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[Revue de presse] La Grèce prolonge le confinement des migrants mais se prépare à l’arrivée des touristes

Dimanche 7 juin, la Grèce a annoncé qu’elle prolongeait le confinement des populations de migrants jusqu’au 21 juin. Cette décision intervient en même temps que l’annonce de l’ouverture du pays au tourisme et contraste avec le déconfinement du reste du pays.

Le premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis a pris de nouvelles mesures à l'égard des réfugiés, quelques jours après avoir annoncé la réouverture des frontières pour les touristes européens
Le premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis a pris de nouvelles mesures à l’égard des réfugiés, quelques jours après avoir annoncé la réouverture des frontières pour les touristes européens - Crédits : Gouvernement grec / CC BY-ND 4.0

Les mesures contre la propagation du virus du Covid-19 sont prolongées pour les résidents des centres d’accueil et d’identification en Grèce jusqu’au 21 juin” , rapporte l’AFP [Le Figaro]. Le confinement des camps de migrants avait été déclaré le 21 mars dernier par le gouvernement, avant de se généraliser au reste du pays le 23 mars.

Mais alors que celui-ci a été levé dès le 4 mai pour le reste de la population, les mesures restrictives des camps “avai[ent] déjà été prolongé[es] à deux reprises, le 10 mai puis le 21 mai, jusqu’au 7 juin” , poursuit l’agence de presse. Une décision qui surprend et choque particulièrement certaines ONG, alors que “la Grèce a été moins touchée que ses partenaires européens par la pandémie” , et recense 180 décès liés au Covid-19 [Ouest-France avec AFP].

Doubles standards

Ces mesures contrastent avec l’annonce faite quelques jours plus tôt par le Premier ministre, sur la réouverture “[des] portes et [des] fenêtres de la Grèce, progressivement mais avec optimisme” , lançant ainsi “une campagne de promotion par le pays pour attirer les touristes” , commente l’AFP [Le Figaro]. Le pays dépend en effet largement du secteur, qui représente 20 % de son PIB [Ouest-France].

Officiellement, ces décisions ont pour but de “lutter contre la propagation du coronavirus” , rapporte RFI. Or aucune victime du Covid-19 n’a été recensée jusqu’à présent parmi l’ensemble des demandeurs d’asile, et “seulement quelques dizaines de cas ont été signalés à travers le pays” , poursuit le média. Pour le chef de mission de Médecins sans frontières en Grèce, Stéphane Obereit, le fait de “garder confinés les réfugiés […] est une forme de discrimination inacceptable, qui ne se justifie pas en termes de santé publique” [RTBF].

Sur place, les ONG et les organisations de défense des droits de l’Homme “s’inquiètent de voir les droits des migrants entravés par les restrictions imposées pour lutter contre le coronavirus” [Ouest-France] et fustigent une “politique de deux poids, deux mesures” , rapporte la RTS. “Il n’est pas logique d’accueillir sans contrôles des visiteurs qui peuvent être porteurs du virus, alors que les migrants, eux, sont contrôlés dans les camps” , dénonce ainsi le juriste de l’ONG Arsis, Vassilis Papastergiou, sur les ondes de la Radio Télévision Suisse. Philippe Leclerc, représentant de l’UNHCR en Grèce, a également demandé à Athènes “d’appliquer en matière de prévention du coronavirus la même politique aux uns et aux autres” [RTS].

Tensions politiques

Pour RFI, la raison de ce confinement prolongé est avant tout politique : “avant la crise sanitaire, la tension était vive en revanche sur plusieurs îles qui abritent des camps, en particulier à Lesbos fin février et début mars” . D’un côté, des camps surpeuplés : “plus de 33 000 demandeurs d’asile vivent dans cinq camps sur les îles de la mer Egée, dotés d’une capacité d’accueil pour seulement 5 400 personnes, et quelque 70 000 autres dans d’autres installations sur le continent” , rappelle Ouest-France. De l’autre, “une partie de la population locale [qui] exprimait alors son ras-le-bol, parfois avec violence, face à cette cohabitation forcée” , poursuit RFI.

Athènes chercherait donc à limiter les contacts entre réfugiés et locaux, et “a d’ailleurs l’intention de mettre prochainement en place de premiers centres fermés ou semi-fermés” , note le média. “La prolongation répétée du confinement […] semble ainsi s’inscrire dans une logique parallèle” .

Le gouvernement grec entend par ailleurs “poursuivre son agenda politique” visant à “durcir les procédures d’asile pour décourager les candidats, alors que les îles de la mer Egée restent submergées de migrants” , rapportent Les Echos. En parallèle, un décret a été publié demandant à 11 000 réfugiés munis d’un droit de séjour de “progressivement quitter leur lieu d’hébergement actuel” [Les Echos] dans le but de “faire de la place aux nouveaux demandeurs d’asiles” [Kathimerini]. Le journal grec, repris par Les Echos, met en garde sur les dangers que provoquent une telle politique : “D’un côté, les autorités doivent décongestionner les installations surpeuplées. De l’autre, très peu de mesures ont été prises pour intégrer les réfugiés dans le pays. Si la transition ne se fait pas en douceur, elle pourrait causer des problèmes plus importants que ceux qu’elle cherche à résoudre” .

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