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Un grand hall de métal gris et de plexiglas : à coup sûr, on est face à une administration. Deux femmes s’avancent et scrutent le public. “Qui sont ces gens ?” , demande l’une d’elles. “Soyez polis avec eux, lui répond l’autre, ce sont les interprètes des langues officielles de l’Union européenne. Celui-là par exemple c’est le Suédois qui traduit l’Allemand. À côté de lui il y a le Suédois qui traduit l’Anglais, et à côté la Suédoise qui fait l’Italien. Ça c’est le Slovène qui traduit le Portugais, et ça la Française qui traduit le Castillan, elle est assise près du Polonais qui traduit le Tchèque, mais le Tchèque qui traduit du Polonais il est là-bas, loin, on leur a demandé de se mettre à côté pour simplifier mais il n’a pas compris” …
Dès les premières phrases de cette longue tirade, on comprend que communiquer à 27 n’est pas toujours aisé. Bien sûr, il y a l’anglais. Mais ici, on préfère ne pas trop en entendre parler…
L’Europe de Kafka
Dans son dernier spectacle, explicitement intitulé “L’Européenne” , David Lescot nous montre avec humour les travers et les extravagances d’une Union qui peine à résoudre ses problèmes d’ “intercompréhension” . Avec 23 langues officielles, sans même parler des langues régionales et des différences culturelles entre tous ces membres, l’UE devient, dans la pièce, une poupée de vieille femme “que l’on emmène dans une valse folle au risque de la faire claquer” .
Alors, “l’Européenne” : rêve ou réalité ? Pour son metteur en scène, il s’agit évidemment des deux à la fois, le théâtre étant un formidable moyen de donner vie à l’utopie, un laboratoire dans lequel le dialogue à 27 est soumis à l’observation. On aurait aimé que l’expérience soit poussée un peu plus loin, mais le spectacle de David Lescot, assurément, vise juste…
En savoir plus :
L’Européenne - Communiqué de presse
Commission européenne cherche Français d’urgence - Touteleurope.fr