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[Revue de presse] Rencontre Orbán-Salvini : la tentation d’une grande alliance nationaliste européenne

Le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, figure de l’extrême droite, s’est rendu à Budapest jeudi 2 mai pour y rencontrer le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Ce dernier, suspendu du Parti populaire européen (PPE, droite) depuis mars, souhaite que sa famille politique noue une alliance anti-immigration avec l’homme fort de la Ligue italienne. Sans préciser pour l’heure la forme qu’elle prendrait.

Viktor Orbán (à gauche) et Matteo Salvini (à droite) à la frontière entre la Hongrie et la Serbie le 2 mai 2019 - Crédits : compte Facebook @viktororban
Viktor Orbán (à gauche) et Matteo Salvini (à droite) à la frontière entre la Hongrie et la Serbie le 2 mai 2019 - Crédits : compte Facebook @viktororban

Moins d’un mois avant le scrutin européen du 26 mai, Viktor Orbán, chef du Fidesz, “suspendu par sa propre famille politique, le Parti populaire européen (la droite européenne)” , a rencontré, jeudi 2 mai, “l’une des figures de l’extrême droite continentale, alliée à ce stade à Marine Le Pen” [RFI].

Les deux hommes se sont notamment rendus à la frontière serbe “où ils ont inspecté la clôture anti-migrants érigée à l’initiative du Premier ministre hongrois en 2015, montant dans un mirador et survolant le dispositif en hélicoptère” , rapporte le quotidien belge Le Soir.

Ligne anti-immigration

La veille de la rencontre, le Premier ministre hongrois avait lancé un appel, dans le journal italien La Stampa, à une alliance entre le PPE et le bloc “populiste-nationaliste” du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, patron de la Ligue [Politico].

M. Orbán y a fustigé un PPE qu’il estime trop proche des partis de centre-gauche, considérant que les conservateurs européens devraient à l’inverse se rapprocher des formations politiques à leur droite, notamment sur les dossiers liés à l’immigration. “Le PPE se prépare à se suicider, s’il veut se lier à la gauche et ainsi couler avec elle” après les européennes, a-t-il ainsi fait valoir, cité par Le Monde.

Au cours de leur conférence de presse commune après leur rencontre, les deux leaders politiques ont confirmé “vouloir engager une ‘coopération’ après les européennes autour d’une ligne anti-immigration” [Le Soir]. “Nous recherchons clairement une coopération avec M. Salvini, sous une forme qui devra être définie” , a déclaré Viktor Orbán. “Je suis convaincu que l’Europe a besoin d’une alliance de partis anti-immigration” , a-t-il ajouté. En mars 2019, le chef du Fidesz avait par ailleurs affirmé qu’une “nouvelle ligne de partage a bousculé les traditionnels clivages gauche-droite, entre ceux qui soutiennent l’immigration et ceux qui ne la soutiennent pas” [La Croix].

Viktor Orbán n’a cependant toujours pas indiqué s’il souhaitait continuer de siéger avec la droite européenne du PPE à l’issue des élections européennes ou bien rejoindre le groupe de M. Salvini. Et en croire Ágoston Sámuel Mráz, directeur du think tank Nézöpont proche du pouvoir hongrois, interrogé par le journal britannique The Guardian, il y a très peu de chances que M. Orbán se décide officiellement avant le scrutin. Le chef du Fidesz devrait laisser “l’idée flotter dans l’air” et attendre ce qu’il se produira par la suite. Après le 26 mai, donc.

Quelles alliances possibles ?

Pour l’heure, le chef de file du PPE pour les européennes, l’Allemand Manfred Weber, a exclu une alliance avec la Ligue de Matteo Salvini, explique Politico.

Viktor Orbán, lui, “a toujours souhaité changer de l’intérieur la droite européenne. En vain” , rappelle Le Figaro. Et, poursuit le quotidien, “au regard des tensions croissantes avec les dirigeants du parti, il est assez peu probable qu’il y parvienne” . Dans ce cas, “sa main tendue à Salvini est-elle un coup de bluff, alors que la droite européenne aura besoin des voix du Fidesz à la fin du mois ?” , s’interroge Le Figaro. “Pas forcément” , répond le journal.

Son intérêt serait de rester à l’intérieur du PPE mais c’est devenu trop difficile pour lui” , analyse à cet égard András Bíró-Nagy, dirigeant du laboratoire d’idées Policy Solutions, interrogé par le quotidien. Ainsi, sans dire pour l’instant s’il reviendra au PPE, le Premier ministre hongrois poursuivra les discussions avec l’extrême droite européenne. La semaine prochaine, il doit aussi rencontrer Heinz-Christian Strache, leader du parti d’extrême droite autrichien FPÖ et vice-chancelier de l’Autriche [Le Figaro].

Pour sa part, Matteo Salvini a pour ambition de fédérer au maximum les nationalistes du continent européen, espérant devenir “il capitano della destra europea” , le chef de la droite européenne, rapporte L’Opinion. “Pour y parvenir, il ne ménage pas ses efforts au risque de marginaliser son alliée française, Marine Le Pen” , indique le média. Cette dernière, contrairement à d’autres leaders d’extrême droite, reste par ailleurs “persona non grata” à Budapest, son parti sentant “toujours le soufre pour les Hongrois” , selon RFI.

Le vice-Premier ministre italien “avait déjà réuni, chez lui à Milan, les dirigeants de l’extrême droite européenne - sans Marine Le Pen - pour y lancer son ‘Alliance européenne des peuples et des nations’, en passe de rassembler la plupart des partis de la droite radicale du continent” , relate L’Opinion. Mais deux grandes formations politiques manquent encore à son “tableau de chasse” : le Fidesz de Viktor Orbán et le PiS polonais, au pouvoir à Varsovie, lequel siège notamment avec le Parti conservateur britannique au Parlement européen au sein d’un groupe eurosceptique séparé.

Le 18 mai, M. Salvini tiendra un nouveau meeting souverainiste européen d’envergure, à Milan encore, où Marine Le Pen doit cette fois-ci être présente. Une réunion politique pour laquelle le chef du Fidesz n’a toujours pas précisé s’il comptait y participer [Le Soir].

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