Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Revue de presse

[Revue de presse] Face au Covid-19, la libre-circulation dans l’espace Schengen en question

De nombreux Etats membres ont fermé leurs frontières pour endiguer la pandémie de coronavirus qui frappe actuellement le monde et l’Europe. Des décisions déplorées par Bruxelles, bien que compatibles avec les traités européens.

La frontière franco-suisse fait l'objet de contrôles très étroits depuis la propagation de la pandémie de COVID-19, notamment pour les travailleurs transfrontaliers - Crédits anouchka / istockphoto
La frontière franco-suisse fait l’objet de contrôles très étroits depuis la propagation de la pandémie de COVID-19, notamment pour les travailleurs transfrontaliers - Crédits anouchka / istockphoto

Mesure sanitaire légitime ou repli nationaliste inquiétant ? C’est la question qui agite actuellement les Etats membres de l’Union européenne et la Norvège, intégrée à l’espace Schengen. Outre Oslo, d’autres gouvernements européens ont en effet décidé de fermer leurs frontières plus ou moins imperméablement depuis le jeudi 12 mars. La Croix en dresse la liste : Chypre, le Danemark, la Lituanie, la Slovaquie, la Pologne, la Lettonie et enfin l’Allemagne, Angela Merkel ayant annoncé dimanche 15 mars la limitation au strict minimum de la circulation à ses frontières avec la France, la Suisse et l’Autriche.

La France, qui n’a pour sa part pas décidé de fermer ses frontières, subit tout de même de nombreuses perturbations. La tenue du premier tour des élections municipales, ce dimanche, a été largement chamboulée par la pandémie et les mesures de confinement décrétées par le gouvernement [Le Monde]. Lundi 16 mars, l’ensemble des commerces non-essentiels du territoire sont fermés, et le gouvernement a appelé à la “distanciation sociale” . Le pays observe enfin un net ralentissement du trafic routier, aérien et ferroviaire, en conséquence des différentes mesures de confinement, et des fermetures décrétées par les pays voisins.

Les contrôles et fermetures des frontières, un danger potentiel

Ces fermetures de frontières déplaisent à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette dernière a réagi vendredi 13 mars, affirmant que ces blocages n’étaient “pas considérés comme très efficaces par l’OMS” et risquaient de “perturber la vie de la population et des entreprises” [La Libre / AFP]. Avant d’enfoncer le clou dimanche 15 mars, comme le rapporte Euronews : “Des milliers de conducteurs de camions et de bus sont coincés aux frontières intérieures créant de nouveaux risques sanitaires et bloquant nos chaines de distribution. […] Si nous n’agissons pas maintenant, les magasins auront des difficultés d’approvisionnement” .

C’est en effet l’enjeu principal de la gouvernance européenne de crise qui se met en place face à la pandémie de Covid-19 : coordonner les politiques des Etats membres pour endiguer l’explosion du nombre de victimes en Europe - plus de 2 000 morts selon les derniers recensements - sans ajouter au chaos ambiant. La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson a ainsi appelé à la mesure en prônant des décisions “coordonnées, opérationnelles, proportionnées et efficaces” [La Croix]. En clair, à refuser les égoïsmes nationaux.

Les fermetures de frontières déplorées par Bruxelles sont pourtant bien compatibles avec les traités, rapporte La Croix. “Les États membres de l’espace Schengen ont la possibilité de rétablir des contrôles à leurs frontières […] pour des périodes renouvelables de 30 jours renouvelables […] en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure […] selon l’article 23 du code frontières Schengen” , rappelle le quotidien. C’est néanmoins la première fois que les Etats membres font valoir ce droit pour raison sanitaire, précise-t-il.

Deuxième vague de mesures européennes

De son côté, Bruxelles tente également de trouver des réponses économiques et sanitaires à la “plus grave crise qu’a connu l’Europe depuis la Seconde guerre mondiale” , selon les mots du président du Parlement européen, David Sassoli [L’Opinion]. Après avoir annoncé le financement via des fonds publics et privés de la recherche pour trouver un vaccin, et un soutien aux entreprises touchées par la crise engendrée par la baisse d’activité, l’Union européenne a pris de nouvelles mesures vendredi 13 mars, sur les deux volets.

Sur le plan économique, la Commission a d’abord annoncé que l’UE ferait preuve d’une “flexibilité maximale” par rapport aux règles budgétaires que doivent habituellement respecter les Etats membres. Ursula von der Leyen a enchaîné en annonçant que 37 milliards d’euros déjà attribués aux Etats membres dans le cadre de la politique de cohésion seraient alloués à la lutte contre la crise sanitaire [L’Usine nouvelle]. Le même article indique également que “l’UE va apporter sa garantie à environ 8 milliards d’euros de prêts destinés à environ 100 000 PME et ETI européennes” .

Sur le plan sanitaire, Bruxelles a aussi décrété la limitation stricte des exportations de matériel médical - “masques, lunettes de protection, visières, protège visage, protections de nez et de bouche, combinaisons de protection” - hors des frontières européennes [Ouest-France], pour garantir le meilleur appui matériel possible aux équipes médicales européennes. Vendredi, une réunion des ministres européens de l’Intérieur s’est tenue pour coordonner au mieux l’action des Etats membres. Des mesures seront “finalisées et annoncées dans les prochaines heures” sur les frontières extérieures de l’Union européennes pour lutter contre le coronavirus, a indiqué l’Elysée, après une discussion ce matin entre Emmanuel Macron, Angela Merkel et les présidents du Conseil européen Charles Michel et de la Commission Ursula Von der Leyen.

Les autres sujets du jour

Etats-Unis

  • L’Union européenne déplore la décision unilatérale des Etats-Unis [RFI]

Coronavirus

Institutions

  • Comment la bulle bruxelloise se protège du coronavirus [Challenges]

Economie

  • Comment l’Union européenne veut mettre fin aux vols fantômes [L’Usine nouvelle]
  • L’Union européenne s’attend à une récession d’au mois 1% en 2020 [BFMTV]
  • En Asie et en Europe, les marchés dépriment malgré les banques centrales [Ouest-France]
  • Michelin suspend l’activité dans 21 usines en Europe [La Tribune]

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur [Revue de presse] Face au Covid-19, la libre-circulation dans l’espace Schengen en question

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide