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[Revue de presse] Un report du Brexit pour éviter un no deal ?

Le Parlement britannique votera demain mardi 29 janvier sur les amendements déposés par les députés au “plan B” de Theresa May. La question de la frontière irlandaise demeure l’une des principales causes de l’impasse entre le Royaume-Uni et l’UE. Afin d’éviter une sortie sans accord, un report du Brexit pourrait être défendu par le Parti travailliste.

Un no deal pourrait conduire au rétablissement d’une “frontière dure” entre les deux Irlande, comme le mentionnent ces panneaux - Crédits : Stephen Barnes / iStock

Le sort du Brexit repose désormais en grande partie dans les mains des parlementaires britanniques. Mardi 29 janvier, ces derniers se prononceront sur les amendements relatifs au “plan B” de Theresa May pour éviter une sortie de l’Union européenne sans accord. Dévoilé le 22 janvier, ce dernier est quasiment identique au “plan A” et se résume à obtenir des concessions à la marge sur l’accord de retrait négocié avec Bruxelles en novembre, mais largement rejeté par les députés britanniques le 15 janvier. Au total, 19 amendements ont donc été déposés et c’est John Bercow, président de la Chambre des communes, qui aura la charge de désigner ceux qui seront soumis au vote.

Une nouvelle date pour le Brexit ?

Parmi ce que Les Echos décrivent comme un “brouhaha de propositions” , deux d’entre elles, jusqu’ici refusées par Theresa May, retiennent l’attention des médias.

Il s’agit premièrement de l’amendement transpartisan de la travailliste Yvette Cooper et du conservateur Nick Boles. Il s’agit du seul amendement “à vouloir faire évoluer la loi, là où les autres ne visent qu’à fixer une direction pour la suite du feuilleton” précisent Les Echos. Celui-ci impose à Theresa May de demander aux Européens un report du Brexit au 31 décembre si aucun accord de retrait n’est voté au Parlement britannique d’ici le 26 février. Le texte vise ainsi à éviter une sortie de l’UE sans accord. D’après le quotidien, l’amendement pourrait par ailleurs être soutenu par le Labour.

Nombre d’Européens se montrent toutefois sceptiques à l’égard de cette solution, qui ne serait activée que si un accord de sortie semblait réellement à même d’être conclu entre Londres et Bruxelles, empêchant effectivement un no deal. Dans une tribune pour L’Opinion, l’eurodéputé belge Guy Verhofstadt, principal représentant du Parlement européen dans le suivi du Brexit, mentionne en effet les difficultés que cela poserait quant aux élections européennes du 26 mai. Les Britanniques seraient alors tenus d’envoyer temporairement des députés à Bruxelles. Si cette situation se poursuit “pour une durée indéterminée et sans perspective claire pour une sortie ordonnée du Royaume-Uni, le jeu en vaudra-t-il la chandelle ?” , s’interroge le député, ancien Premier ministre belge.

Un autre amendement, déposé par le député conservateur europhile Dominic Grieve, vise à ce que l’exécutif accorde six jours aux députés, en février et mars, pour qu’ils débattent et votent sur de nouvelles options, “non explicitées dans l’amendement” , lit-on dans Libération. Comme une nouvelle consultation populaire sur le Brexit au Royaume-Uni ? Le parlementaire “croit en un second référendum” , car la sortie du Royaume-Uni de l’UE est selon lui “une erreur dont le caractère néfaste devient plus évident chaque jour” , cite Le Monde.

Un constat et une position par ailleurs partagés par le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, qui a déclaré dans une interview sur France Inter, dimanche 27 janvier, souhaiter que “les Britanniques revotent” . Cependant, la proposition de M. Grieve a beaucoup moins de chances d’être approuvée par les députés que celle d’un report du Brexit, estime La Tribune. “Ce scénario demeure seulement une option de second rang dans les amendements présentés mardi au Parlement” , commente ainsi le quotidien.

La frontière irlandaise divise aussi les Européens

Plus généralement, le principal point de blocage dans la validation de l’accord sur le Brexit par les Britanniques demeure la question de la frontière irlandaise. Le “backstop” irlandais, qui a conduit une majorité de parlementaires à rejeter le texte le 15 janvier, prévoit un maintien temporaire du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE si Européens et Britanniques n’arrivent pas à s’entendre, dans le cadre de leur future relation après le Brexit, pour qu’une frontière physique ne soit pas rétablie entre les deux Irlande.

Alors que l’UE a promis que la frontière entre Irlande du Nord et République d’Irlande ne serait en aucun cas rétablie, Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, a “brisé un tabou” quant à cette question, selon La Croix (avec l’AFP). M. Schinas en effet déclaré pour la première fois, mardi 22 janvier, que le retour d’une “frontière dure” était à prévoir en cas de no deal. S’il a depuis “mis de l’eau dans son vin” , soulignant que l’UE était “déterminée à faire tout ce qu’elle peut, accord ou pas accord, pour éviter le besoin d’une frontière et protéger la paix en Irlande du nord” , beaucoup d’Irlandais n’ont guère apprécié la formule initiale du porte-parole. Pour The Irish Independent, cité par La Croix, il s’agit d’un “coup de poignard dans le dos” pour “préparer Dublin à des discussions difficiles dans les semaines à venir” .

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a à son tour prévenu, vendredi 25 janvier, qu’un no deal causerait une “période de chaos” , qui pourrait conduire la présence à la frontière de “caméras, [d’]infrastructures physiques” et “éventuellement [d’]une présence de la police ou [d’]une présence de l’armée pour la seconder” .

Une perspective des plus inquiétantes pour les Irlandais des deux côtés de la frontière. En Irlande du Nord le 26 janvier, “des manifestants opposés au Brexit ont réalisé un happening afin d’alerter l’opinion sur les conséquences d’un Brexit [dur]” , rapporte Le Huffington Post. Ayant construit un mur, entouré d’hommes déguisés en soldats britanniques, les militants de l’association “Border Communities against Brexit” ont voulu dénoncer l’éventualité d’un retour d’une frontière physique, disant craindre “un regain de violence dans cette région marquée par 30 années de conflits” , relate le média.

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