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[Revue de presse] Crise migratoire : les Européens peinent plus que jamais à trouver des solutions communes

Le chiffre de 300 000 migrants arrivés dans l’Union européenne depuis le début de l’année, rendu public par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, nous rappelle l’urgence dans laquelle se trouve l’Union européenne dans une crise migratoire qui n’en finit pas. Alors que se tenait mardi un sommet sur les réfugiés organisé en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, où la nécessité des Etats d’agir de manière conjointe a été clairement soulignée, les Etats membres de l’UE semblent plus que jamais désunis face à la crise.

Réfugiés en Méditerranée

Une situation demeurant extrêmement préoccupante

Si le nombre de migrants entrés dans l’Union européenne pendant les neufs premiers mois de l’année a enregistré une sensible baisse par rapport à 2015, passant de 520 000 à 300 000 (-42%) selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de morts en Méditerranée n’a quant à lui pas suivi la tendance, présente France Info. En effet, 3 211 personnes ont perdu la vie ou été portées disparues en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Union européenne (seulement -15% par rapport à l’année dernière). “Avec ce taux, 2016 sera l’année la plus meurtrière pour la mer Méditerranée” , selon le porte-parole du HCR, cité par Le Figaro (avec l’AFP).

Cette baisse du nombre de migrants en 2016 ne doit donc pas faire oublier que la situation demeure une crise humanitaire d’une ampleur extraordinaire et dont l’issue est plus qu’incertaine. C’est ce qu’entend souligner François Gemenne, spécialiste des flux migratoires et professeur à Sciences Po dans une interview donnée à la RTBF : “on peut avoir l’illusion que la crise est réglée, que la crise est derrière nous. La réalité c’est qu’elle n’a jamais été aussi dense qu’aujourd’hui puisqu’alors que le nombre de traversées a diminué de plus de moitié, le nombre de morts en Méditerranée, lui, continue d’augmenter. Il y a aujourd’hui, chaque jour, 11 personnes qui meurent en tentant de traverser la Méditerranée” .

Des annonces de solidarité planétaire à l’ONU…

Des plans de solidarité globale à l’égard des migrants sont néanmoins à l’ordre du jour. Mardi, le président américain Barack Obama a salué l’initiative d’une cinquantaine d’Etats d’accueillir 360 000 réfugiés en 2017, ce qui doublerait les chiffres actuels. Toutefois aucune précision n’a été apportée quant à la répartition de ces derniers entre les différents participants de ce plan, note Le Monde.

Dans son propre discours, hier à la tribune de l’ONU, François Hollande s’est avant tout concentré sur la lutte contre les causes de la crise migratoire : “Voilà mesdames et messieurs, il ne s’agit pas simplement de savoir qui va prendre la part du fardeau, qui va accepter de répartir les réfugiés tout au long des prochaines années. Il s’agit d’organiser une véritable politique pour lutter contre les causes mêmes des mouvements de populations, des déplacements. Il s’agit de régler les crises et d’assurer le développement ; il s’agit tout simplement de ne pas subir, mais d’agir.” a-t-il déclaré [RFI].

…face à des Européens toujours incapables de faire front commun face à la crise

Plusieurs Etats européens devraient participer à cet effort mondial pour les réfugiés. Au premier rang desquels la Suède qui prévoit d’augmenter ses dépenses pour leur accueil [Les Echos], ou encore la Belgique, qui a accueilli près de 45 000 réfugiés en 2015 et 25 000 en 2016. Le Premier ministre belge Charles Michel a d’ailleurs exhorté à la solidarité lors de son intervention à l’ONU. Toutefois, comme l’indique Le Soir, les barrières physiques contre les flux de migrants ne cessent d’apparaître partout en Europe et les conditions d’accueil deviennent on ne peut plus alarmantes. C’est notamment le cas à Calais où un mur est en construction depuis hier pour empêcher les migrants d’accéder au port de la ville.

L’incendie du camp de Moria, sur l’île de Lesbos en Grèce, lundi soir, où étaient placés entre 3 000 et 4 000 migrants, est un autre symptôme de cette absence de coordination entre Européens, estime L’Opinion. Sur les îles de la mer Egée, porte d’entrée de nombreux migrants dans l’Union européenne, 13 536 personnes sont hébergées dans des camps pour seulement 7 450 places [France24].

Une crise migratoire en apparence insolvable et qui se renforce sur fond de divergences profondes entre Etats membres de l’Union européenne. La Hongrie organise à cet égard le 2 octobre un référendum sur l’acceptation ou non par les citoyens du plan de la Commission européenne de répartition des réfugiés entre Etats membres. Le Premier ministre Viktor Orban espère pouvoir se servir de la probable victoire du “non” pour défendre le concept de “solidarité flexible” au niveau européen, décrypte L’Opinion. Défendue par les Etats du groupe de Visegrad (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne), cette idée conduirait à un accueil des réfugiés sur une base uniquement volontaire, en fonction de l’expérience et des moyens de chacun.

Cette absence de prise de décisions communes dans la gestion de cette crise a conduit Matteo Renzi, président du Conseil italien, à affirmer sa totale perte de confiance en l’Union européenne dans la prise de mesures concrètes, en marge du sommet sur les réfugiés de l’ONU : “Nous avons attendu pendant des mois, j’ai entendu seulement des paroles. L’Italie est capable de se débrouiller seule, et elle fera tout son possible” , a-t-il ainsi amèrement déclaré [Les Echos].

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