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Giorgos Demosthenous : “De nos jours le trucage de matches est la plus grande menace pour le mouvement sportif”

Depuis le premier juillet, Chypre assure la présidence tournante de l’UE, succédant à la Pologne et au Danemark. Quelques jours après le Forum européen du Sport qui s’est tenu à Nicosie mi-septembre, Sport & Citoyenneté a interviewé Giorgos Demosthenous, ministre chypriote de l’Éducation et de la Culture.

Quelles sont les priorités de votre Présidence dans le domaine du sport ?

Sport & Citoyenneté



Sport et Citoyenneté est un think tank européen spécialisé dans l’étude des politiques sportives et dans la promotion des valeurs du sport comme éléments constitutifs d’une citoyenneté européenne. Fort d’un Comité Scientifique pluridisciplinaire composé d’une centaine d’experts, Sport et Citoyenneté intervient auprès des pouvoirs publics afin d’engager un dialogue civique dans le domaine du sport et de militer pour sa spécificité à l’échelle européenne, en raison de ses aspects sociaux, éducatifs et citoyens.

Giorgos Demosthenous : Nous travaillons à la fois sur l’aspect social et sur l’aspect économique du sport, en concordance avec la volonté de développer la dimension européenne du sport. Dans cette mesure, nous mettons l’accent sur cinq priorités : le sport et la santé publique, une politique du sport fondée sur des données tangibles, la lutte contre les matches truqués, le dopage et le développement d’un sous-programme européen ‘Sport’ pour le futur.

Justement, au sein du prochain cadre financier pluriannuel 2014-2020, un budget devrait être dédié au sport. Etes-vous confiant quant à l’adoption définitive de cette ligne budgétaire ?

Giorgos Demosthenous : Le sport est l’un des rares nouveaux domaines pour lesquels l’UE s’est vue attribuer une nouvelle compétence avec le traité révisé (article 165 du traité de Lisbonne). Pour qu’elle soit pleinement mise en œuvre, un programme spécifique au sport est une nécessité absolue. Ce n’est pas seulement une question financière. Le programme ‘sport’ tel que proposé actuellement par la Commission dans le cadre financier pluriannuel 2014-2020 (programme “Erasmus pour tous”) peut atteindre cet objectif.

Les actions préparatoires financées par la Commission au cours des trois dernières années ont montré que les organisations sportives pouvaient être créatives et qu’elles fournissent une valeur ajoutée non seulement pour le sport, mais aussi pour la société en général. Nous sommes convaincus que tous ces aspects positifs seront appréciés et que le budget proposé pour le sport sera maintenu.

Lors du dernier Forum européen du sport organisé à Nicosie, le premier débat portait sur un programme européen pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport. Les contributions de la Commission européenne et mais aussi celles du Parlement étaient attendues.

Parmi vos objectifs figurent aussi la mise en place d’une journée ou d’une semaine européenne du sport. Pourquoi cette proposition ?

Giorgos Demosthenous : Les preuves de la prévalence de l’inactivité physique, de la sédentarité et de l’obésité chez la population de l’UE sont de plus en plus marquées. Ceci implique d’importantes contraintes de santé publique et les stratégies de prévention sont aujourd’hui nécessaires et urgentes. À cet égard, il convient d’exploiter de nouvelles approches et possibilités de promouvoir une plus grande participation physique et sportive à travers l’Europe, afin notamment d’améliorer et de renforcer la santé publique, la participation et l’inclusion sociale.

La création et la reconnaissance d’une journée ou d’une semaine européenne du sport est basée sur plusieurs campagnes existantes, visant à accroître la sensibilisation du public pour la promotion de l’activité physique et la participation sportive dans le but d’améliorer la qualité de vie en Europe.
Nous croyons fermement que la mise en œuvre d’une telle initiative engagera non seulement la participation des individus, mais encouragera et renforcera la coopération entre les différents secteurs, publics comme privés, tels que ceux du sport, de la santé, de l’éducation, du transport, et saura emporter l’adhésion des autorités locales. La coopération de tous ces acteurs permettra de placer en tête de notre agenda politique le besoin grandissant d’activités physiques bienfaisantes pour la santé, au niveau national et européen.

Le trucage de matches est également un sujet d’actualité. A quoi peut-on s’attendre dans ce domaine sous votre présidence ?

Giorgos Demosthenous : Il n’est pas exagéré de dire que de nos jours le trucage de matches est la plus grande menace pour le mouvement sportif. Par conséquent, nous devons agir aussi rapidement et aussi efficacement que possible afin de protéger le sport. Le trucage des matchs demeure une priorité pour notre présidence. Deux actions sont prévues dans ce domaine.

Tout d’abord, nous espérons que lors de la réunion du Conseil Education, Culture, Jeunesse et Sport de novembre prochain, notre proposition pour de nouvelles Conclusions dans le domaine des matches truqués sera adoptée. Ces conclusions contiendront des propositions concrètes sur la manière de lutter contre ce problème, reposant en grande partie sur les travaux du Groupe d’experts “Bonne Gouvernance” de l’UE.

Deuxièmement, étant donné que le trucage des matches est un problème qui touche non seulement les Etats mais aussi le mouvement sportif, nous avons saisi l’opportunité du Forum européen du Sport et avons proposé une déclaration conjointe des ministres des sports et du mouvement sportif.
Le trucage des matches ne se limite pas à un sport ou à un pays. Ainsi, le seul moyen réaliste pour combattre ce problème réside dans la coopération internationale. A cet égard, l’initiative du Conseil de l’Europe est louable et nous la soutenons.

En ce qui concerne la lutte contre le dopage, vous souhaitez que l’UE agisse de manière coordonnée avec l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Est-ce une approche réalisable dans un avenir proche ? Quelle est votre position sur le problème de concilier les règles antidopage et la vie privée des athlètes ?

Giorgos Demosthenous : Nous considérons le dopage comme un grave problème de santé publique, susceptible de toucher toutes les personnes impliquées dans le sport. Par conséquent, la lutte contre le dopage est effectivement parmi nos priorités. Elle est devenue un élément de plus en plus présent dans l’agenda de l’UE et la coordination de l’UE avec l’AMA est un problème de longue date et revêt une importance primordiale. Afin d’améliorer la situation, une meilleure coordination au sein de l’UE sous l’égide du Conseil de l’Europe et le Comité ad hoc européen pour l’Agence mondiale antidopage (CAHAMA), sans empiéter sur le travail déjà en cours, pourrait être une solution. Dans cette mesure, l’UE a adopté de nouvelles règles de représentation qui seront en vigueur à partir du 1er janvier 2013.

Concernant la collecte de données par le biais de programmes antidopage, il est vrai que cela peut porter atteinte à la vie privée des athlètes, mais ces données sont nécessaires pour lutter contre le dopage en dehors des compétitions. Nous avons besoin d’une part de l’AMA et des organisations antidopage et d’autre part de règles strictes en matière de protection des données, que nous devrons impérativement suivre. La protection des données et les règles de confidentialité doivent être appliquées dans le cadre de l’acquis communautaire, mais ne jamais être utilisées pour couvrir les sportifs dopés. C’est une question complexe et délicate qui requiert notre attention, ce sujet étant en constante évolution.

Vous êtes ministre de l’Éducation et de la Culture, chargé aussi de la Jeunesse et des Sports. Quel lien voyez-vous entre ces quatre domaines ? Chypre est-elle une nation sportive ?

Giorgos Demosthenous : Education, Culture, Jeunesse et Sports partagent l’objectif commun de formation de citoyens libres et démocratiques. Ces derniers contribuent à promouvoir la coopération, la compréhension mutuelle, le respect et l’amour entre les individus et les peuples afin que la liberté, la justice et la paix prévalent. Ces quatre domaines d’action sont liés et contribuent à la vie et au bien-être de tous les citoyens.

Chypre a une histoire de plus de 3000 ans avec le sport et depuis la nuit des temps, les Chypriotes sont connus pour être sportifs. Le dernier Eurobaromètre a placé Chypre en milieu de tableau en termes de fréquence de pratique de l’activité physique et sportive. Par conséquent, nous savons qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant que nous soyons satisfaits de notre niveau sportif.

Dans le cadre de la réforme de l’éducation, le Ministère de l’Education et de la Culture (MEC) vise à l’amélioration continue de la qualité de l’enseignement dispensé. Dans cette perspective, un nouveau programme pour l’éducation physique a été conçu et est actuellement mis en œuvre. Le programme de modernisation de l’éducation physique a pour objectif de développer et d’améliorer les compétences des élèves en les incitant à participer à différentes activités physiques et sportives et à renforcer leurs compétences, leur profil social, à entretenir et développer l’esprit d’équipe, le sens de la solidarité ainsi que le respect des règles, morales et sociales.

Le MEC et Cyprus Sport Organization (organisation centrale du sport) sont engagés dans la fourniture de services de qualité (éducatifs, récréatifs et physiques) pour tous les citoyens et leurs efforts se concentrent sur la réalisation de cet objectif ambitieux. Le succès des équipes de football chypriotes en Ligue des Champions, ainsi que la première médaille chypriote aux Jeux olympiques de Londres 2012 (remportée par Pavlos Kontidis en voile) prouvent que notre soutien ainsi que nos investissements dans le sport ont des résultats positifs.

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