Un discours critiqué par la presse allemande
“Pour M. Juncker, ce mercredi a été en quelque sorte le début d’un long adieu” , pour le journal allemand de centre-gauche Süddeutsche Zeitung. La presse outre-rhin est assez critique à l’égard du président de la Commission. Dans un article éloquemment intitulé “Discours sur la situation de l’Union : beaucoup de flou, peu de nouvelles” , la version allemande d’EurActiv indique que “hormis ses appels à plus de coopération, on n’a pas entendu beaucoup d’idées stimulantes” , et ajoute que “les appels de M. Juncker sont restés vagues et généraux” . Pour le média européen, “il ne faut pas s’attendre à des avancées majeures jusqu’à la fin de la législature en mai 2019″ .
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) s’interroge aussi sur l’image de l’Europe que Jean-Claude Juncker a voulu défendre : “quand le président de la Commission européenne parle d’unité, parle-t-il de désir ou de réalité européenne ?” Pour le quotidien conservateur francfortois, “l’UE des 28 n’est pas si unie” et pas seulement à cause de la question migratoire : “le Royaume-Uni quittera bientôt l’UE. (…) Il existe également des tensions et des divisions connues entre l’Ouest et l’Est” .
M. Juncker scruté sur le Brexit
Même ton dans les quotidiens britanniques, visiblement remontés contre la tournure que les négociations sur le Brexit sont en train de prendre : “M. Juncker a méprisé la proposition de Chequers dans son discours sur l’état de l’Union” , déclare The Guardian : “son ton a été généralement maussade et il a émis des avertissements quant à une sortie sans accord et sur la question de la frontière irlandaise” . Cependant, tempère The Independent, “il a ajouté que la proposition Chequers pouvait être un ‘point de départ’ pour la future relation et que le Royaume-Uni ne sera jamais ‘un pays ordinaire’ pour l’UE” .
L’immigration au cœur de la presse italienne
D’une manière générale, la presse italienne titre pour sa part davantage sur le début d’une procédure contre la Hongrie, que les eurodéputés ont votée dans la foulée du discours de M. Juncker. La Repubblica (centre-gauche) met tout de même en avant un souhait de Jean-Claude Juncker, celui de créer 10 000 nouveaux postes de gardes-frontières, même si “l’Europe doit rester tolérante” . Le quotidien revient ensuite sur la nécessaire souveraineté européenne dans le respect du principe de subsidiarité.
Le journal Corriere Della Sera (centre-droit) évoque quant à lui la nécessité de développer de nouvelles relations avec l’Afrique. Jean-Claude Juncker “a proposé un accord de libre-échange entre les deux continents, pour donner vie à des investissements et créer des emplois sur la durée” , dans l’optique de contribuer à la gestion des flux migratoires.
Un forum UE-Afrique en Autriche
L’Autriche s’intéresse elle aussi à la thématique migratoire : “le chancelier Sebastian Kurz (ÖVP) et le vice-chancelier Heinz-Christian Strache (FPÖ) ont commenté favorablement le discours de M. Juncker” , selon le Wienerzeitung. “En particulier, le renforcement des frontières européennes et des effectifs de la l’agence Frontex a été salué devant le Conseil des ministres mercredi à Vienne” , poursuit le quotidien. Ce renforcement de l’agence est une “étape importante vers une protection adéquate des frontières extérieures de l’UE” , a déclaré le chancelier, qui soutient par ailleurs “l’intensification du partenariat avec l’Afrique” . Un forum UE-Afrique sera ainsi organisé à Vienne en décembre, rapporte le Wienerzeitung.
L’Etat de droit dans la presse polonaise
“M. Juncker : la Commission européenne résistera aux atteintes à l’État de droit” titre le quotidien polonais Gazeta Wyborzca. Le journal rappelle que les décisions de la Cour de justice de l’UE s’appliquent obligatoirement à tous les États membres. “Il n’y a pas d’Union sans État de droit” , écrit la Gazeta Wyborzca. Rzeczpospolita qui titre de son côté : “Jean-Claude Juncker abandonne la Pologne” , regrettant que le président de la Commission n’ait pas été plus offensif à l’égard du gouvernement.