Quinze jours après avoir rouvert plusieurs de leurs frontières intérieures, les 27 pays de l’Union européenne avaient jusqu’au mardi 30 juin midi pour se prononcer sur la question plus épineuse de leurs frontières extérieures. Finalisée vendredi par leurs ambassadeurs au terme de difficiles discussions, la mesure - non contraignante - prévoit d’autoriser les résidents de quinze d’Etats à se rendre en Europe dès le 1er juillet.
Bien que dans un dossier aussi délicat, “une décision à l’unanimité [soit] plus souhaitable” [Le Soir], la liste peut se contenter d’une majorité qualifiée en sa faveur, à savoir “15 États sur 27, représentant au moins 65% de la population européenne” [L’Echo]. A l’heure où nous écrivons, celle-ci n’a pas encore été officiellement validée.
Si elle l’était, l’UE ouvrirait ainsi ses frontières extérieures à une quinzaine de pays tiers, à savoir : “l’Algérie, l’Australie, le Canada, la Géorgie, le Japon, le Monténégro, le Maroc, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, la Serbie, la Corée du Sud, la Thaïlande, la Tunisie et l’Uruguay (feu vert aussi pour Andorre, Monaco, le Vatican et Saint-Marin)” [Les Echos]. La Chine figure également sur la liste, à condition qu’elle-même accueille des Européens. “Ce qui est très loin d’être acquis” , d’après les informations des Echos.
Critères sanitaires
Plusieurs critères ont dû être utilisés pour déterminer les pays concernés. “L’un d’eux exclut les pays dont le taux d’infection est supérieur à celui de la moyenne européenne” , à savoir “16 cas pour 100 000 habitants lors des deux dernières semaines” , précise le quotidien belge L’Echo. Ce qui exclut pour le moment les Etats-Unis, “pays le plus touché par la pandémie avec 2,5 millions de cas désormais. La situation sanitaire, avec d’importants rebonds de la pandémie dans certains Etats du Sud, y est jugée insatisfaisante” [Les Echos].
“Leurs niveaux d’infection - encore plus élevés en raison des pics enregistrés dans plusieurs États la semaine dernière - les placent bien en dehors des paramètres d’inclusion” , précise le Financial Times. “N’oubliez pas que les États-Unis ne sont pas ouverts aux citoyens de l’UE” , souligne par ailleurs un diplomate dans les colonnes du média britannique. Les Européens n’ont dès lors “pas souhaité jouer l’ouverture face à un Donald Trump qui durcit fortement les délivrances de visa pour les Etats-Unis” , confirment Les Echos.
“Troubles diplomatiques”
Mais c’est le cas de la Chine qui a concentré les plus grandes difficultés dans les négociations entre ambassadeurs. Malgré des doutes “émis par plusieurs Etats membres sur la fiabilité des données épidémiologiques”, ceux-ci se sont dits prêts à “rouvrir ses frontières” aux résidents du pays. Ainsi, la mise au point de cette liste avait-elle aussi une dimension “géopolitique” [Les Echos], potentiellement créatrice de “troubles diplomatiques” [Politico].
Enfin, le nombre d’Etats concernés a également suscité des tensions entre les Vingt-Sept. La Grèce a ainsi plaidé “en faveur de l’autorisation d’entrer dans le plus grand nombre de pays possible” , alors que son économie “dépend largement des visiteurs étrangers” , contrairement au Danemark et à l’Autriche “qui n’ont pas tant besoin de touristes étrangers” et souhaitaient “une liste plus courte” [Politico]. Le média bruxellois considère néanmoins que la décision des ambassadeurs est “le produit des meilleurs intérêts diplomatiques, économiques ou généraux de chacun” .
La liste doit être actualisée toutes les deux semaines, notamment pour y inclure de nouveaux pays si leur situation sanitaire s’améliore.
Mise à jour 30/06/20 : la liste des pays tiers a officiellement été adoptée par le Conseil de l’UE
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