“Le couple franco-allemand s’est remis à fonctionner” , affirme Le Temps. En invitant Emmanuel Macron ce lundi 29 juin, Angela Merkel ne s’y est pas trompée. Pour sa première rencontre physique avec un chef d’Etat étranger depuis le déconfinement, la chancelière allemande a choisi de consacrer du temps au président français. Tout sauf un hasard, analyse Le Monde, pour qui cette réunion bilatérale constitue un “message clair” envoyé à leurs partenaires européens. Un message concernant la proposition (un plan de relance de 750 milliards d’euros adossés à un nouveau budget pluriannuel de 1 100 milliards d’euros) formulée par la Commission européenne le 27 mai dernier, qui suscite des désaccords parmi les chefs d’Etat et de gouvernement européens. “M. Macron et Mme Merkel feront tout pour convaincre les pays réticents, à commencer par les Pays-Bas et les trois autres ‘frugaux’ (Autriche, Suède, Danemark) à l’adopter” , poursuit le quotidien du soir.
Un défi politique pour Angela Merkel
Les dirigeants des deux plus puissantes économies européennes sont en effet favorables, depuis de longues semaines déjà, à une relance portée par un endettement conséquent au niveau de l’Union. Ce sont même eux qui, le 18 mai dernier, avaient proposé que ce plan “soit financé par des dettes européennes mutualisées servant à financer des subventions aux pays les plus touchés par le virus” , rappelle Le Figaro avec l’AFP. Une proposition franco-allemande à hauteur de 500 milliards d’euros sur laquelle la Commission européenne s’était ensuite appuyée pour formuler sa propre proposition, réévaluée à 750 milliards. Depuis, les discussions entre les Vingt-Sept se sont avérées âpres, ce qui a poussé la chancelière Angela Merkel “à confier vendredi à plusieurs journaux européens n’avoir aucune illusion sur la difficulté des négociations à venir” , rapporte La Croix.
Pour la dirigeante allemande, dont le pays va prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne le 1er juillet, l’enjeu est de taille. En effet, en cas d’accord sur un plan de relance via un endettement européen, “la présidence allemande sera en partie couronnée de succès” , poursuit le quotidien. La chancelière, qui a d’ores et déjà annoncé “qu’elle ne sera pas candidate” à sa réélection l’année prochaine, “pense à son héritage” , analyse RFI : “auréolée par sa gestion de la crise, ultra populaire dans les sondages, la chancelière met tout son poids dans la balance” , poursuit le média.
Pression sur les Pays-Bas
Pour ce faire, elle s’appuie sur son allié traditionnel, la France. “Le tandem France-Allemagne est complémentaire, il est le rouage indispensable pour faire fonctionner l’Europe” , appuie ainsi Olivier Mazerolle sur LCI. Exemple frappant de cette complémentarité : l’attitude de Paris et Berlin à l’égard de Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, l’un de leurs plus farouches opposants sur le plan de relance. “Le 22 juin, la chancelière allemande a discuté avec (…) Mark Rutte, vingt-quatre heures avant que le président français se rende lui-même à La Haye” , rappelle Le Monde. Une “offensive” conjointe qui pousse l’Elysée à l’optimisme quant à un futur compromis d’ici au prochain Conseil européen des 17 et 18 juillet : “On est déterminé et volontaire pour obtenir un accord budgétaire en juillet” , a confié une source de la présidence française à La Croix.
Côté français, la visite aux Pays-Bas a donné quelques espoirs, suggèrent Les Echos : “Paris continue d’espérer que les pays du Nord accepteront de ne pas toucher au montant de 500 milliards de transferts budgétaires agréé avec Berlin” . Pour ce faire, l’Elysée croit tenir une piste : “Emmanuel Macron est revenu [de La Haye] avec ‘les ingrédients d’un accord’. La conditionnalité attachée à la distribution des 750 milliards d’euros aux pays les plus touchés par la pandémie en est un”, poursuit le quotidien.
Tout l’enjeu de la négociation consistera à trouver le bon équilibre “qui permette à la Commission européenne et aux Etats membres de suivre l’usage des fonds européens sans tomber dans une tutelle serrée dont les bénéficiaires, Italie en tête, ne veulent pas.” Emmanuel Macron semble également prêt à accepter le maintien de rabais pour les frugaux. Il échangera donc avec la chancelière Angela Merkel à ce sujet dans le château de Meseberg, résidence officielle du gouvernement allemand. Là encore, un choix de lieu très symbolique, puisque que c’est ici que “les deux partenaires avaient acté, il y a deux ans, un premier petit pas sur la solidarité budgétaire” en défendant “le principe d’un budget de convergence pour la zone euro” [RFI].
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