devenir le pendant de la Coupe du monde, la compétition a progressivement gagné en ampleur, sportive, économique et médiatique. Elle a lieu tous les 4 ans, deux ans avant et après le Mondial.

Retour sur 56 ans d’histoire et 15 éditions de l’Euro de football.

L'Euro de football
Match Angleterre - Estonie à Wembley le 13 octobre 2007, lors des qualifications pour l’Euro 2008 - Crédits : johnthescone / FlickR CC BY 2.0

Montée en puissance progressive

4 équipes en 1960, 8 en 1980, 16 en 1996 et désormais 24 depuis cette édition 2016 organisée par la France. Le format de l’Euro de football n’a cessé d’évoluer, gagnant progressivement en importance pour renforcer le poids sportif, économique et médiatique de l’épreuve et faire face à l’arrivée de nouvelles nations à la faveur de la fin de la Guerre froide.

L’Euro voit le jour en 1960 suite à la création de l’UEFA (Union des associations européennes de football) en 1954 et reprend une idée, datant des années 1920, d’Henri Delaunay, cofondateur de la Fédération française de football et de la Coupe du monde avec Jules Rimet. Toutefois la compétition, relativement anonyme à ses débuts, ne soulève pas immédiatement les foules. Lors de la première édition, des sélections aussi importantes que celles de l’Angleterre, de l’Allemagne de l’Ouest (RFA) ou encore de l’Italie ne participent même pas à la phase éliminatoire préalable au tournoi final.

De gauche à droite : Gerd Müller, Franz Beckenbauer et Helmut Schön (entraineur) en 1974
Finale de la Coupe du monde 1974 à Munich, entre l’Allemagne de l’Ouest et les Pays-Bas. De gauche à droite Gerd Müller, Franz Beckenbauer et l’entraîneur Helmut Schön à l’issue du match - Crédits : Bert Verhoeff / Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0 NL

Il faut attendre 1980 pour que l’Euro devienne une compétition à proprement parler, avec une phase de groupes puis des matchs à élimination directe jusqu’à la finale. Remporter le tournoi devient alors une priorité pour les équipes nationales et certaines victoires, comme celles de la France en 1984 ou des Pays-Bas en 1988, ont pu compenser des échecs en Coupe du monde. D’autant qu’à partir de 1996, le format s’élargit encore, calqué sur celui du Mondial, avec un mois entier compétition et six matchs à disputer pour espérer remporter le titre. Depuis cette année, l’Euro de football comprend même 24 équipes.

Une compétition politique

A l’image des Jeux olympiques ou encore de la Coupe du monde de football, l’Euro n’est pas neutre sur le plan politique. Créé au cœur de la Guerre froide, le tournoi a même été instrumentalisé par certains pays dans le cadre de rivalités entre nations. En 1960 par exemple, lors du dernier tour de la phase éliminatoire, l’Espagne de Franco refuse de donner aux joueurs soviétiques un visa d’entrée sur le territoire ibérique. L’équipe espagnole sera alors disqualifiée, laissant la place au tournoi final à l’URSS. Tandis que quatre ans plus tard, ce sera au tour de la Grèce ne refuser d’affronter la sélection d’un pays communiste, en l’occurrence l’Albanie.

En 1992, le contexte politique est tout autre. La Guerre froide est terminée et après la chute du mur de Berlin trois ans plus tôt, les régimes communistes s’effondrent les uns après les autres. En Suède, pour la phase finale, c’est donc l’équipe de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et non plus de l’URSS qui se déplace. En outre, la Yougoslavie, devant également participer à la phase finale est disqualifiée de la compétition par l’UEFA en raison de la guerre civile qui a éclaté dans le pays quelques mois plus tôt.

Les grands vainqueurs

Sur le plan sportif, si l’Euro de football a mis plusieurs années à acquérir la popularité dont il bénéficie à l’heure actuelle, le tournoi a profité, dès les premières éditions, d’un haut niveau footballistique. A cet égard, l’un des premiers grands matchs disputés dans le cadre de cette compétition a été la finale de 1964, conclue par la victoire de l’Espagne sur l’Union soviétique par 2 buts à 1.

En 1972, c’est l’Allemagne de l’Ouest qui marque l’Euro de son empreinte, deux ans avant de rééditer la performance lors de la Coupe du monde. Surclassées, les autres nations plient sous la domination de Beckenbauer, Breitner ou Hoeness et surtout sous les buts de Gerd Müller, surnommé le Bombardier.

Michel Platini, contre l'Espagne, lors de la finale de l'Euro 1984

Autre édition marquante, particulièrement pour la France : celle de 1984, représentant certainement l’apogée de la génération des Platini, Giresse et Tigana. Lors de la phase de groupe, la France bat ses trois adversaires, dont la Belgique par 5 buts à 0. La demi-finale contre le Portugal, remportée au bout du suspense et après prolongations 3-2, et la finale contre l’Espagne, gagnée 2-0 sont, elles, rentrées dans l’histoire sportive du pays. Michel Platini marque 9 buts au cours de la compétition, record encore à battre, dont un coup-franc en finale avec la complicité du gardien Arconada, auteur d’une erreur fâcheuse. Son nom désigne encore aujourd’hui une bourde commise par un gardien de but.

Quatre ans plus tard, en 1988, c’est au tour des Néerlandais d’enfin remporter une compétition internationale après des échecs lors des coupes du monde 1974 et 1978, toutes deux perdues en finale. La génération des Marco Van Basten, Ruud Gullit et Frank Rijkaard, trois joueurs qui auront d’ailleurs évolué ensemble dans le Milan AC de Silvio Berlusconi, réussit là où l’armada de Johan Cruyff aura échoué.

Equipe des Pays-Bas en 1988
Euro 1988 en Allemagne de l’Ouest : équipe des Pays-Bas, avant son match contre l’Irlande - Crédits : Rob Bogaerts / Wikimedia commons CC0 1.0

En 2000, une autre grande génération française remporte à son tour l’Euro de football : celle de Zinedine Zidane, Thierry Henry et Didier Deschamps notamment. Portés par leur titre de champions du monde, les Français battront successivement l’Espagne, le Portugal après prolongations, et l’Italie, respectivement en quarts de finale, demi-finales, et finale. Cette dernière sera d’ailleurs conclue par un “but en or” de David Trezeguet. Cette règle, mettant directement fin au match en cas de but lors des prolongations, a depuis été abolie. Auparavant, la France avait égalisé à la dernière seconde du temps réglementaire après avoir été longtemps menée par l’Italie.

Ultime exemple, parmi d’autres, de vainqueur illustre de l’Euro : l’Espagne de 2008 et 2012 - soit la seule équipe à avoir remporté le tournoi deux fois consécutivement. La première sera particulièrement importante dans la mesure où elle met fin à plus de 40 ans sans titre pour le pays. Les héros s’appellent alors Iker Casillas, Carles Puyol, Xavi, Iniesta, ou encore Fernando Torres et David Villa, et la plupart d’entre eux seront de nouveau les artisans du doublé, quatre ans plus tard, ainsi que de la Coupe du monde 2010, également remportée.

Les surprises

L’Euro, davantage que la Coupe du monde, a aussi été le théâtre de surprises sportives mémorables, offrant l’occasion, pour des équipes souvent cantonnées aux seconds rôles, de briller. L’édition 1976 est l’un des exemples marquants de victoire d’une sélection que l’on n’attendait pas, en l’occurrence la Tchécoslovaquie. Cette dernière, après avoir éliminé l’Angleterre et le Portugal lors de la phase qualificative, a successivement battu les Pays-Bas et l’Allemagne lors du mini-tournoi final, organisé cette année-là en Yougoslavie. Deux équipes jouant alors certainement le meilleur football du moment, avec des joueurs comme Johan Cruyff et Johan Neeskens côté néerlandais et Franz Beckenbauer et Uli Hoeness côté ouest-allemand.

En 1992, la sensation est certainement encore plus forte, avec la victoire de l’équipe danoise, repêchée au dernier moment pour remplacer la sélection yougoslave, écartée du tournoi en raison de la guerre civile. Arrivée mal préparée mais relâchée en Suède, l’équipe du Danemark va battre la France lors de la phase de groupe, avant d’éliminer les Pays-Bas, favoris du tournoi, en demi-finale et de battre l’Allemagne 2-0 en finale, réussissant ainsi le coup parfait.

Enfin, l’Euro 2004 apparaît également comme l’un des exploits les plus inattendus de ces dernières années en matière sportive. La Grèce, composée d’aucun joueur particulièrement connu, va déjouer tous les pronostics et remporter le trophée. En quarts de finale contre la France tenante du titre, en demi-finale contre la République tchèque meilleure équipe du tournoi, et en finale contre le Portugal organisateur, les Grecs l’emportent par 1 à 0 grâce à une défense de fer et des contre-attaques efficaces, mettant littéralement l’Europe du football K.O.

Les joueurs qui ont marqué l’histoire de l’Euro

C’est une évidence, en football, sport collectif où les individualités sont constamment mises en avant, il n’y a pas de grand tournoi sans grands joueurs. A cet égard, l’accroissement rapide et constant de la notoriété de l’Euro est à mettre en relation avec les performances souvent excellentes des plus grandes stars du football.

Chez les gardiens de but, des performances comme celles du Soviétique Lev Yachine - seul à son poste à avoir reçu le Ballon d’or, et vainqueur de l’Euro 1960 - du Danois Peter Schmeichel (vainqueur en 1992), ou encore de l’Italien Francesco Toldo (finaliste en 2000), et d’Iker Casillas (vainqueur en 2008 et 2012) restent parmi les meilleures de l’histoire de l’Euro.

En défense, des joueurs comme l’Italien Giacinto Facchetti (vainqueur en 1968), les Allemands Franz Beckenbauer (vainqueur en 1972) et Matthias Sammer (vainqueur en 1996), ou encore le Néerlandais Frank Rijkaard (vainqueur en 1988) et les Français Thuram, Desailly, Blanc et Lizarazu (vainqueurs en 2000), ont réussi d’excellents tournois.

L'équipe d'Espagne victorieuse en 2008
L’équipe nationale espagnole, de retour à Madrid, célèbre sa victoire à l’Euro 2008 - Crédits : David Yerga / FlickR CC BY-SA 2.0

Parmi les milieux de terrain ayant marqué l’histoire du tournoi, on retiendra, entre autres, Antonin Panenka (Tchécoslovaquie, vainqueur en 1976), inventeur d’une manière de tirer un pénalty - une pichenette sans puissance au milieu du but - qui porte encore son nom aujourd’hui, Pavel Nedved (finaliste en 1996 et demi-finaliste en 2004), Theodoros Zagorakis (vainqueur en 2004), ou encore Michael Ballack (finaliste en 2008), Xavi et Andrès Iniesta (vainqueurs en 2008 et 2012), et Andrea Pirlo (finaliste en 2012).

Enfin, nombre d’attaquants illustres ont brillé à l’occasion d’un ou plusieurs Euro de football. Parmi eux, entre autres : Gerd Müller (Allemagne, vainqueur en 1972), Karl-Heinz Rummenigge (Allemagne, vainqueur en 1980), Michel Platini (France, vainqueur en 1984), Ruud Gullit et Marco Van Basten (vainqueurs en 1988), Jürgen Klinsmann (Allemagne, vainqueur en 1996), Thierry Henry (France, vainqueur en 2000), Angelos Charisteas (Grèce, vainqueur en 2004), Andrei Arshavin (Russie, demi-finaliste en 2008), Mario Balotelli (Italie, finaliste en 2012).

Quant au plus beau but de l’histoire de la compétition, il revient très certainement à Marco Van Basten, lors de la finale 1988 entre les Pays-Bas et l’Union soviétique : une reprise de volée puissante et aérienne, dans un angle extrêmement fermé.

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