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[Revue de presse] La France et l’Allemagne proposent un plan de relance inédit

Le président français et la chancelière allemande ont dévoilé lundi 18 mai une initiative commune pour relancer l’économie européenne, mise à mal par la crise du coronavirus. Parmi les propositions, la création d’un fonds d’endettement européen va à l’encontre des traditions budgétaires allemandes.

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont dévoilé hier une initiative franco-allemande pour relancer l'UE face à la crise. Ici, le président français et la chancelière allemande lors d'une conférence de presse commune en juin 2017
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont dévoilé hier une initiative franco-allemande pour relancer l’UE face à la crise. Ici, le président français et la chancelière allemande lors d’une conférence de presse commune en juin 2017 - Crédits : Flickr / European Council - CC BY-NC-ND 2.0

“Le coronavirus a fait une nouvelle victime : la frugalité allemande” . C’est en ces termes que Politico résume la portée de l’accord franco-allemand conclu ce lundi 18 mai. Principale nouveauté : la création d’un fonds de relance “entièrement financé par la dette émise par l’UE et soutenue par les 27 membres” , d’un montant de 500 milliards d’euros, détaille Politico. L’argent serait ensuite versé “par le canal du budget communautaire, aux Etats, régions et secteurs qui ont été le plus durement touchés par la pandémie” [Le Monde], sous forme de subventions.

L’Union européenne “créerait une dette commune qui serait […] remboursée non pas par le pays bénéficiaire, mais par la communauté des Etats” , opérant ainsi un “saut quantique” selon le président français [Les Echos]. En se basant pour la première fois “sur un endettement, et donc un remboursement commun”, l’initiative répond ainsi à la “demande de solidarité des pays les plus touchés par le coronavirus” résume le journaliste Pierre Haski sur France Inter. Alors que “l’Europe est divisée autour de cette question” depuis plusieurs années, et tout particulièrement depuis quelques semaines, l’accord franco-allemand permet de “sortir de l’impasse”, poursuit-il.

Virage à 180 degrés pour l’Allemagne

Vu d’Allemagne, cet accord ne représente “pas moins qu’un revirement à 180 degrés de la part du gouvernement fédéral”. Jusqu’à présent en effet, Berlin considérait que “l’argent emprunté sur les marchés pouvait au mieux être accordé sous forme de prêt et devait être remboursé à court terme” [Frankfurter Allgemeine Zeitung]. Mais “la profondeur des crises politiques et économiques déclenchées par le coronavirus”, semblent avoir convaincu la chancelière que “l’Allemagne n’avait pas d’autre choix si elle veut éviter de nouvelles fissures dans l’UE” [Politico]. Cette décision s’explique également par le fait que Berlin, “critiquée à plusieurs reprises sur la scène européenne” depuis le début de la crise, “avait besoin de se trouver des alliés”. Le pays prend en effet la présidence de l’UE à partir du 1er juillet. “Comment voulez-vous commencer une présidence de l’UE en étant isolé à ce point ? Il y avait urgence”, analyse Jens Althoff, directeur de la Fondation Heinrich-Böll dans les colonnes de Libération.

Mais ce qui a certainement accéléré le revirement de l’Allemagne, c’est la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui, dans un arrêt rendu le 5 mai, a menacé de déclarer contraire à la Constitution allemande le programme de rachat d’obligations publiques par la BCE. “Or, si la BCE intervient massivement sur les marchés depuis 2015 […] c’est en partie parce qu’il n’existe pas de politique budgétaire européenne”, dont l’Allemagne refusait le principe [Libération]. “Cette contradiction allemande a éclaté au grand jour “, obligeant l’Allemagne à “soulager la BCE en acceptant un endettement commun”, poursuit le média. Si le programme franco-allemand “était déjà en discussion avant l’arrêt de Karlsruhe” et n’en est donc pas la “conséquence directe”, selon le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag Norbert Röttgen, “les discussions ont vraiment avancé ces quinze derniers jours, et surtout la semaine dernière”, observe l’Elysée [Le Monde].

Réactions contrastées

Cette proposition, qui témoigne au passage “d’une spectaculaire relance du moteur franco-allemand” [L’Opinion], n’a pas fait l’unanimité auprès des vingt-cinq autres chefs d’Etats et de gouvernement. Si l’Espagne et l’Italie ont jugé que la décision représentait un “pas important dans la bonne direction”, les autres gouvernements ont réagi avec prudence. Les pays d’Europe de l’Est entendent veiller à ce que “cette solidarité nouvelle […] ne se fasse pas aux dépends des fonds de cohésion dont [ils] bénéficie[nt] largement” [Le Monde].

Quant aux pays du Nord, ils ont reçu la proposition franco-allemande avec “scepticisme”, préférant que tout ou partie de la somme empruntée soit “distribué[e] sous forme de prêts qui devraient être remboursés par les Etats membres bénéficiaires” [Financial Times]. Et ne se satisferont pas, poursuit le média, d’un “engagement clair des États membres à suivre des politiques économiques saines et un programme de réforme ambitieux” , comme proposé par l’initiative franco-allemande. Le chancelier autrichien a par ailleurs réagi sur Twitter en réaffirmant “qu’il ne voulait pas d’augmentation du budget de l’UE mais une redistribution de ses ressources”, et a déclaré s’être entretenu à ce sujet avec ses homologues néerlandais, danois et suédois, rapporte Le Monde.

“Un accord entre la France et l’Allemagne ne veut pas dire un accord à Vingt-Sept” , reconnaît Emmanuel Macron avant d’ajouter : “mais il n’y a pas d’accord à Vingt-Sept sans accord franco-allemand” [Le Monde]. La proposition, ainsi que celle de la Commission européenne, devra être discutée par les dirigeants européens lors du prochain sommet européen, en juin [Libération]. Elle devra enfin être approuvée par le Parlement européen, qui réclame pour sa part une relance à hauteur de 2000 milliards d’euros.

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