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[Revue de presse] “Université Soros” : la justice européenne condamne la Hongrie

Le pays a été condamné mardi 6 octobre par la Cour de justice de l’Union européenne pour sa loi sur les universités étrangères. Une réforme qui visait tout particulièrement l’Université d’Europe centrale du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, régulièrement pris pour cible par le gouvernement de Viktor Orbán.

La Cour de justice s'est prononcée en faveur du retour de l'Université d'Europe centrale à Budapest
La Cour de justice s’est prononcée en faveur du retour de l’Université d’Europe centrale à Budapest - Crédits : Transparency International EU Office / Flickr CC BY-NC-ND 2.0

Deux ans après l’expulsion de l’Université d’Europe centrale de Budapest, la justice européenne a jugé incompatible avec le droit de l’Union européenne la réforme de l’enseignement [supérieur]” mise en œuvre en Hongrie, expliquent Les Echos. En avril 2017, le pays a en effet imposé “une refonte de l’autorisation d’installation des universités étrangères” , rappelle Le Point. Elle contraint ces dernières à disposer d’un campus et de cursus dans leur pays d’origine, ainsi qu’à “conclure une convention internationale avec l’Etat d’origine de l’établissement” , souligne Le Monde.

Or l’Université d’Europe centrale (CEU) “était la seule université étrangère dans l’impossibilité de se conformer à cette loi” , poursuit le média. Elle a donc déménagé une partie de ses activités à Vienne. Son fondateur, “le milliardaire américain d’origine hongroise George Soros” , est depuis plusieurs années la “bête noire du gouvernement Orbán” , explique Courrier International. Affichant l’objectif de “former une nouvelle génération de dirigeants attachés aux valeurs démocratiques libérales” , il est régulièrement pris pour cible par le Premier ministre hongrois “pour dénoncer l’immigration et l’ingérence étrangère” [Les Echos].

Une condamnation de plus

La Cour de justice européenne a ainsi estimé, dans un arrêt rendu le 6 octobre, “qu’exiger une convention internationale entre la Hongrie et l’Etat dans lequel l’établissement concerné a son siège revient à fausser la concurrence au profit des universités hongroises” [Les Echos]. Ce faisant, la loi hongroise se heurte “aux dispositions de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne relatives à la liberté académique, à la liberté de créer des établissements d’enseignement supérieur et à la liberté d’entreprise” , explique Ouest-France.

Ce n’est pas la première fois que la Hongrie est aux prises avec la justice européenne. Après avoir déjà condamné le pays à deux reprises pour sa politique migratoire, la Cour a dénoncé en juin dernier “les restrictions imposées par le Parlement [hongrois] au financement des ONG par des capitaux étrangers” , rappellent Les Echos. Chaque fois, si M. Orbán se fait fort de ne jamais franchir la ligne rouge consistant à ne plus respecter le droit européen, il le fait toujours avec mauvaise volonté” , souligne Le Monde. Après le verdict, la ministre hongroise de la justice Judit Varga a d’ailleurs laissé planer le doute, affirmant que “comme toujours, la Hongrie mettra en œuvre l’arrêt de la Cour de justice européenne conformément aux intérêts des Hongrois” [Le Monde].

De fait, “la Commission est susceptible d’imposer des sanctions financières à la Hongrie si celle-ci ne supprime pas sa législation” , notent Les Echos. Il n’est cependant pas certain que l’Université d’Europe centrale y rapatrie ses activités, “au vu du harcèlement juridique auquel [son recteur] fait face dans la capitale hongroise” [Le Monde]. Et s’il salue la décision de la Cour, celle-ci “arrive trop tard pour la CEU” , a déploré George Soros. “Nous ne pouvons plus retourner en Hongrie” , poursuit-il [Le Monde].

Un contexte tendu sur la question de l’état de droit

C’est une décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui vient à point nommé, alors qu’un débat sur l’état de droit fait rage au sein de l’Union” , estime toutefois Pierre Haski dans sa chronique sur France Inter. Le premier rapport de la Commission européenne sur l’état de droit dans les pays de l’UE “s’est avéré très critique pour la Hongrie et la Pologne, deux pays où les conséquences des réformes de la justice suscitent de vives inquiétudes” , note Ouest-France. Il pointe entre autres “le manque d’indépendance de la justice, la lutte insuffisante contre la corruption et des atteintes à la liberté de la presse” en Hongrie, soulignent Les Echos. Le pays fait également toujours l’objet d’une procédure pour “violation grave” des valeurs de l’Union européenne (article 7), rappelle Ouest-France.

Le quotidien rappelle aussi qu’une majorité d’Etats membres souhaitent conditionner le versement de fonds européens, et notamment du plan de relance, au respect de l’état de droit. “Le problème est que cette décision doit être adoptée à l’unanimité, et que la Hongrie, qui se sent à juste titre visée, bloque tout” , analyse Pierre Haski sur France Inter. “Viktor Orbán est devant une contradiction majeure : il fait partie d’un club dont il n’aime pas les valeurs, mais dont il apprécie les contributions nettes à son budget national ; il les apprécie tellement qu’il ne veut pas s’en priver s’il se mettait en contradiction avec ces valeurs” , conclut-il.

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