Réunis en Conseil européen mercredi 10 avril à Bruxelles, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement européens ont décidé de reporter le Brexit jusqu’au 31 octobre. L’extension est “flexible” cette fois-ci : le Royaume-Uni pourra quitter l’UE plus tôt si l’accord de sortie est ratifié par le parlement britannique avant cette date. Et si le 22 mai au soir, tel n’est pas le cas, le pays devra participer aux élections européennes. S’il ne le faisait pas, un no deal, à savoir une sortie sans accord, se produirait le 1er juin.
Unité affichée, divergences en coulisses
Si Emmanuel Macron a salué “le meilleur compromis possible” à l’issue du sommet [Europe 1 avec l’AFP], estimant que l’unité des Vingt-Sept a été préservée, le média américain Bloomberg juge au contraire que le président français s’est “mis tout le monde à dos en voulant jouer les gros durs” .
Car si le report ne semblait guère faire de doute dès l’amorce du Conseil européen, la durée du report faisait, elle, débat, menaçant la précieuse unité dont les Vingt-Sept ont jusqu’alors fait preuve dans le dossier Brexit.
La France demandait en effet plus de garanties que ses partenaires européens aux Britanniques pour leur accorder le report, afin de préserver le bon fonctionnement des institutions européennes. Une position de “fermeté” , ainsi assumée par le président français, et soutenue par la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne et Malte, a précisé l’Elysée [La Libre avec Belga]. A l’inverse, un délai courant jusqu’à la fin 2019 voire mars 2020 était soutenu par une quinzaine d’Etats membres, dont l’Allemagne, et le président du Conseil européen Donald Tusk.
Paris a finalement accepté “la solution intermédiaire du 31 octobre, juste avant l’entrée en fonction de la prochaine Commission européenne” , note La Croix depuis Bruxelles. Un compromis qui “démontre une nouvelle fois l’unité de l’Europe” , selon Angela Merkel, citée par le quotidien.
Pour le Premier ministre belge Charles Michel, les Vingt-Sept ont également fait preuve d’une “très grande unité” [La Libre avec Belga] pour proposer la nouvelle date limite du 31 octobre. A l’issue du sommet, ce dernier a par ailleurs estimé que le risque de perturbations du fonctionnement de l’UE était très limité mais demandait de la vigilance, alors que la Belgique s’était rangée derrière la position française. “Des informations techniques et juridiques apportées par la Commission ont montré que les possibilités pour le Royaume-Uni de prendre en otage les institutions de l’Union sont très réduites” , a-t-il ainsi déclaré.
Quoi qu’il en soit, “l’UE accorde au Royaume-Uni un report pour le Brexit et prévient : ‘Ne gâchez pas ce temps’ ” , rapporte la chaîne américaine d’informations en continu CNN, citant Donald Tusk, qui considère que la balle est à présent dans le camp britannique.
La satisfaction finalement affichée par les Européens quant au “compromis” trouvé n’est cependant pas partagée outre-Atlantique. Donald Trump a ainsi déploré, sur Twitter comme à son habitude, que l’Union européenne soit “si dure” avec le Royaume-Uni [20 minutes avec l’AFP].
Le Royaume-Uni “hanté par le Brexit jusqu’à Halloween”
S’ils pointent l’ “intransigeance” du président français [France 24], les médias britanniques ne manquent pas de relever que la sortie du pays est désormais prévue le jour d’Halloween. Et ce avec un certain humour en réponse au caractère toujours plus absurde de la situation du Royaume-Uni, empêtré dans cet interminable Brexit.
Ainsi, le Guardian titre avec un jeu de mots : “Le Brexit pourrait hanter le Royaume-Uni jusqu’à Halloween” . “Si vous pensiez que ce matin vous auriez une meilleure idée de si ou quand le Brexit aura effectivement lieu, repensez-y” , commente également le quotidien progressiste britannique avec une pointe d’ironie.
“Que porterez-vous pour votre fête d’Halloween-Brexit ?” , s’amuse pour sa part le Times. Le tabloïd pro-Brexit The Sun, est, en revanche, beaucoup moins d’humeur à rire de ce nouveau rebondissement. “Le Brexit ENCORE reporté jusqu’à Halloween dans l’humiliation pour May - ne partirons-nous JAMAIS ?” , s’inquiète-t-il, évoquant notamment la volonté de députés britanniques en faveur du Remain d’organiser un nouveau référendum.
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